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sur 1264 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Dans toute saga de science-fiction, le plus délicat, pour nous lecteurs, est d'entrer dans l'univers proposé par l'auteur, d'assimiler le glossaire parfois inventé, de savoir apprécier les particularités sorties tout droit de son imagination. Cette découverte est facilitée lorsque la plume de l'auteur est belle, voire carrément poétique, comme c'est le cas ici avec le grand Dan Simmons.

Le tome 1 des Cantos d'Hypérion, pourtant fantastique, nous obligeait à cet effort de découverte, de compréhension et d'adhésion. le tome 2, lui, nous permet, avec bonheur et jubilation, une immersion immédiate dans ce monde incroyable, désormais familier, composé de planètes colonisées et de portes distrans permettant de voyager instantanément de l'une à l'autre (voire d'être dans un habitat où chaque pièce est en fait située sur une planète différente, une porte distrans faisant office de porte d'entrée dans chacune d'elles…A chaque pièce sa gravité, ses lumières, son ambiance…A chaque fenêtre son ciel…ces résidences multiplanétaires pour riches m'avaient tellement marquée dans le tome 1). Une oeuvre colossale, immense, nous le pressentons dans ces deux premiers tomes tant le fond et la forme sont ciselés.

Quel régal que de retrouver nos sept pèlerins s'acheminant en direction des Tombeaux du temps sur la planète Hypérion ! Sept pèlerins missionnés qui décident, le temps de ce long voyage, de raconter leur secret, leur vie, leur lien singulier avec Hypérion et ces fameux tombeaux du temps. le Premier tome des Cantos nous avait permis d'entrer ainsi dans l'intimité du père Hoyt au corps littéralement incrusté d'une croix, le colonel Kassad tombé amoureux d'une certaine Moneta, main de velours dans un gant de fer - et hérissé de piquants le fer - et le truculent poète Silénus à la muse troublante. J'avais été marquée, dans chaque récit, par ce mélange subtil de romanesque et de poésie. Et là, ce combo subtil et captivant se poursuit. A chaque pèlerin sa façon de parler, son récit épique, son secret en lien avec Hypérion permettant à chaque fois de comprendre un peu plus le mystère du Gritche, la divinité des Tombeaux du temps, et les Tombeaux du temps eux-mêmes qui semblent dériver de l'avenir pour aller vers le passé. A chaque récit sa poésie, ses réflexions philosophiques, sa part d'humanité. Chacun constitue une pièce du puzzle s'emboitant au fur et à mesure, avant l'action proprement dite qui, on le devine, arrivera plus tard, après ces deux tomes qui font les présentations (et quelles présentations ! ).

Le premier à prendre la parole est Sol, cet homme âgé venu étonnamment avec un nourrisson, une petite fille prénommée Rachel. Ce récit se déroule lors de la traversée de la mer des hautes Herbes, à bord d'un chariot à vent, et l'auteur, de sa plume poétique, nous livre des passages somptueux sur cette mer émeraude aux odeurs non pas maritimes mais d'herbes fraichement coupées. Une odeur verte qui enveloppe de douceur les propos du vieil homme. Nous découvrons, complètement sidérés, la maladie de Merlin dont souffre le bébé. Une maladie du processus de vieillissement, contractée alors qu'elle avait vingt-cinq ans sur un chantier d'archéologie dans les Tombeaux du temps précisément. Impossible de ne pas penser à Benjamin Button en lisant son histoire de vieillissement à l'envers…

« Il imaginait maintenant Rachel chevauchant la crête de l'énorme vague du temps, incapable de voir les sombres profondeurs de l'océan sous elle, gardant son équilibre grâce à ses maigres réserves de souvenirs et à son engagement total dans les douze à quinze heures de temps présent qui lui étaient dévolues chaque jour ».

