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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Premier roman de Marie Sizun, le père de la petite explore dans un contexte de retour de guerre la jalousie d'une homme trompé par sa femme. Une trahison, sujet de disputes et de tensions inaudibles pour leur petite fille de quatre ans tour à tour attirée par l'un et l'autre, qui provoque la séparation des parents et le début du dessillement de leur enfant.

Marie Sizun, dont j'avais beaucoup aimé La gouvernante suédoise, a fait ici le choix périlleux de se mettre à hauteur d'enfant et de ne pas donner de nom à ses personnages. Ainsi la petite, la mère, le père, la grand-mère se succèdent rendant le récit impersonnel et les protagonistes désincarnés. Dommage car l'analyse sous-jacente de la place du père et des méfaits des non-dits aux enfants est remarquable.

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"Les pères, c'est dans les contes de fées qu'on les trouve. Ils sont toujours un peu irréels et pas très sympathiques."

C'est du moins ce que pense la petite puisqu'un père, elle n'en n'a pas. Oh ! Bien sûr, il y a le portrait d'un homme dans un cadre posé sur un meuble du modeste appartement qu'elle occupe avec sa mère et sa grand-mère qu'elle déteste, toujours à la réprimander pour des faits sans gravités aux yeux de sa mère. Elle l'aime cette mère, d'un amour tellement exclusif qu'elle parvient même à lui faire jurer de l'aimer plus que son père, prisonnier de guerre, rapatrié dont le retour au foyer est imminent après sa convalescence en hôpital.

Dans ce roman, Marie Sizun fait état de non dits, de chuchotements intempestifs qui alimentent la curiosité de la petite. A quatre ans, elle ne supporte pas qu'on lui cache des secrets d'adultes. Et lorsque le père, malade des nerfs fait son grand retour, le constat est amer pour France ( La petite ). Sa mère la délaisse au profit du père qui laisse éclater sa violence sur la petite qu'il juge très mal éduquée. Une paire de gifle par ci, des insultes par là, France passe pour une idiote au yeux de ce père qui la rejette. Seule, la petite se résigne tant bien que mal puisque sa mère ne prend jamais sa défense, cette mère qu'elle ne reconnaît plus et qui affiche son amour pour son mari sans se soucier de sa fille qu'elle adorait avant le retour de cet homme qui lui sert de père.

Aussi, lorsque son père se rapproche d'elle, d'abord très méfiante, elle finit par s'attacher à cet homme qui ne s'emporte plus, ne lui fait plus de reproches et qui déverse désormais tout son fiel sur sa mère.
La petite sent bien qu'il se passe des évènements qui lui échappent et ignore qu'elle est à l'origine de l'explosion du couple que forme ses parents. Désorientée, elle ne sait plus qui l'aime et qui la rejette, une position inconcevable parce que ballotée entre un père et une mère en plein divorce.

Après avoir lu Plage et Un jour par la forêt, le père de la petite de Marie Sizun est tout aussi remarquable. Par son écriture simple, ciselée, elle sait explorer avec talent les situations ambigües et aime décortiquer tout particulièrement celle de l'enfance.
Un récit sensible et réfléchi des travers de la vie de l'après-guerre.
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Chronique douce-amère de l'enfance de France, petite fille de 4 ans, qui, durant la seconde guerre mondiale, vit auprès de sa mère qu'elle adore avec, souvent, les visites de sa grand-mère qu'elle n'aime pas.

