AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,83

sur 3160 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Sur ma lancée... après la lecture captivante de trois textes de Xinran, dont "Chinoises", j'ai eu envie de relire un récit personnel d'un auteur chinois, ayant vécu avec son meilleur ami, respectivement âgés de 17 et 18 ans, la "rééducation" au fin fond des campagnes chinoises. Là, il s'agissait d'un village très pauvre, isolé dans les montagnes...Les adolescents, en question, sont les enfants de cadres, l'un médecin, l'autre , dentiste...

"Deux mots sur la rééducation : dans la Chine rouge, à la fin de l'année 68, le Grand Timonier de la Révolution, le président Mao, lança un jour une campagne qui allait changer profondément le pays : les universités furent fermées, et les "jeunes intellectuels", c'est-à-dire les lycéens qui avaient fini leurs études secondaires, furent envoyés à la campagne pour être "rééduqués par les paysans pauvres" (...)
La vraie raison qui poussa Mao Zedong à prendre cette décision restait obscure (...)
Notre conclusion fut la suivante: Mao haïssait les intellectuels." (p. 13-14)

Les livres détruits, brûlés, interdiction de s'instruire...La grande ironie de "La Révolution culturelle" !!...Les seuls livres tolérés : le petit livre rouge de Mao, et les ouvrages purement scientifiques !

Un texte qui apprend de multiples détails, usages du quotidien chinois, hors des villes, dans des campagnes ignorantes du monde extérieur et de ce qui se peut se passer dans le pays même... Des mondes, univers
parallèles difficilement rejoignables...sauf dans cet épisode narré par l'auteur, où les deux jeunes gens ... pour tenter de persuader un troisième camarade
(qui possède une valise de livres interdits, cachés) de leur prêter un ou deux livres, vont récolter d'un vieux meunier isolé, des vieilles chansons traditionnelles ...[ pour rendre service à ce camarade récalcitrant... qui veut tenter , par le biais de sa mère, poétesse,
de les faire publier...]


"Souvent, après minuit, on éteignait la lampe à pétrole dans notre maison sur pilotis, et on s'allongeait
chacun sur son lit pour fumer dans le noir. Des titres de livres fusaient de nos bouches, il y avait dans ces noms des mondes inconnus, quelque chose de mystérieux et d'exquis dans la résonance des mots, dans l'ordre des caractères, à la manière de l'encens tibétain, dont il suffisait de prononcer le nom, " Zang Xiang", pour sentir le parfum doux et raffiné (...)
- Et maintenant, où ils sont , ces livres ?
-Partis en fumée. Ils ont été confisqués par les Gardes rouges, qui les ont brûlés en public, sans aucune pitié, juste en bas de son immeuble. "(p. 65)

Une relecture faite avec plus d'attention...et toujours autant de plaisir... J'avais également vu avec grand intérêt l'adaptation cinématographique de ce livre...

J'avais par contre totalement zappé la chute de ce récit...inattendue... montrant aussi que la liberté que donne les Livres, la lecture de la littérature peut faire s'envoler "votre amoureuse" , vers la ville et ses
propres rêves...!! Un livre touchant... et précieux témoignage d'une période terrible de l'histoire
chinoise !...

Commenter  J’apprécie          695
J'avais été un peu déçu par ma découverte de Dai Sijié : Par une nuit où la lune ne s'est pas levé. Une "babelionaute" m'avait alors recommandé ce titre de l'auteur. Je m'étais promis de le lire. C'est chose faite et il me faut remercier @Erveine et son conseil. Balzac et la Petite Tailleuse chinoise était un titre prometteur, il m'a tellement plus enthousiasmé. Une belle histoire, simple, très réussie, qui plonge au cœur du quotidien d'intellectuels en rééducation agraire lors de cette période troublée de la longue Histoire chinoise que fut la révolution culturelle. Malgré la rudesse d'une ruralité éloignée du progrès, la culture, que le régime de Mao combattait, résiste à l'obscurantisme, se fraye un chemin dans ce monde paysan fruste, participe de l'espoir, ouvre les âmes à l'amour et émancipe une jeune paysanne pour qui Balzac sera en quelque sorte, la pomme qu'Ève croqua. Le lecteur et l'auteur que je suis parfois ont ressenti une forte empathie pour la poésie littéraire de ce roman qui place LE LIVRE au centre et de la trame dramatique et de l'épanouissement humain.
Commenter  J’apprécie          690


Sous le joug de la Révolution Culturelle lancée par Mao Zedong, deux amis d'enfance sont astreints à rejoindre un hameau reculé de montagne dans la province du Sichuan. 

Luo et le narrateur comptent parmi les millions de zhiqing - jeunes instruits - envoyés à la campagne afin d'y être "rééduqués par les paysans pauvres". 

"Nous n'étions ni les premiers ni les derniers des cobayes utilisés pour cette grande expérience humaine."