Le deuxième récit prend place lors de la traversée en funiculaire au-dessus d'impressionnantes et escarpées montagnes enneigées, le massif des Chaines bridées. C'est Brawne Lamia qui parle, une détective venue d'une planète où la gravité est forte, 1,3 g, d'où son physique trapue et sa force. La seule femme du groupe avec le nourrisson. C'est un récit complexe que nous avons là, offrant de belles et profondes réflexions sur le rôle de l'Intelligence Artificielle et sur notre servitude à son égard, un discours qui nous permet de comprendre pourquoi les Tombeaux du temps représentent une déchirure dans le tissu prédictif du Technocentre, cet ensemble d'IA qui gère les flux d'informations et de données des différents mondes colonisés (il nous sera permis à un moment de voyager au coeur de cet IA, passage incroyable), et donc un danger car non contrôlé. Ces IA, capables de reconstituer la personnalité d'un poète de l'Ancienne Terre, John Keats que nous croisons donc, beau comme un ange, et même de procéder à une reconstitution emplie de mélancolie de l'Ancienne Terre sur sa fin, notamment New York.

« Les hautes tours de l'époque phallique de l'architecture urbaine s'élevaient au milieu des marécages et des lagunes du littoral nord-américain ».

Enfin le troisième récit est celui du Consul. le procédé labyrinthique que j'avais souligné lors de la critique du tome 1 est ici superbement mis en valeur puisqu'il rapporte son histoire constituée du récit de son arrière-grand-père lequel, à un moment, écoute le récit de son épouse décédée, Siri. Passé, présent, souvenirs dans les souvenirs, le procédé est vertigineux. Ce récit se déroule dans une forteresse lugubre, taillée dans la roche, emplie de signes de massacres. Et là, dans ce décor sinistre, le Consul nous immerge sur les iles mobiles de d'Alliance- Maui, dont l'une d'elle, le Site n°1, nous émerveille de sa blancheur et de ses couleurs bigarrées, de ses odeurs maritimes. Là encore Dan Simmons nous étonne par ce contraste, ces îles paradisiaques lumineuses narrées dans une forteresse lugubre…Nous verrons des personnages, un couple notamment, qui vieillissent selon des temporalités différentes (j'avais rencontré ce processus dans le récent Cantique pour les étoiles de Simon Jimenez), nous verrons comment cette planète, une fois intégrée dans l'Hégémonie, va être saccagée…

La noirceur se fait de plus en plus intense au fur et à mesure des Cantos alors que les pèlerins s'approchent des Tombeaux. le vert des Hautes Herbes ondoyantes laisse place aux montagnes brunes et blanches, escarpées et menaçantes, puis enfin au noir égayé de traces de sang rouge vif oppressant et lugubre de la forteresse. Les discours se font eux même de plus en plus sombres, à l'image de ces paysages qui leur sert de décor.
Au terme de ces six récits (si vous suivez bien, un pèlerin est en effet mort durant le voyage), nous pressentons confusément que les pèlerins ont été missionnés pour empêcher l'ouverture des Tombeaux du temps, tous ayant été impactés par ceux-ci, très intimement, dans leur chair même.

Vous l'aurez compris, la richesse des Cantos provient à la fois de la multitude des thèmes abordés (religion, robots, intelligence artificielle, amour, jeux de pouvoir, enquête policière matinée de hard SF, ethnographie…), de l'écriture poétique et délicate, d'un scénario subtil et intelligent, d'histoires dans l'histoire, multiples fleurs mis en bouquet, Dan Simmons est un cueilleur d'histoires au talent exceptionnel qui déclame chaque Cantos comme une épopée captivante. J'avais l'impression, en abordant un nouveau récit, d'ouvrir un nouveau bonbon différent du précédent dans sa couleur, son gout, sa forme. Chaque récit a une aura mystique propre et un genre bien à lui. Totalement ébahie par le foisonnement de détails et par la cohérence de l'ensemble.

Soulignons également l'inventivité de Simmons. Que ce soit les îles mobiles d'Alliance-Maui, les chariots à vent survolant la mer des Hautes Herbes, le programme de recomposition de personnalité des IA, les portes distrans, ou encore les marées anentropiques qui entourent les Tombeaux du temps, ces inventions sont étonnantes et savoureuses.