Le récit commence au début de l'année 1944, et France, dite "la petite" entend avec stupéfaction sa maman chérie lui annoncer "quand ton pauvre petit papa reviendra.....". Pourquoi "petit" se demande l'enfant surprise. Normalement, un papa c'est grand, mais son papa, elle ne l'a jamais vu. Il a été fait prisonnier dès le début de la guerre, avant la naissance de sa fille.
La petite est inquiète. Elle est si proche de cette mère fantasque, qui la laisse agir en toute liberté, et elle craint l'arrivée de ce personnage inconnu qui risque de s'immiscer entre sa mère et elle et lui voler une part de l'amour inconditionnel qu'elle reçoit.
Et en effet, l'arrivée du père, malade, sujet à de fréquentes sautes d'humeur, parfois violent, va bouleverser l'existence de la petite. D'abord chaotiques, les rapports entre père et fille vont se normaliser, tous deux vont peu à peu s'apprivoiser et France va dès lors, avec confiance, mettre sa main dans la "main-girafe" de son père et lui confier ses secrets jusqu'à bouleverser la vie familiale.

Un récit sobre et émouvant, conté innocemment par une enfant, qui, vu son âge, ne peut comprendre les implications de ses confidences.
Une confession pudiquement délivrée par Marie Sizun, finalement beaucoup plus amère que douce !
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L'auteur, née en 1940, et dont c'est le premier roman, évoque l'enfance singulière de cette génération de la guerre, née après le départ au front des pères, qui restèrent prisonniers plusieurs années. Ces enfants ont grandi dans des familles sans hommes, sous l'oeil inquiet ou indulgent de mères et de grand-mères. Ici la narratrice évoque la permissivité de sa mère, isolée avec elle, malgré la présence sévère et aigre de la grand-mère. Tout changera avec le retour du père, inconnu de la fillette, et qui passera d'une sévérité brutale à une idylle avec "sa petite" de cinq ans, amour fou générateur de drame, et qui reste une nostalgie inguérissable pour la narratrice.
Beaucoup de sensibilité et de justesse poignante dans l'évocation de ces familles détruites subtilement par l'éloignement et la guerre, une grande intensité dans l'évocation des sentiments, malgré une écriture blanche et très économe de moyens.
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« Qu'est-ce qu'un père ? La notion de paternité échappe à la petite. Et comment pourrait-il en être autrement ? Des pères par les temps qui courent, on en voit pas beaucoup. »

Premier roman de l'auteur, le père de la petite aborde un thème qui sera récurrent dans l'oeuvre de Marie Sizun, l'enfance.

Elle s'appelle France, mais tout le monde l'appelle la petite. C'est son père qui a choisi son prénom ; un père parti à la guerre ; avec elle ne grandit pas, ne se construit pas. Mais, un jour ce père revient. D'étranger qui la rudoie, il deviendra un être aimé, un genre de héros. La mère perd sa place, rentre dans l'ombre.

Avec des mots simples, une écriture épurée à l'extrême, Marie Sizun donne un ton à cette courte et puissante histoire qui place la paternité à la fois au coeur de l'enfance, et à la marge quand celle-ci peine à se mettre en place en raison des aléas de l'histoire, et des non-dits familiaux.

La distanciation que donne l'écriture à la troisième personne donne un côté éthéré à ce roman attachant à plus d'un titre. S'il n'est sans doute pas le plus abouti de l'auteur, il n'en possède pas moins tous les ingrédients d'une oeuvre qui se construit pas à pas, et donne d'excellents moments de lecture.

Lien : http://leblogdemimipinson.bl..
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"La petite", 4 ans, vit seule avec sa mère qu'elle adore. Son papa va rentrer de la guerre. Elle ne le connait qu'en photo. Cet inconnu lui fait peur, il est sévère, nerveux. Mais ils s'apprivoisent et elle l'adore à son tour, plus que sa mère. Puis, bientôt, le couple se déchire..........
Un style concis, dépouillé. Pas un mot de trop, des phrases courtes où tout est dit, tout est ressenti.... comment un enfant perçoit et vit les tourments de ses parents.
C'est fort, c'est poignant
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Difficile de résumer ce roman sans trop en dévoiler car l'intérêt réside justement dans ce que l'on découvre au fil des pages à travers les yeux de cette enfant. Je dirais juste que j'ai été une nouvelle fois sous le charme de l'écriture de Marie Sizun !

