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Entrée définitivement en littérature à l'âge de la retraite, Marie Sizun a mis beaucoup de son enfance dans ses romans, évoquant son père dans « le père de la petite » ou le quartier de ses jeunes années dans « Eclats d'enfance ». Jamais encore elle n'était parvenue à évoquer l'appartement et l'intimité familiale d'autrefois : « cet endroit d'amour, de solitude et d'effroi » que, tant d'années après, elle revisite enfin dans un récit cette fois à la première personne, tout en tendresse et émotion.


C'est un minuscule appartement au papier gris – une pièce, une cuisine et pas de salle de bains – au deuxième étage d'un immeuble de briques rouges, dans le XXe arrondissement de Paris. En ces années 1940, son père prisonnier en Allemagne, la très jeune Marie y vit seule avec « maman », en une fusion faite de rires et de fantaisie qui relègue le monde au-delà de la fenêtre. Lorsque, à ses quatre ans et demi, cet inconnu autoritaire qu'est son père revient, l'enfant vit un « séisme », une « éclipse » dont elle se réjouira qu'elle ne dure que deux ans avant que la vie d'avant ne reprenne son cours, cette fois avec en plus un petit frère et l'ombre nouvelle de la mélancolie maternelle. Après le divorce de ses parents, Marie prend de plus en plus d'ascendant à la maison, multipliant les initiatives – plus ou moins heureuses – avec le petit frère et bientôt la petite soeur née de choux inconnus, pendant que, ancienne dessinatrice de mode, leur mère s'efforce de joindre les deux bouts comme vendeuse dans un grand magasin. La relation mère-fille finira même par s'inverser, la mère épuisée cachant sous son exubérance une si grande fragilité qu'elle la mènera un temps jusqu'à Sainte-Anne.


Avec une infinie douceur éloignant toute trace d'amertume ou de misérabilisme, l'élégante et pudique plume de Maria Sizun ausculte l'éveil de l'enfant qu'elle a été, racontant « l'histoire d'un devenir », le cheminement d'une jeune âme qui, face aux difficultés des siens, se découvre l'envie farouche de lutter contre le déclassement social, cruellement ressenti dans sa confrontation à l'extérieur du cocon familial, en particulier à l'école. de ces premières expériences, de l'intime vers l'ouverture au monde, la personnalité de Maria Sizun sortira à jamais transformée. Elles seront le tremplin vers une autre vie, vers une oeuvre littéraire aussi, avec pour socle la mémoire d'un îlot de fantaisie, d'une bulle de bonheur engendrée en marge des contingences sociales par l'exubérance libre et joyeuse de sa mère.


Entre lucidité et tendresse, Marie Sizun nous offre un récit enchanté, vibrant d'amour autant filial que maternel, tout entier investi dans ces murs qui, eux non plus, n'ont presque pas bougé avec le temps, au 10 villa Gagliardini. Un amour irréductible, indifférent aux contingences sociales, qui a donné à l'auteur la force de devenir la femme et l'écrivain qu'elle est aujourd'hui, et qui touche le lecteur droit au coeur.