Dan Simmons place enfin la poésie et l'oeuvre de John Keats au centre de son oeuvre. Régulièrement, ses poésies sont comme chantées, clamées en un éloge sublime :

Les fanatiques ont leurs rêves, grâce auxquels ils tissent
Un paradis pour leur secte
Le sauvage également, au sommet de son sommeil
A un aperçu du Paradis.
Dommage qu'ils ne puissent tracer ni l'un ni l'autre
Sur du vélin ou sur du parchemin indien
L'esquisse d'une mélodieuse expression
Car ils vivent, rêvent et meurent dépourvus des lauriers du poète.
Seule la Poésie sait exprimer les rêves
Et sauver, par la seule magie des mots,
L'imagination du charme noir
Et de l'enchantement muet.
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Tome 2. Clôture de la présentation des personnages et mise en place de la future partie du second volet de cette aventure. Je suis ravie car c'est dans la suite du tome 1 et pour autant Simmons réussi à innover : chacune des présentations reste fascinante, aucune redondance et il maintient un style différent pour chacune tout en respectant la personnalité de chacun des narrateurs. Toutes ces mini histoires pourraient être autonomes et formées chacune une nouvelle de par leur ingéniosité (forme et fond) et malgré tout cela forme un tout qui m'enchante. Alors je vais continuer l'aventure, main dans la main avec ces héros et marcher droit vers les Tombeaux du temps. On y est presque !
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Hypérion est une oeuvre immense, un univers colossal explorant toutes les possibilités du genre de la science-fiction. Cycle plus tardif que les géniaux Cycle de Fondation ou Cycle de Dune, Hypérion s'inscrit parmi ces oeuvres marquantes et géniales de la littérature du XXe siècle.

Dan Simmons se lance dans l'écriture de l'histoire du futur de l'homme, qui a fondé un empire galactique et qui fait maintenant face à la menace des Extros. le récit tire une grande richesse de la multitude des thèmes abordés: guerre galactique, robotique, religion, jeu de pouvoir, amour, mystique et un profond engagement de l'auteur contre l'inépuisable stupidité de l'homme et son don de détruire la vie.

Grâce à sa prose délicate et à un scénario subtilement et ingénieusement construit, Simmons offre une histoire émouvante et qui absorbe totalement le lecteur dans son univers. En s'appuyant sur des personnages riches et complexes, il fonde son récit sur plusieurs mises en abîme qui ne pourraient s'exprimer les unes sans les autres et dont le subtil assemblage dépasse en beauté leur somme.

L'assurance dans l'écriture de Simmons, sa grande qualité de narration, ses nombreuses références culturelles, l'intrigue et le plan narratif parfaits, transmettent sans effort toutes les émotions du récit au lecteur et confèrent un grand plaisir de lecture. Un début si réussi ne laisse pas de doutes sur qualité du reste du cycle et ne pousse qu'a en découvrir la suite.

Ainsi, que ce soit sur le fond ou la forme, Dan Simmons a écrit un chef-d'oeuvre, un mythe, dont l'ambition et le génie l'inscrivent dans la pérennité de ce beau et inépuisable genre de la science-fiction.
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Deuxième volet d'Hypérion dévoré. L'auteur nous délivre un récit fascinant, suite logique de son exercice précédent. Dans un schéma similaire, le lecteur progresse tranquillement dans la compréhension des personnages et de leurs motivations, mais également dans celle, plus globale, des forces en présence et de leurs objectifs.

Simmons nous bombarde donc d'univers riches et incroyables, de vécus parfois bouleversants, mais systematiquement essentiels dans la construction du récit.
On navigue encore beaucoup dans le flou, on ne cligne même plus des yeux tellement la mise en place de l'intrigue est envoûtante, déterminé à en apprendre plus et vite, très vite. Les éléments s'imbriquent avec précision, nous laissant envisager une suite de très grande qualité, et curieux de savoir où tout cela va nous mener.
Mention très spéciale aux personnages, même s'ils sont évidement au centre de ces deux premiers tomes, il faut admettre que Simmons fait mouche à chaque fois.

Le premier livre nous cueillait à froid, et certains passages plus calmes que d'autres pouvaient en décourager certains. Mais le lecteur est, cette fois-ci, moins déboussolé et moins ignorant de ce qui est en train de se jouer, ceci accentuant encore plus, en ce qui me concerne, l'addictivité procurée par ce roman.
Je vais d'ailleurs y retourner, une heure que j'ai fermé le bouquin, déjà la tremblote et des sueurs froides..
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Suite excellente ! Si j'avais bien apprécié les premiers récits de nos pèlerins, j'ai été encore plus emportée par ceux de ce tome.

