Ce livre s'adresse aux enseignants mais peut aussi être utile aux parents qui veulent plonger leurs enfants dans le bain de la poésie ou même encore - comme moi - pour les adultes qui veulent mieux connaitre la poésie.
L'auteur commence par expliquer de manière très claire - tout le livre est écrit très clairement - pourquoi la poésie est si peu développée dans la société et il décortique les principaux a priori que les lecteurs ont à son propos.
La question du pourquoi alors vouloir enseigner la poésie à l'école est un véritable plaidoyer pour la poésie vécue comme un air vivifiant à respirer, une mer dans laquelle se plonger et se laisser porter, notre élément naturel que nous aurions jusqu'à là ignorer. Et là, on prend la résolution de vivre dans/de la poésie pour le reste de notre vie qu'il nous reste à vivre.
Et ça tombe bien car l'auteur nous explique alors comment faire.
La seconde partie, bien que plus axée vers les enseignants, est intéressante. L'auteur propose une pédagogie du goût de la poésie, pour ouvrir l'âme des enfants à la poésie, loin de la récitation et du par-coeur.
Le tour d'horizon de la poésie dans notre espace contemporain se termine par la revue des principales maisons d'édition, les événements et mouvements, que j'ai trouvé un peu moins intéressant.
Un livre intéressant qui donne envie - et la méthode - pour nourrir sa vie au source de la poésie.
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La poésie est importante dans ma vie et je suggère à tous, même ceux qui ne sont pas accros à la poésie, de lire ce livre. Je nourris le secret espoir que ce livre change, chez de nombreux adultes, leur vision de la poésie, hélas souvent bien abîmée par le rouleau compresseur de l'éducation nationale. Les enseignants sont peut-être les premières personnes à qui j'adresse ce conseil de lecture !
La poésie, c'est la vie !
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Le poète est au fond celui qui nous parle franchement, comme si nous étions son plus intime confident, de ce dont on ne parle jamais, dont on n'ose pas parler, de ce qui en nous voudrait se dire et n'a pas les mots : nos fragilités, nos peurs, nos désirs, nos bonheurs éphémères... Le poète dit à l'enfant qu'il a peur comme lui dans la nuit mais qu'il en convoite aussi le mystère. Il dit le plaisir secret des bras qui enlacent. Avec l'enfant, il s'étonne du bruit de la pluie dans les feuilles, de l'étrange puissance d'un mot qui blesse, d'un chant imprévu dans le matin, d'un cri dans le silence. Ah ! certes, parfois, le poète ne nous ménage pas, il va droit au but ! Il peut être celui qui vous tape sur l'épaule le matin et qui vous dit : "Alors, ta mort, tu y penses ?"
La poésie n'est pas écrite pour être expliquée et commentée. Pour le lecteur, elle est à vivre et à éprouver pour être le lieu d'une expérience, l'expérience de son propre lien au monde, des conflits qu'il engendre, de son rapport à soi et aux autres. La poésie est passionnante quand elle porte une part du mystère, qu'elle est héritière du mystère qui nous habite et qui nous entoure.
Lire chaque jour, le plus simplement et le plus souvent possible, des poèmes aux enfants, c'est cultiver leur capacité d'étonnement, c'est légitimer et valoriser un questionnement curieux du monde, c'est rendre désirable l'inconnu, passionnants le partage des points de vue sur la vie et leurs constantes métamorphoses dans le temps et l'espace.
Confronter un enfant à la poésie, ce n'est pas donner une leçon à apprendre, lui offrir du beau à admirer, lui livrer un système d'explication du monde, c'est l'exercer à la lucidité, à l'étonnement, libérer son regard et l'amener à se reconnaître tributaire d'un destin commun. C'est l'aider à croître dans son humanité.
Quand on lit un poème, il faut accepter de ne pas comprendre.
Poésie - La poésie à quoi ça sert ? - Jean-Pierre Siméon - La nuit respire