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De cette autrice, Marie Sizun, j'avais déjà lu « Les petits personnages » publié également aux Editions Arléa qui m'avait beaucoup plu par son originalité. A partir de tableaux de peintres célèbres, elle inventait une existence et une histoire aux personnages de ces oeuvres, « ces oubliés de la peinture, ces marginaux, ces créatures à peine ébauchées » écrit-elle.
Dans « 10, villa Gagliardini », Marie nous touche d'une autre manière. Par ce court roman, elle nous dévoile un pan beaucoup plus personnel de sa vie. Elle nous plonge à l'époque de la seconde guerre mondiale, période de sa petite enfance puisque née en 1940, dans une atmosphère on le comprendra un peu spéciale.
On la retrouve, donc, seule avec sa maman dans ce minuscule appartement du XXème arrondissement de Paris. Il se compose d'une pièce de vie qui fait également office de chambre séparée de la cuisine par un corridor. Pas de quoi faire rêver avec sa tapisserie grise, mais de ses premières années elle en conserve un sentiment de tendresse infinie, comme d'un nid ouaté où il fait bon vivre. Un refuge face à cette triste actualité que déverse la radio et l'horizon exigu fait de toits et de cours devant les immeubles. Laissons-lui la parole : « J'ai deux ans et je suis dans l'appartement. Ce qu'il y avait avant je ne m'en souviens pas. Ma vie commence au petit appartement. C'est mon écorce, ma coquille, mon nid. Je ne sais rien de lui, mais sa lumière, ses couleurs, son odeur sont à moi autant que la présence de ma mère…. C'est un être vivant, fraternel, jumeau. IL est moi comme je suis lui, comme on peut s'aimer ou se haïr sans jamais cesser d'être soi ».
De cet espace réduit, on comprendra bien vite que les liens avec sa maman sont fusionnels, d'autant plus que cette dernière ne travaille pas et s'avère très permissive avec sa petite. Elle dessine sur les murs, sur les portes.
Mais cet univers bascule avec l'arrivée du père, de retour à la fin des hostilités. D'éducation catholique stricte, il n'accepte pas ce laissez aller et Marie ressent une aversion pour ce perturbateur. La maman, elle, heureuse du retour de son mari, le laisse prendre la main et diriger le foyer. La naissance d'un petit frère, la nécessité de quitter son antre douillet pour commencer ses études, tout commence à se compliquer.
On parcourt ce roman avec beaucoup d'émotions, on ressent cet amour et cette complicité qui la lient à sa maman, la nostalgie pour cette période de sa vie malgré un environnement hostile et des conditions de vie précaire du fait de la pauvreté du foyer.
Une plume vraiment agréable et fluide, comme quoi on peut devenir quelqu'un de bien tout en ayant un début de scolarité tumultueuse.
Merci aux Editions Arléa et à Marie Sizun pour ce bain de tendresse.
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10, villa Gagliardini
Retrouver la petite fille
Sensible et solitaire
Bien avant l'heure mûrie
Les ramages gris -bleu l'appellent
le si petit appartement
chéri mais ensuite étouffant
Et l'amour voué à sa mère
Tremble fort dans ses souvenirs
Joie et nostalgie qui déchirent...

Dans " Éclats d'enfance", Marie Sizun avait déjà évoqué le quartier du passé, mais en parlant très peu de cet appartement où elle a vécu de sa naissance à ses seize ans . C'est lui qui est au centre de ce récit ( il est bien précisé que c'en est un et non un roman) émouvant, intimiste, qui permet de mieux comprendre les thèmes récurrents de ses oeuvres, car puisés dans sa propre vie, évidemment modifiés ensuite dans l'imaginaire de la création: une enfant solitaire et livrée un peu à elle-même, une mère psychiquement fragile, un père parti à la guerre, qu'elle considère comme un inconnu à son retour. Une vie précaire, où l'on doit compter le moindre sou. Une attirance déjà pour la peinture et l'écriture. Et cet attachement à certains lieux.

Je l'ai suivie avec grand intérêt dans les rues de l'enfance, je suis montée avec elle au deuxième étage de la Villa Gagliardini. Elle m'a confié sa jeune colère contre les soucis matériels , le regard méprisant ou compatissant des autres envers sa famille, son attention maternelle envers son petit frère, sa petite soeur.Son parcours scolaire compliqué ( ce qui ne l'empêchera pas de devenir institutrice...) . Et surtout son amour fusionnel avec sa mère si jolie, courageuse et au bord du gouffre à la fois.

Bonheur et douleur de l'enfance... L'écriture limpide et délicate de l'auteur les transcrit parfaitement.
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«Un petit chez-soi vaut mieux qu'un grand chez les autres»

Dans un roman qui fleure bon la nostalgie de l'enfance, Marie Sizun raconte ses jeunes années dans un appartement du XXe arrondissement. C'est là, dans le Paris de l'après-guerre, qu'elle a connu bonheurs et drames familiaux, c'est là qu'elle a grandi, c'est là qu'elle a construit son avenir.