Cette fois-ci, les femmes sont à l'honneur car elles sont extrêmement présentes dans les récits des 3 autres pèlerins.
On découvre ainsi l'histoire de Rachel à travers celle du lettré, victime tragique des tombeaux du temps, celle de la détective qui se retrouve mêlée au monde de l'Intelligence Artificielle et enfin la belle histoire de Siri et son beau navigant de l'espace racontée par le Consul.

Ce dernier récit est celui qui m'a le plus touchée et sur différents sujets.

Beaucoup d'infos aussi avec le récit de la détective sur tout le milieu virtuel et l'IA, même si complexe pour moi (pas sûre d'avoir tout saisi sur les tenants et aboutissants).
Je ne donnerai pas plus de détails sur le contenu de ces récits car le plaisir est vraiment dans la découverte.

L'ensemble de l'univers présenté par Simmons est impressionnant et hyper bien décrit, dépaysement et voyage garanti. J'ai hâte de découvrir ce que vont devenir nos pèlerins ainsi que ce monde interstellaire menacé.

Challenge duo d'auteurs SFFF 2023 : Laurent Genefort - Dan Simmons - Prix Locus
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La Terre n'est plus qu'un souvenir, devenue planète morte à la suite d'une succession de guerres nucléaires. Les humains se sont exilés à travers la galaxie, formant deux factions distinctes ; l'hégémonie, sorte d'empire colonialiste et les extros qui refusent la domination de la première.
Loin des tempêtes qui agitent les mondes et le murmure de la guerre, Hypérion est une planète isolée. Sur ses terres fertiles reposent les Tombeaux du Temps où la toile espace-temps défie les lois de la physique. A proximité, une terrifiante créature erre : le Gritche.
C'est dans ce contexte particulier que débarquent sur Hypérion sept pèlerins, envoyés par l'Hégémonie pour surveiller les Tombeaux. Chacun d'eux a un lien avec ce lieu maudit et quelque chose à raconter.

Le tome 2 reprend exactement à la suite du premier.
Dans le premier volet, l'auteur nous introduisait rapidement les 7 pèlerins, l'univers global de son roman et les trois premiers récits qui composent les chants de Hypérion.
Dans cet opus, la découverte de l'univers se poursuit avec les quatre derniers témoignages.
Les pèlerins arrivent sur Hypérion où résonnent déjà les prémices de la guerre à venir.
Vaste échiquier politique dont le coup final doit se jouer aux Tombeaux du Temps, Hypérion rend hommage au poète John Keats, aux contes, au courage et fustige le colonialisme et ses dérives.
Si chacun des témoignages apporte une meilleure compréhension des enjeux et des forces en présence, quelques-uns m'ont plus particulièrement touchée.
L'auteur a su donner une tonalité différente à ces différents chants en fonction de la personnalité du conteur. J'ai beaucoup aimé.
Il me tarde de découvrir La Chute de Hypérion pour conclure cette saga.
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[Note : Cette critique concerne Hypérion 1 et 2 qui ne forment qu'un seul roman, les éditions Pocket ayant décidé de couper arbitrairement l'histoire en deux.]

Hypérion, planète coloniale située à l'écart des mondes de l'Hégémonie humaine, abrite les Tombeaux du Temps, mythique lieu saint empli de mystères. Alors que la guerre est sur le point d'éclater entre l'Hégémonie et les Extros, un ultime pèlerinage vers les Tombeaux est organisé. Les sept pèlerins ne se connaissent pas et, afin de comprendre pourquoi ils ont été choisis par l'église grichtèque alors qu'aucun d'entre eux n'en fait parti, ils décident de se raconter chacun à tour de rôle leur histoire.

La structure du roman est donc celle des histoires dans l'histoire. Chacune d'entre elles, très personnelles, prend place dans une intrigue aux enjeux intergalactiques. Les pèlerins occupant chacun une fonction bien différente, – il y a un soldat, un prêtre, un lettré, un poète, un templier, un consul et une détective – cela permet à Dan Simmons de nous présenter les multiples facettes de son univers.