Éloigné du berceau familial sans perspective de retour, les adolescents doivent apprendre à composer chaque jour avec l'extrême rudesse des conditions de vie mais aussi de travail. 

Pourvus d'une grande vivacité d'esprit, ils parviennent à endormir la méfiance des villageois en tirant profit de leur talent de conteur. 

Tous les livres étant interdits hormis ceux au service de la propagande communiste, qu'elle n'est pas leur joie de trouver fortuitement une valise remplie de tels trésors. 

"Nous la débarrassâmes de ses liens, et l'ouvrîmes silencieusement. À l'intérieur, des piles de livres s'illuminèrent sous notre torche électrique; les grands écrivains (...) nous accueillaient à bras ouverts (...). J'avais l'impression de m'évanouir dans les brumes de l'ivresse."

Cette découverte inespérée pourrait bien bouleverser leur existence ainsi que celle de la petite tailleuse chinoise dont ils sont amoureux …

*

Sensible, touchant et non dénué d'humour, ce roman d'apprentissage est un très bel hymne à la puissance de la littérature.

Source infinie de plaisir, d'évasion, de connaissance et formidable vecteur d'émancipation, elle a le pouvoir de transformer nos vies. Les personnages en feront ici l'inoubliable expérience. 

Si le récit retrace une période sombre de l'Histoire et nous offre par ailleurs une vision saisissante de la ruralité chinoise au début des années 70, il se focalise davantage sur leur parcours d'initiation placé sous l'influence des classiques occidentaux.

Pas à proprement parler autobiographique, Dai Sijie a toutefois entremêlé à la fiction des éléments issus de sa propre histoire. Lui-même aura connu cette jeunesse sacrifiée sur l'autel de l'idéologie maoïste.

Une lecture aussi brève que prenante à découvrir!

***

"Ouvre un livre, c'est lui qui t'ouvrira." (Proverbe chinois)
Commenter  J’apprécie          6814
Le narrateur et Luo sont deux dangereux intellectuels, coupables du double crime d'avoir terminé leurs années de collège et d'avoir des parents ennemis de la révolution. En conséquence, on les envoie en rééducation dans un petit village d'agriculteurs perdu dans les montagnes. Entre l'agriculture et le travail dangereux dans les mines de charbon, leur vie n'est pas très enviable. Seul leur talent de conteur leur permet de gagner quelque peu l'estime des villageois.

Pendant une visite chez un de leur compagnon d'infortune, le Binoclard, leur attention est attirée par une valise suspecte, qui doit contenir des livres, pourtant interdits. Un peu de chantage et de pression plus tard, un livre De Balzac tombe entre leurs mains. Cet unique livre va leur ouvrir les portes d'un univers qui leur est totalement inconnu, les seuls autorisés en Chine étant les livres d'économie marxistes. Il fera partager leurs découvertes avec la Petite Tailleuse, qui est devenue entre-temps la petite amie de Luo.

Un beau livre à découvrir, qui nous fait à la fois découvrir la vie dans une dictature, et nous force à nous interroger sur la place des livres dans la vie : seuls témoins d'une époque qui disparaîtraient avec eux, garants d'idées ou même de sentiments presque disparus.

Serions-nous les mêmes aujourd'hui si nous n'avions lu aucun livre de toute notre vie ?
Commenter  J’apprécie          610
Il est un peu difficile de rentrer dans ce roman mais une fois qu'on y arrive, le roman est très prenant.

Avec Balzac et la Petite Tailleuse chinoise, on fait la connaissance de deux jeunes garçons qui sont envoyé a la campagne par le parti de Mao pour être rééduquer. Toute culture est interdite et leur faute et d'avoir eu des parents lettrés et issu d'une bonne condition qui les ont envoyer a l'école. A la campagne, le but est donc de les faire travailler au coté des paysans. Ils vont faire la connaissance de la petite tailleuse chinoise, dont très vite, Luo, va apprécier sa compagnie.
Et puis dans le village, un autre garçon et la en rééducation, et il cache une valise pleine de livres interdits : Balzac ou encore Dumas et bien d'autres....
"Ce petit livre s'appelle "Ursule Mirouët"....
Brusquement, comme un intrus, ce petit livre me parlait de l'éveil du désir, des élans, des pulsions, de l'amour, de toutes ces choses sur lesquelles le monde était, pour moi, jusqu'alors demeuré muet."

La lecture va alors changer leur vision du monde et les faire grandir :
"Balzac lui a fait comprendre une chose: la beauté d'une femme est un trésor qui n'a pas de prix."

C'est un roman que j'ai beaucoup aimé, l'écriture de l'auteur, Dai Sijie, est agréable et rend le roman très fluide. J'ai également adoré ce voyage en Chine, pays tellement différent culturellement et politiquement.