Marie Sizun n'en a pas fini avec l'enfance. Après Éclat d'enfance, (paru en 2013 et disponible en poche), dans lequel l'autrice racontait ses jeunes années dans le XXe arrondissement de Paris, de la porte des Lilas à la place des Fêtes, voilà qu'elle entre dans «l'immeuble de briques rouges» qu'elle avait laissé jusque-là de côté. le 10, villa Gagliardini où elle a grandi et où elle a vécu plusieurs drames familiaux. Ses premiers souvenirs remontent en 1942. Elle a deux ans et essaie d'apprivoiser cet espace qui lui paraît immense alors qu'il n'a que la taille d'un studio. Durant les mois qui suivront elle vivra avec bonheur dans ce cocon aux côtés d'une mère attentive et aimante.
Mais tout va changer avec le retour de son père, prisonnier en Allemagne jusqu'à la fin des hostilités. Cet homme va pour le coup prendre tout l'espace, vouloir remettre de l'ordre dans son foyer et montrer qu'il est le seul maître à bord. La peur et la violence s'installent. La tension devient permanente et va croître encore avec l'arrivée d'un petit frère qui va devenir le nouveau centre d'attraction de ses parents.
En fait, il faudra attendre des vacances en Bretagne, qui ne sont qu'un stratagème imaginé par son père pour divorcer et prendre le large, pour retrouver un peu de sérénité. Mais payée au prix d'une forte précarité.
Ce qui n'empêchera toutefois pas la narratrice de réussir un joli parcours scolaire après une école primaire plutôt mouvementée et d'entrevoir ce que pourrait être sa vie loin de la villa Gagliardini.
En refermant ce roman d'apprentissage, on pense à cette citation d'Alphonse de Lamartine: «Objets inanimés, avez-vous donc une âme qui s'attache à notre âme et la force d'aimer?» et l'on revoit à notre tour l'appartement ou la maison de notre enfance, son mobilier, ses objets qui nous ont accompagnés et que l'on dévalorise trop souvent en affirmant qu'ils n'ont qu'une valeur sentimentale. Or, c'est justement cette valeur qui est ici célébrée. Quelques dessins sur un mur, un berceau qui vient manger un espace déjà restreint ou encore une simple poussette deviennent alors les symboles d'une vie que la force du souvenir transcende.
Lire Marie Sizun nous permet de retrouver le Paris populaire des années d'après-guerre, mais au-delà de ce lieu et de cette période, c'est aussi l'occasion – au détour d'une phrase, d'une émotion ressentie – de replonger avec nostalgie dans nos propres souvenirs. C'est alors entre les lignes de cette belle écriture classique et limpide que chacun écrit sa propre histoire. Cette force d'évocation, que l'on pouvait déjà trouver dans La maison de Bretagne, donne à ce roman plein de tendresse et de nostalgie un parfum d'enfance et d'espérance. Car alors tout est encore possible.
NB. Tout d'abord, un grand merci pour m'avoir lu jusqu'ici! Sur mon blog vous pourrez, outre cette chronique, découvrir les premières pages du livre. Vous découvrirez aussi mon «Grand Guide de la rentrée littéraire 2024». Enfin, en vous y abonnant, vous serez informé de la parution de toutes mes chroniques.

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Quel plaisir de rentrer dans cet appartement, tout petit qui était le véritable nid, la maison de celle qui nous raconte son enfance. Cette enfant y vit ses premières années seule avec sa mère. C'est la guerre. Son père est prisonnier en Allemagne. Mais cette absence ne lui manque pas dans cet antre qui est le sien, ce lieu si modeste, qui est devenu un être vivant qui l'a protège.
Mais un jour, la guerre est terminée, et son père revient. Elle va vivre, très vite, comme elle nous confie, ses premières expériences du malheur.

10, villa Gagliardini, cette adresse qui sera toujours là dans le coeur de cette enfant devenue femme, est un lieu attachant tellement Marie Sizun sait avec une plume attentionnée, délicate nous l'offrir. Oui c'est un peu comme cela que j'ai accueilli ce récit. Je l'ai lu comme un roman alors qu'il est sensiblement assez autobiographique.

Merci Marie Sizun de nous a voir ouvert la porte de votre maison qui est tout simplement celle de votre coeur !
Lien : https://www.instagram.com/un..
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Cette adresse, c'est celle où vécut l'auteure jusqu'à la fin du lycée.
Un studio, une petite cuisine, un débarras et des WC.
Elle y vécut seule avec sa mère jusqu'à quatre ans.
Puis son père revint de la guerre et il y eut le petit frère.
A quatre, c'était vraiment petit.
Puis le père quitta le foyer, mais il y eut un autre enfant.
C'était la période d'après guerre.
Peu d'argent, une vie pas facile.
Mais quelles années heureuses dans ce petit appartement.