Et cet univers est d'une incroyable richesse ! En passant d'un point de vue à l'autre, on découvre des mondes aux décors variés, de nouvelles religions, des créatures extraterrestres, de nombreux gadgets technologiques... J'ai été ébahi par ce foisonnement de détails et par la cohérence de l'ensemble. Souvent, un concept n'est que brièvement cité dans une histoire et ne sera développé que dans une autre. Ce procédé, que je trouve astucieux, facilite l'assimilation tout en aiguisant l'intérêt.

Les histoires de chaque pèlerin sont variées, et très différentes dans leur style d'écriture. Celle-ci est triste, celle-là cynique, ou bien épique ou mystérieuse, mais toutes sont passionnantes et certaines m'ont bien surprises. Comme dit précédemment, l'intrigue principale qui se dévoile progressivement prend des dimensions galactiques... Malheureusement, la fin qui n'en est pas vraiment une est frustrante au possible. Heureusement que j'ai déjà le tome suivant sous la main (enfin... les deux livres de poches correspondants) : La Chute d'Hypérion.

L'année 2018 se termine pour moi avec un magnifique roman, et a priori, 2019 devrait démarrer tout aussi bien avec sa suite.
Lien : http://lenainloki2.canalblog..
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Sur les tomes 1 et 2 ) Intégrale 1

Hypérion fait partie de ces titres avec lesquels j'ai découvert la SF au collège aux côtés de Fondation d'Asimov, Dune d'Herbert et La nuit des temps de Barjavel. Il revêt donc une place toute particulière dans ma mémoire et ma bibliothèque personnelle de SF mais je n'avais jamais osé le relire de peur de ne pas aimer autant ou de découvrir qe mes souvenirs s'étaient galvaudés avec le temps. Mais l'an passé, j'ai décidé de petit à petit relire, à raison d'un tome par moi, les titres cultes de ma bibliothèque. Ayant terminé, La roue du temps il y a peu, que j'ai beaucoup aimé relire, j'étais rassurée. Il ne me restait plus qu'à me lancer, chose faite désormais. Et verdict ? Je pense que j'ai encore plus aimé qu'autrefois !

Lors de ma première lecture, il devait me manquer beaucoup de codes de lectures, car la plume et l'univers imaginés par Dan Simmons sont très riches, et adolescent, on ne peut pas tout connaître. Ma relecture fut donc encore meilleure que je ne le pensais. J'avais en plus encore en mémoire plusieurs éléments de l'intrigue que je me suis plu à retrouver au fil des pages. Cette redécouverte fut donc un moment magique pour moi.

Dan Simmons est un auteur protéiforme, qui a écrit aussi bien de la SF, de l'horreur, du fantastique que du policier. Tout cela se retrouve dans Hypérion, cette saga publiée originellement en 4 tomes (2 consacrés à Hypérion et 2 consacrés à Endymion, sa suite), mais que j'ai découvert dans sa version découpée par Pocket à l'époque.

Dans ce texte, l'auteur s'amuse avec les mots, les ambiances, les tons, les personnages, pour proposer une vaste fresque dont on ne découvre les clés qu'au fur et à mesure de l'aventure vécue par les personnages. C'est jouissif ! Surtout qu'il ne prend pas les lecteurs pour des imbéciles et qu'il développe donc un univers riche et fourni mais aussi complexe en maniant de bons vieux termes de Hard SF. Il a reçu pour cela le prix Hugo du meilleur roman 1990 et le prix Locus du meilleur roman de science-fiction 1990.

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Replaçons un peu l'histoire...

Dans cette fresque, Dan Simmons se place au XXVIIIe siècle, dans un univers où l'humanité a essaimé aux quatre coins des galaxies. L'Hégémonie, confédération qui gère les planètes colonisées par l'Homme, est en proie aux menaces des Extros, un groupe d'humains rebelles pourvu d'une vaste flotte. le lieu de toutes les tensions est la planète Hypérion, dans laquelle repose les mystérieux Tombeaux du Temps, qui, bloqués dans un espace-temps différent qui va à rebours, sont sur le point de s'ouvrir et de libérer le terrible Gritche, un géant recouvert de piquants métalliques, qui est perçu par beaucoup comme un dieu sanguinaire venu pour faire expier aux humains leurs péchés.

