Imaginez-vous risquer la mort parce que vous possédez un livre ?
Porter des dizaines de kilos sur les épaules en traversant la montagne dans l'espoir d'en lire un ?
Vous faire passer pour quelqu'un que vous n'êtes pas, marcher pendant plusieurs jours pour récupérer des informations et revenir, tout raconter, pour en obtenir un ? le graal, la récompense suprême en lisant un
Balzac ?
Le livre, l'abîme dans lequel il nous plonge, le pouvoir de ses mots sont au coeur de cet ouvrage de
Dai Sijie. le livre, banni de la Chine pendant la Révolution Culturelle, en dehors du Petit Livre Rouge de Mao, le livre symbole d'espoir mais surtout de peur pour le gouvernement communiste, pour ce qu'il représente, pour ce qu'il peut amener la population à penser, et surtout, pour éviter que le peuple ne pense par lui-même et puisse un jour avoir un regard critique sur ses politiques.
Deux jeunes hommes de 17 ans, à qui ont a volé la jeunesse mais aussi l'éducation, qui auraient aimé plus que tout avoir cours au lycée mais dont le contenu était tellement vide de sens à cause de la politique qu'il en perdait tout intérêt, ces deux jeunes se retrouvent perdu à la campagne dans la montagne en rééducation. Leur faute ? Être fils de "réactionnaires", "d'anti-révolutionnaires". Être fils de dentiste et de médecin... trop intelligents et cultivés pour être de bons révolutionnaires.
Ils vont passer des mois comme
les paysans du coin, à s'ennuyer chaque jour un peu plus. Bons conteurs, ils vont avoir le privilège de pouvoir voir des films (révolutionnaires bien sûr) à la ville pour revenir ensuite les conter aux paysans du village et les distraire.
C'est ainsi qu'ils feront également la connaissance de la petite tailleuse chinoise, une jeune couturière sans culture littéraire, qu'ils subjugueront elle aussi par leur talent, et dont ils seront épris tous les deux.
L'amour des jeunes, la passion des livres, se recoupent ici et sont intimement liés. Trouver une échappatoire pendant cette période terrible, à quoi se raccrocher pour ne pas devenir fou, en cela il m'a rappelé "la rivière et son secret" de Zhu Xiaomei.