Marie Sizun évoque souvent son enfance.
Mais à chaque fois d'une manière différente et ce n'est jamais lassant.
Quelle précision des souvenirs, quelle émotion, pour elle à les évoquer, pour nous à les lire.
Ce studio est encore tellement présent en elle, et elle en parle tellement bien qu'on a l'impression de le voir vraiment, et de vivre ces années bonheur avec elle.
J'ai lu tous les livres de Marie Sizun, et à chaque fois j'ai été emportée par son authenticité, par sa poésie, par sa douceur, par son écriture qui n'en rajoute pas mais dit l'essentiel.
Bravo vraiment et merci de nous faire partager ces moments de vie.
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J'ai lu et aimé plusieurs romans de Marie Sizun.
Cette fois, il s'agit clairement de son autobiographie, genre dont je ne suis pas très fan en général.
Le personnage principal est l'appartement situé au 10, villa Gagliardini situé dans le 20 ème arrondissement de Paris . Marie Sizun naît en 1940, pendant les années de guerre. Son père est prisonnier de guerre, donc les premières années de sa vie, elle est seule avec sa mère dont elle est très proche. La petite fille se sent très bien dans ce petit appartement, elle adore dessiner et fait des dessins sur les murs, sur les portes, sa maman la laisse faire. Lorsque le père revient, leur équilibre est bouleversé. Il n'éprouve pas de réelle affection pour la petite fille et se montre souvent impatient voire violent avec sa femme et sa fille. Un petit frère va naître, tout tournera alors autour de lui. Puis les parents se séparent et la mère fera une dépression.
La petite fille n'est pas très assidue à l'école sauf quand elle trouvera des camarades du même milieu social. Elle prend conscience de sa pauvreté quand elle comprend que les autres petites filles ont une salle de bain chez elles, ce qui n'est pas son cas. Elle évoque les bons moments avec sa mère, leur complicité quand elles vont au cinéma. Elle raconte son enfance et son adolescence. le style est très agréable et fluide, cela se lit très bien.
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10, villa Gagliardini de Marie Sizun
Arléa – 1er /mille
Récit initiatique tout en pudeur.
Marie Sizun revient dans sa maison d'enfance. Un lieu de vie qui exerça une véritable attraction pour l'auteure mais aussi pour son frère plus jeune.
Cette villa parisienne avait été choisie par le père et la mère, ils l'avaient accommodée, agencée, un nid d'amour juste avant que la seconde guerre mondiale ne fasse le père prisonnier de guerre en Allemagne.
L'enfant est née, elle, Marie, mère et fille sont fusionnelles, unies, seule la tante Alice vient briser leur cocon, elle aide, conforte, rassure, veille.
C'est le temps de l'innocence, un temps béni, un paradis perdu, l'autorité de maman est discutable, inexistante, la petite est sage, elle dessine, lit, observe sa mère fantasque et les reflets de la lumière derrière la vitre de l'unique pièce commune.
Quand revient le père, l'équilibre des deux femmes s'effondre. Promiscuité ? Difficulté à reprendre sa place ? L'homme revenu n'est plus le même. Violence, irascibilité, incompréhension. La petite fille comprend qu'elle n'est pas à la hauteur, la mère est malheureuse. Et l'arrivée du petit frère ne comblera le père qu'un temps. le couple se sépare.
Les années collèges, lycées vont être révélatrices. La jeune fille peine à se socialiser, l'amitié surgit mais la conscience de sa différence se renforce, la pauvreté, la classe sociale, l'éducation lui saute aux yeux.
Néanmoins, l'amour pour les livres se renforce, elle entrevoit dans les lectures d'autres horizons, la lecture et l'amour des salles obscures, le cinéma, ce moment privilégié qu'elle partageait avec sa mère au grand dam de tante Alice ! Et quelque part, la révélation de l'écriture, à venir.
Ce récit est certainement la pierre angulaire de l'oeuvre de Marie Sizun. Combien les moments de l'enfance et de l'adolescence sont fondateurs dans une vie ? On retrouve ici tout ce qui est déjà présent depuis longtemps dans ses livres, de la maison de Bretagne, au Père de la petite et passant par Éclats d'enfance.
Après tant de livres, c'est finalement là que le voyage la mène, dans ce récit intime et délicat, à la porte de la maison d'enfance.


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Marie Sizun, de son écriture élégante et subtile nous raconte le cocon dans lequel elle vécut jusqu'à son adolescence. La nostalgie de l'enfance et de l'endroit qu'on appelait « ma maison », beaucoup d'entre nous l'ont ….plus ou moins. Plongez vous dans ce livre qui fleure bon l'enfance et la nostalgie mais aussi le temps qui passe.
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Abandonné à la page 70.
Assez déçu.
Certes, un récit autobiographique par petites touches de souvenirs en clair-obscur qui fleure bon la nostalgie, dans un lien quasi organique à un appartement parisien, mais il n'a pas emporté mon suffrage, malgré le conseil de Gérard Collard.
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