Dans l'espoir de sauver l'humanité, la Présidente de l'Hégémonie, décide d'envoyer sept pèlerins sur Hypérion pour qu'ils y rencontrent le Gritche et empêchent l'ouverture des Tombeaux du Temps. Il y a le père Lenar Hoyt, le colonel Kassad, le poète Martin Silenus, la détective Brawne Lamia, le Consul, l'universitaire Sol Weintraub, et le templier Het Masteen. Mais la légende dit que sur les sept pèlerins, six seront sacrifiés au Gritche, tandis que le dernier survivant, l'Élu, verra son voeu exaucé. Avec des motivations et des origines très différentes, les sept hommes et femmes vont d'abord tenter mieux se connaître en se racontant tour à tour un épisode de leur vie expliquant ce qui les lie à Hypérion.

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Tout ceci peut paraître très complexe mais quand on suit le récit de Dan Simmons tout coule de source, tout se dévoile au fil du récit de chacun des sept pèlerins et tout apparaît limpide (ou presque) à la fin de ce premier tome. On a découvert qui était chacun des héros, j'y reviendrai. On a découvert quelles étaient les puissances qui entraient en action. On a découvert une partie des enjeux derrière. Et on a compris dans quel univers on se trouvait. C'est assez fabuleux quand on voit la richesse de celui-ci et des éléments qui le composent. Dan Simmons est vraiment un grand conteur.

Et quand je dis grand conteur, je n'exagère pas. A chaque récit d'un pèlerin, il adopte un style différent. Ainsi, avec le père Lenar Hoyt, tel un roman picaresque horrifique, on découvre un prêtre catholique, qui a vu l'enfer. Avec le colonel Kassad, dit le Boucher de Bressia, on a droit à un récit onirique et fantastique digne d'un Roméo et Juliette science-fictionnesque où le héros est à la recherche d'un rêve, comme dans Blade Runner. Pour Martin Silenus, qui a connu la Vieille Terre et perdu les mots, nous sommes en plein drame personnel mais mâtiné de poésie tel celui dont il porte la mémoire. Plus évident, avec la belle détective Brawne Lamia, qui a aimé un John Keats synthétique, c'est le polar qui est à l'honneur. le Consul qui a régné sur Hypérion, nous propose lui un récit politique et romantique dramatique. Sol Weintraub, l'érudit, dont la fille perd des années, m'a donné l'impression d'être en train de relire Benjamin Button. Enfin, le Gritch, lui, est une créature, certes métallique, mais qui pourrait tout droit provenir de l'imagination de Lovecraft, tant elle est effrayante. Vous l'aurez compris, Dan Simmons se fait plaisir et s'amuse à jouer avec les styles et les ambiances. Il n'est pas auteur de SF, d'horreur, de fantastique et de policier pour rien.

Pour ma part, j'ai adoré ce jeu. J'ai eu l'impression de lire plein de récits dans le récit. En plus, à chaque fois l'auteur se débrouille pour apporter de nouvelle révélation sur l'univers qui entoure ses pèlerins et faire ainsi découvrir au lecteur dans quel vaste histoire il se trouve. C'est passionnant ! J'ai aimé chacun de ces récits de vie dramatiques. J'ai aimé chacune des ambiances. J'y ai retrouvé des influences allant de la tragédie grecque à la mythologie égyptienne, en passant par des auteurs comme K. Dick, Frank Herbert, Agatha Christie ou Francis Scott Fitzgerald et j'en oublie certainement tout plein !

