10, villa Gagliardini de
Marie Sizun
Arléa – 1er /mille
Récit initiatique tout en pudeur.
Marie Sizun revient dans sa maison d'enfance. Un lieu de vie qui exerça une véritable attraction pour l'auteure mais aussi pour son frère plus jeune.
Cette villa parisienne avait été choisie par le père et la mère, ils l'avaient accommodée, agencée, un nid d'amour juste avant que la seconde guerre mondiale ne fasse le père prisonnier de guerre en Allemagne.
L'enfant est née, elle, Marie, mère et fille sont fusionnelles, unies, seule la tante Alice vient briser leur cocon, elle aide, conforte, rassure, veille.
C'est le temps de l'innocence, un temps béni, un paradis perdu, l'autorité de maman est discutable, inexistante, la petite est sage, elle dessine, lit, observe sa mère fantasque et les reflets de la lumière derrière la vitre de l'unique pièce commune.
Quand revient le père, l'équilibre des deux femmes s'effondre. Promiscuité ? Difficulté à reprendre sa place ? L'homme revenu n'est plus le même. Violence, irascibilité, incompréhension. La petite fille comprend qu'elle n'est pas à la hauteur, la mère est malheureuse. Et l'arrivée du petit frère ne comblera le père qu'un temps. le couple se sépare.
Les années collèges, lycées vont être révélatrices. La jeune fille peine à se socialiser, l'amitié surgit mais la conscience de sa différence se renforce, la pauvreté, la classe sociale, l'éducation lui saute aux yeux.
Néanmoins, l'amour pour les livres se renforce, elle entrevoit dans les lectures d'autres horizons, la lecture et l'amour des salles obscures, le cinéma, ce moment privilégié qu'elle partageait avec sa mère au grand dam de tante Alice ! Et quelque part, la révélation de l'écriture, à venir.
Ce récit est certainement la pierre angulaire de l'oeuvre de
Marie Sizun. Combien les moments de l'enfance et de l'adolescence sont fondateurs dans une vie ? On retrouve ici tout ce qui est déjà présent depuis longtemps dans ses livres, de
la maison de Bretagne, au Père de la petite et passant par
Éclats d'enfance.
Après tant de livres, c'est finalement là que le voyage la mène, dans ce récit intime et délicat, à la porte de la maison d'enfance.