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3,97

sur 374 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Lire ce roman un peu volumineux (647 pages tout de même) a été une découverte car je ne savais pas grand chose de ce titre, notamment qu'il relevait de la science-fiction, nimbée de réalisme certes, mais aussi du roman policier ou encore de l'essai. le choc fut donc au rendez-vous, et ce, dès les premières pages ! (Lisez-les et vous comprendrez ce que je veux dire). Clara et la pénombre est un livre original, bizarre, curieux. C'est une drôle d'expérience. L'auteur développe tout son récit autour de l'art, notamment pictural. Il décrit un monde où les oeuvres d'art sont d'authentiques personnes humaines, qui revêtent des peintures spécifiques et posent durant un laps de temps parfois très long. La jeune Clara qui donne son titre au roman appartient à la catégorie des tableaux féminins : elle sert de support aux désiratas de différents artistes, dont certains sont très renommés.

Son but ? Etre sélectionnée par un artiste reconnu, comme van Tysch, ce qui augmentera sa valeur marchande et artistique. A l'inverse, les oeuvres d'art ne pouvant servir de modèles peuvent devenir des « décorations » et sont louées à la journée. Certaines servent de table ou de luminaires, et même parfois de cendriers. Evidemment, cet univers très particulier est troublant pour le lecteur car de nombreuses similitudes avec notre société sont pointées par l'auteur. le marché de l'art avec ses surenchères monétaires, le trafic d'oeuvres d'art ou d'êtres humains, les relations ambiguës des modèles avec les artistes… Constamment, Somoza se joue de ces deux mondes qui se juxtaposent, le réel (d'autant plus que l'action se déroule de nos jours) et l'imaginaire. Cela prend bien au départ, mais c'est un peu lassant sur la fin, même si les techniques du roman policier permettent d'avancer dans le récit et qu'une certaine tension sous-tend l'ensemble.
Au final, j'ai trouvé l'idée du roman ébouriffante et intéressante mais je me suis rapidement ennuyée dans cet univers factice, où de multiples détails répétitifs ont eu raison de ma patience. Je recommande toutefois ce livre aux amateurs de chair artistique ou d'expérience livresque unique.

Lien : http://blogs.lexpress.fr/les..
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Glaçant et dont l'avenir dira s'il était prémonitoire ou non. l'art moderne en route vers la déshumanisation. le corps comme matériau. Un univers à la Orwell, prophétique? Un défaut: l'épaisseur du livre qui compte tenu du propos nous éprouve jusqu'à l'indigestion. le but sans doute recherché par l'auteur d'ailleurs...
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Ouf ! Je suis enfin venue à bout de ce roman très perturbant, long à lire, mais que je n'ai jamais pu laisser tomber : j'aurais eu le sentiment d'abandonner l'héroïne à son incroyable sort, l'impression de ne pas regarder en face vers où l'art extrême peut dériver. J'aurais eu un véritable sentiment d'échec.
Une trame criminelle bien ficelée (pour peu que l'on ait le courage d'aller jusqu'au bout…) pour aborder les vraies questions : l'art peut-il tout se permettre, quelle valeur a un corps humain, et jusqu'où peut-on le soumettre.
Un roman qui frappe fort, que l'on trouve évidemment excessif, complètement délirant ! …Ah oui ???
Mais alors, comment ne pas faire le lien avec la réalité du monde artistique contemporain, où des scènes de science fiction sordides rejoignent le réel, par exemple avec cette terrible exposition « Our body » qui, heureusement, aura été sensurée en France . (http://www.lemonde.fr/culture/article_interactif/2009/04/22/l-exposition-our-body-a-la-fois-didactique-et-morbide_1184083_3246.html)
Lien : http://lebruitdesvagues.cana..
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Clara et la pénombre/José Carlos Somoza
Oeuvre originale et imaginative, cette fiction nous emmène dans un monde étrange où les tableaux peints sont des êtres vivants nus, le plus souvent des adolescentes d'environ quatorze ans. En effet l'art hyperdramatique (HD) et ses avatars non seulement s'exposent mais encore se louent ou se vendent à des prix astronomiques.
Dans ce monde où les élucubrations sur l'art HD et le babil insipide et futile dont l'argent et le profit sont les thèmes récurrents occupent le plus clair du temps des protagonistes, on se sent un peu en marge ; on baigne dans une ambiance branchée et snob , homo et hétéro, perverse et toute de sensualité induite par des êtres farfelus et voyeurs qui s'adonnent aussi à la drogue en plus de disserter sur les collections d'espaces vides et de cultiver le paradoxe dans le cadre d' une morbidité toute naturelle. On vit là dans un monde à la dérive où le luxe fait loi et où les oeuvres d'arts se plaisent dans un masochisme qui donne des frissons.
Une mince intrigue policière suite à un sacrifice humain sur fond d'art HD constitue le fil conducteur de ce beaucoup trop long roman au style d'une pauvreté affligeante, peut-être mal traduit aussi. Ce qui se voudrait un thriller philosophique sombre peu à peu dans l'ennui faute de rebondissements malgré une entame de roman prometteuse. La démarche heuristique de l'auteur s'enlise hélas au fil des pages en raison de situations répétitives et de longueurs hypnagogiques interminables aussi bien dans les descriptions que dans les dialogues.
J'ai eu beaucoup de mal à terminer cette lecture ennuyeuse.
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Somoza José Carlos – "Clara et la pénombre" – Actes Sud / Babel Noir, 2003 (ISBN 978-2-330-11875-4) – 652 pages
– traduit de l'espagnol par Marianne Millon, titre et éd en langue originale "Clara y la penumbra" cop. 2001