Les premières pages peuvent sembler un peu difficiles à passer car l'autrice adopte un style très particulier, un peu haché avec des phrases très courtes parfois juste composées d'un mot ou deux. Mais cela reflète bien l'état d'esprit de notre petite héroïne et son mode de pensée, donc on s'y habitue rapidement. Par la suite, on retrouve ce qui fait la particularité de l'écriture de Marie Sizun, un style très poétique et doux, émouvant.
L'émotion est d'ailleurs ce qui caractérise l'histoire du Père de la petite : émotion des retrouvailles d'un père avec sa femme et sa fille qu'il n'a pas vu depuis longtemps, émotions contradictoires de l'enfant qui doit apprendre à connaître et aimer ce père, à s'habituer à une nouvelle vie et regrette l'ancienne... L'intrigue nous fait naviguer entre la joie, l'amour, la tendresse mais aussi la tristesse, la violence et la rancoeur. Il y a des moments où on ressent de la peine et de la compassion pour la petite, d'autres où c'est l'incompréhension et un certain effroi devant la méchanceté des enfants qui dominent.

Le roman s'accompagne enfin d'une intéressante réflexion sur la place d'un père au sein d'une famille, les relations entre parents et enfants aux différents âges de la vie mais aussi à la perception qu'ont les enfants des histoires des adultes.
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Comment ne pas être touché par cette petite,ballotant dans un monde d'adultes qui la dépasse ?
Je découvre l'auteure avec ce court roman et c'est une bonne surprise.
Voilà un texte tout en tendresse et en émotions bien que le style soit vif, voire nerveux.
On entre dans l'univers de cette relation entre la petite et son père pendant et aussitôt après la seconde guerre mondiale à Paris.
Et l'on partage tous les moments : l'attente, l'espoir, la sublimation de l'image, l'enthousiasme, le conflit, l'adoration, les espoirs ... et les mensonges des adultes,les disputes, les déchirements, les souvenirs glanés.

Un excellent roman qui donne envie de découvrir l'auteure
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Roman de Marie Sizun.

La petite, tout juste quatre ans, vit avec sa mère, une femme fantasque qui l'adore. Pour la petite, il n'y a qu'elles deux, et le bonheur au quotidien. Mais brutalement, la réalité et les contraintes font irruption dans l'existence simple et joyeuse de l'enfant. Nous sommes en 1944. le père de la petite, prisionnier depuis des années, retrouve le foyer familial. Et l'ordre est bouleversé. le lien d'amour fou et exclusif qui unissait la petite à sa mère se brise. La petite se met d'abord à haïr ce père qui lui vole l'affection de sa maman, à craindre cet homme aux colères terrifiantes, à détester cette rigueur qu'il impose dans son quotidien léger. Mais imperceptiblement, cette rage fait place à un sentiment puissant: la petite offre à son père un amour inconditionnel, fait d'admiration et de confiance. le foyer recomposé et apaisé pourrait être heureux. Mais la petite, sans le comprendre, brise l'harmonie et fait partir ce père dont elle ne peut désormais se passer.

Court et efficace, il se lit vite. J'ai un peu buté sur la répétition de "la petite", mais c'est essentiel au récit. L'enfant ne s'appelle pas "France", mais "la petite". Tout s'enchaîne à merveille. le récit, du point de vue de la petite, est limpide comme l'est une conscience d'enfant. Tous les indices du drame familial sont habilement semés. C'est un texte qui se lit vite, mais il faut y prêter une grande attention et ne pas négliger la grande sensibilité qui transpire entre chaque phrase et chaque cri de la petite.

Merci à Liliba pour ce livre voyageur. http://liliba.canalblog.com/ Je fais suivre à mon tour!
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C'est beau ce monde vu au travers des yeux d'une petite fille et on y croit.
J'ai aimé voir le monde des adultes à travers ses yeux, comment elle évolue entre sa mère et son père alors que l'on devine très vite qu'ils vont se déchirer. La description de ses sentiments sonne très juste. C'est un roman tendre et cruel et aussi touchant.
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