Cependant ce premier tome assez long, plus de 600 pages très denses aussi bien en histoire de vie qu'en aventure et construction de l'intrigue principale ainsi qu'en exposition de l'univers, n'est qu'un point de départ. L'aventure est à peine lancée. On a juste assisté au voyage des futurs héros et à l'explication de leur présence ici. Tout reste encore à faire mais c'est déjà passionnant et on ne voit pas le temps passer. La narration est fluide. le récit est rythmé. La plume est accessible malgré les termes techniques et les concepts scientifiques utilisés. Pas besoin de glossaire ou notes en bas de page pour se faire comprendre ici, avec un grand auteur comme lui, on comprend tout grâce au sens général de ce qu'il écrit et c'est génial. C'est ce genre de SF que j'aime personnellement !

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Ainsi ma relecture d'Hypérion confirme parfaitement le statut culte que j'attribuais à cette saga depuis sa première lecture dans mon adolescence. C'est terriblement inventif tout en utilisant à merveille de grands classiques universels. C'est dense mais entraînant. Les personnages sont extrêmement bien construits tout comme leur histoire et celle plus vaste dans laquelle ils s'inscrivent. L'ambiance est travaillée et nous entraîne petit à petit de plus en plus dans cette horrible drame qui s'écrit sous nos yeux. Les propos philosophiques poussent le lecteur à réfléchir à tout un tas de notion : amour romantique, foi, évolution de l'homme, amour filial, passion pour son métier ou son art, ambitions carriéristes, limites entre le réel et le rêve, etc. C'est extrêmement riche et l'auteur transmet ça avec beaucoup de finesse et de facilité. Fascinant et génial !
Lien : https://lesblablasdetachan.w..
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Une saga exceptionnelle! C'est très bien écrit, c'est poétique, le récit est très bien mené , on n'est jamais perdu malgré de nombreux personnages, il n'y à aucune baisse d'intensité : c'est remarquable !
Pour moi on est au moins au niveau de Fondation d'Asimov! A lire absolument !
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Hypérion s'arrête à un endroit très semblable à l'après Conseil d'Elrond, en parlant de Tolkien : les personnages, leur passé (background, me soufflent mes neurones de rôliste), leurs motivations sont présentés dans leur quasi-totalité, de même que leur direction commune ; mais de cette quête principale nous n'avons lu que très peu, et nous sommes dans l'expectative de savoir ce que vont réellement faire ces gens réunis tous au même endroit, quel va être le développement de l'action et sa conclusion. En fait, ce fil rouge ne s'est quasiment pas déroulé dans le temps présent du récit depuis la toute première page, même si nous avons eu beaucoup d'aperçus du gritche ou des Tombeaux du Temps et de leur rôle à l'intérieur des divers récits, au passé du récit cette fois, des divers protagonistes.
Est-ce que pour autant j'ai l'impression d'avoir perdu mon temps ? A vrai dire, non, pas du tout. Simmons a choisi un procédé narratif en même temps très vieux et plus forcément très utilisé à notre époque (dans ce que je lis en tous cas) : la narration dans la narration. Quelque part la structure du texte est terriblement classique : sept « élus » sont mandatés par une autorité supérieure pour résoudre un problème qui relève du mythe ou du prophétique, à savoir ici percer les secrets des Tombeaux du Temps, dont l'ouverture est imminente même si personne ne sait ce qui va en sortir ni en résulter, sur la planète Hypérion, qui se distingue par ses terrains inhospitaliers (c'est un euphémisme) et la présence d'une espèce de démon-dieu meurtrier et sauvage, le gritche, lui-même apparemment lié aux Tombeaux. Comme les personnages ne se connaissent pas, ils vont décider de procéder à un échange d'histoires, chacun son tour, au long de leur voyage. de quoi me rappeler un procédé très récurrent dans les Mille et Une Nuits ! Cet outil est à double tranchant : il amène énormément de détails et de points de vue différents sur certains points, ce qui est incroyablement efficace pour donner du corps à la fois aux personnages et à l'univers créé par Simmons, mais il ralentit certainement de beaucoup la narration principale. Personnellement cela ne m'a jamais dérangée, et même ici en m'attachant à chaque récit j'ai plus ou moins occulté le fait que le « reste » n'avance que très peu. J'attendais d'ailleurs avec impatience certaines histoires ! (...)
Lien : https://croiseedeschemins.wo..
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Thème : Le cycle d'Hypérion, tome 1 : Hypérion de Dan SimmonsCréer un quiz sur ce livre

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