Relire ses classiques, revenir de temps en temps aux pères fondateurs du polar.
Simenon est l'un d'entre eux. En ouvrant
La nuit du carrefour, je me suis demandé pourquoi j'avais choisi ce titre là, qui n'est sans doute pas l'un des meilleurs
Maigret. Certainement parce que les téléfilms tirés de ce roman avec
Jean Richard ou
Bruno Cremer ont imprimé à jamais dans ma mémoire ce carrefour en pleine campagne avec ses trois constructions, ses morts, ses mystères et ses trafics. ‘Ils étaient arrivés à la hauteur de la villa des Michonnet, qui était comme une des pointes d'un triangle dont
les autres angles étaient formés d'une part par le garage, de l'autre par la maison des trois veuves'. le décor est planté, l'action peut commencer.
Un homme est retrouvé tué par balles dans la voiture de Michonnet, curieusement garée dans le garage de la maison des trois veuves, alors que la voiture de
Carl Andersen, habitant de cette maison est elle retrouvée dans le garage de Michonnet. On est confronté d'entrée de jeu à la fois à un meurtre et à un mystère: à quoi rime cette échange des voitures? Beaucoup de coups de feu vont être encore tirés dans cette histoire, faisant de nouvelles victimes.
Maigret et
Lucas enquêtent. On va faire la connaissance de tous les habitants de ce carrefour, dont certains ont des comportements curieux. Et tous mentent. Ce qui est sûr c'est que l'un d'entre eux a tué.
Ecrit en 1931, on retrouve dans ce roman les codes du polar de l'époque. D'abord le vocabulaire: ‘- Alors, on est faits? ‘dit à la cantonade un des malfrats que
Maigret vient d'arrêter. Ensuite la construction de l'intrigue avec la recherche d'indices laissés par les coupables ‘- Ce qu'on pourrait appeler l'affaires des trois fautes! dit
Maigret à
Lucas planté à côté de lui. - Lesquelles?' Et
Maigret d'énumérer les trois erreurs commises qui l'ont mis sur la piste des suspects. Et aussi, à la fin du récit, cette traditionnelle réunion des suspects et témoins - à la Hercule Poirot - où le commissaire va révéler l'enchaînement des évènements et finalement confondre les coupables.
C'est un court roman, agréable à lire, facile à suivre, avec une atmosphère de mystère, et un coup de théâtre final. On sent que
Simenon s'est fait plaisir en imaginant cette intrigue, si particulière. Et moi, j'ai pris du plaisir à relire ce roman.