C'était ma première rencontre avec Dai Sijie, mais certainement pas la dernière. le complexe de Di, un autre de ses romans attend bien sagement dans ma PAL, il devrait vite en sortir.
Lien : http://missmolko1.blogspot.i..
Commenter  J’apprécie          520
Un roman initiatique comme je les aime.
Il m'a fait penser à diverses reprises dans la façon de raconter (très bonne traduction au passage) au "Grand Meaulnes" et à son univers plein d'odeurs, de couleurs, de sensualité et de mystère.
Le passage à l'age adulte, à la maturité va se faire ici par le biais de la lecture et en particulier des livres De Balzac.
La symbolique du livre évolue au cours du roman :
de livre-interdit (révolution culturelle) à livre-péché (désir de transgresser l'interdit) et enfin au livre-révélateur (sensualité ,sexualité et liberté) .
J'ai beaucoup aimé ce livre et son univers envoutant.


Commenter  J’apprécie          510
Ce livre est une belle histoire, qui fait la part belle à la littérature qui vit à travers ses lecteurs, ici des jeunes gens en rééducation, même quand celle-ci est interdite.

C'est aussi l'histoire de la jeunesse et des découvertes multiples faites à cet âge là. L'amitié, les livres, l'amour.

La littérature prend sa place dans ce qu'elle permet de vivre malgré tout. Dans tous les univers qui peuvent se déployer dans notre imaginaire. Elle permet aux deux garçons de se sentir plus libres et heureux.
Il y a aussi l'amitié des deux jeunes gens qui sont enfermés dans ce lieu de rééducation aux conditions très difficiles.

Et la découverte de la liberté et de l'apprentissage de la vie.

Le récit est à la fois plein de rudesse dans la description des travaux du camp de rééducation et une vie quotidienne ennuyeuse et difficile, semé de peurs bien souvent décrites par l'intermédiaire des cauchemars. Mais nous avons aussi de l'humour, de l'amitié et de l'amour dans ce récit.

La place à la sensualité avec la petite tailleuse chinoise qui plait aux deux jeunes hommes est aussi très importante et a participé au plaisir de cette lecture.
Les personnages vont à la découverte de multiples univers, portés par les auteurs qui leur ouvrent des horizons merveilleux, loin de leur quotidien dur et ennuyeux.

Une belle lecture en compagnie de ce jeune trio

qui grâce à la littérature vont s'élever au dessus des interdits et se libérer !






Lien : https://imagimots.blogspot.c..
Commenter  J’apprécie          400
Que rajouter à ce qui a déjà été dit sur ce roman ? Je retiendrai surtout la description de la vie dans les campagnes chinoises sous la révolution culturelle. L'histoire des personnages sonne juste et fait naître suffisamment de pathos pour que l'on soit ému et touché. Comme dans toute société totalitaire, on retrouve les petits arrangements. Donnant-donnant. C'est une question de survie. L'auteur utilise le ton de la comédie pour décrire l'horreur. Peut-être, qu'un ton plus réaliste aurait mieux convenu ? Mais il s'adresse à un public français et pense certainement que la comédie convient mieux pour faire connaitre cette période à ce lectorat. Un autre point est qu'il attribue beaucoup de vertus à la littérature. Je ne suis pas sûr que les écrivains français du XIXe siècle aient autant de pouvoir. On le sent vraiment passionné.
Cependant, le rythme est enlevé et c'est une intrigue très intelligente et suffisamment surprenante pour que le lecteur passe un très agréable moment.
Commenter  J’apprécie          320
Titre intriguant que celui-ci !
Titre qui donne donc envie d'aller voir plus loin, de savoir de quoi il retourne.
Nous sommes dans les années 1970 (Ce n'est donc pas la préhistoire), deux jeunes étudiants chinois, parce qu'ils ont fils de bourgeois et qu'ils ont fait quelques études sont désignés par le régime communiste comme devant être rééduqués.
Ils partent donc travailler aux champs dans un village totalement isolé, de montagne, où les paysans et le chef du village représentant du régime, vont leur mener la vie dure.
Mais ce sera l'occasion pour eux de découvrir la vie, l'amitié, l'amour, la beauté, la jalousie, la poésie.
Ce livre est étonnant dans le réalisme cruel de la révolution culturelle et de ses suites, il laisse la place à la poésie et démontre comment la littérature peut aider à l'émancipation, à l'élévation sociale et à une forme de liberté.
C'est une lecture facile et prenante qui nous emmène dans un autre monde pourtant pas si éloigné de nous, ni en distance, ni dans le temps.
A lire absolument !
Commenter  J’apprécie          320
la littérature hélas ne sauve pas de tout mais la petite tailleuse chinoise aide à avancer, s'extasier, prendre confiance, c'est immense (c'est énaurme, ce mot existe ... cf. fabrice luchini)
Commenter  J’apprécie          320




Lecteurs (6779) Voir plus



Quiz Voir plus

Balzac et la petite tailleuse chinoise

Combien de livres se trouve dans la valise bien ficelé ?

10
4 ou 3
5 ou 6
pas précisé

8 questions
412 lecteurs ont répondu
Thème : Dai SijieCréer un quiz sur ce livre

{* *}