Un roman prémonitoire (il fut publié en espagnol en 2001), qui aborde une thématique remarquable. En effet, bien plus que d'une intrigue policière classique, l'auteur traite ici de l'art dit "contemporain" (celui que les bobos mettent en scène en recherchant constamment la provocation et le scandale), et à travers lui des conséquences et réalités du corps humain considéré comme une marchandise, avec l'assentiment des personnes (généralement des jeunes-filles dénudées), ainsi réduites à l'état d'objet sans que la moindre instance officielle ne s'en offusque réellement.
L'auteur montre comment les protestations se résument à quelques manifestations de gens que les élites – avec la complicité des médias – savent neutraliser et marginaliser en les qualifiant de passéistes : le "naturel-humanisme" ne fait guère recette (p. 443).

Pour nous, en France, à l'heure de la "révision" des lois bioéthiques, ce texte est largement prémonitoire : en focalisant l'attention sur l'extension de la PMA aux femmes seules, nos "élites éclairées, urbaines et ouvertes sur le monde donc progressistes" font passer dans la loi l'autorisation de manipulation du génome humain, de recherches sur l'embryon, la conservation d'ovocytes et de spermatozoïdes par les officines privées (qui pourront les commercialiser), et bien d'autres "autorisations" qui entérinent la "libéralisation" – c'est-à-dire la privatisation et la commercialisation – du "matériel génétique humain". Il va de soi que la GPA sera avalisée sous peu (les juges s'y emploient ardemment), permettant un développement sans frein des effarantes "usines à bébés" déjà présentes dans le Tiers-Monde.

Parmi les paragraphes soigneusement élaborés, notons par exemple le détail du contrat liant les modèles réduits à l'état de "matériel artistique" (pp. 108-109), le sens des affaires de certains "artistes" contemporains pour lesquels "l'art c'est de l'argent" (pp. 162-164, puis 194), le lien entre cette dégradation irrémédiable de l'être humain et l'idéologie nazie (p. 462), la disparition de la culture européenne humaniste (pp. 513-514) et bien d'autres...

Autre thème sous-jacent mais tout aussi soigneusement mis en oeuvre, l'auteur montre, par un contrepoint bien orchestré avec l'oeuvre de Rembrandt, comment une bonne part de cet art dit "moderne" consiste finalement à parodier les grands classiques en les tournant en dérision : nouvelle illustration du principe bien connu "une civilisation ne meurt pas, elle se suicide" qui s'applique aujourd'hui pleinement à la civilisation européenne en pleine déconfiture...

L'auteur note dans sa postface (p. 647) :
"si quelqu'un découvre comment gagner de l'argent par ce biais [i.e. l'achat et la vente de corps humains peints], ce ne seront pas les considérations morales qui empêcheront un tel marché humain de se dérouler de façon aussi spectaculaire ou plus que dans mon livre".
Macron et ses sbires, relayant les diktats venus des technocrates de Bruxelles, s'y emploient de toute leur force, dans un vaste programme de destruction systématique des sociétés européennes...
Un livre à lire et à offrir.
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L'idée est intéressante, de ce nouvel art qui se ferait directement sur les corps qui ne seraient plus que des supports immobiles voire inertes, comme de simples toiles. Ce qui permet à l'auteur de tisser une intrigue tout autour. Mais finalement, au fil des pages, on se rend compte que ça n'est finalement qu'un polar (bien foutu au demeurant) et que l'idée de départ sur l'art n'est en fait qu'un gimmick qui permet à l'auteur de pouvoir au moins une fois par page placer le mot "nu"... Autant on a entamé le livre avec enthousiaste autant on peine à atteindre la 646ème où enfin s'écrit le mot "fin".
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Bien construit, bien emmené, parfaitement maîtrisé. ..Somoza est une valeur sure...toutefois à mon goût pas aussi envoutant que la caverne des idées, même si la question du " quelle est la valeur d'une vie à l'aune d'une ideologie" est totalement d'actualité.
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