J'ai lu beaucoup de romans du terroir de
Christian Signol ,au moins une dizaine il y a bien longtemps.
Lorsqu'hier, à la suite de rangements , j'ai retrouvé celui - là , j'ai eu envie de re- découvrir son univers .
Plus qu'un roman pour moi, l'histoire « d'
Antonin , paysan du Causse » figure à mes yeux comme le témoignage important d'une époque révolue , une lecture instructive , entre la fin du XIX° siècle et l'après deuxième guerre mondiale , Antonin est né en 1897 , mort en 1974.
L'auteur dépeint dans la première partie : les Causses , chères à son coeur, chênes nains et genévriers, maisons aux toits orangés ,murs des lauzes , pierres chaudes ,terres hautes, notes grêles des cabrettes, , fond des combes silencieuses,.
S'y ajoutent l'importance de la religion alors, les habitudes industrieuses des habitants du Bourg, , du Causse du Martel, les nombreuses corvées réservées aux femmes : préparation de la soupe au pain, lessive à la main des draps de chanvre, « Les femmes étaient dures au mal et courageuses » .
Levées à la pointe du jour, elles se couchaient tard sans jamais s'arrêter de trimer ,de la cuisine à l'étable , de l'étable aux champs et des champs aux bergeries .
Elles étaient sèches et noueuses le plus souvent , brunies par le soleil .
Les hommes étaient tisserands , paysans , balisaient les terres à l'aide de pierres , travaillaient âprement la terre et battaient le blé , chassaient , tuaient le cochon, confectionnaient les jambons , pâtés et autres cochonnailles .
On usait du Chabrot , de présages et de proverbes de l'époque , on décortiquait les noix lors de veillées traditionnelles .
Les petits plaisirs étaient magnifiés : fêtes et rencontres lors des foires .
Moeurs et religion étaient étroitement liés , sans oublier le passage des ramoneurs , des contrebandiers de tabac ou du montreur d'ours.
On travaillait dur mais on avait le bonheur de vivre chevillé au coeur …et au corps .Nul ne jalousait autrui.
Malheureusement, la grande guerre leur fera perdre à jamais le bonheur de vivre , ils allaient : à l'Image d'Antonin , revenu diminué , blessé apprendre bien vite la désespérance .
La vieille France d'hier , rude ,au mode de vie ancestral, les coutumes , croyances , façons de travailler , souvent frustres mais honnêtes disparaîtront .
Quarante hommes ne reviennent pas de la grande guerre .
Cela hâtera et sonnera la fin d'un cycle .
De brusques changements surviennent , toute une noblesse terrienne disparaît , les familles partent vers Toulouse ou Paris , ce fut la première grande mutation des campagnes .
Les peines furent trop lourdes à porter, le village perdit de son animation , s'endormît , l'exode rural de ces années - là signe la mort d'une époque .
Le village accueillera bientôt des vacanciers .
Antonin, résiste , il ne quitte pas sa terre, s'accroche à ses arpents , à ses pierres , à ses animaux après bien des désillusions .
« Là- bas où les pierres savaient chanter , elles veillaient sur lui. » .
Un livre nostalgique , passéiste , au fond , décalé , riche d'enseignements pour savoir vraiment , dans le vent bleu d'hier , d'où nous venons …
La roue du temps a basculé !
Et encore ,cet ouvrage a été écrit en 1985 , une éternité , n'est ce pas?