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3,45

sur 111 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Pim est un jeune apprenti en boucherie en Bretagne. Très vite, il se prend de passion pour ce métier qui devient vite un art pour lui, au point d'y consacrer son temps et de délaisser ses copains.
Un roman réaliste original et une écriture précise et fine.
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Voilà un roman original en ces temps où les végans et défenseurs des animaux occupent le devant de la scène! Il nous raconte en effet le trajet d'un jeune homme, Pim, qui choisit d'apprendre le métier de boucher. Métier qui va le passionner et le mener à l'excellence: excellence du travail manuel, de la dextérité nécessaire pour préparer de la viande de qualité, excellence de son rapport aux animaux, qu'il aime et respecte, fasciné qu'il est par leur vie puis leur mort. Cette carrière devient une vocation, une mission: nourrir les autres, être conscient de son utilité... au point qu'il en oublie sa vie personnelle.
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Jusqu'à la Renaissance, aucune distinction n'était faite entre l'art et l'artisanat telle qu'elle est faite de nos jours. Aujourd'hui, la différence entre les deux nous paraît évidente. Pourtant Joy Sorman réussit dans ce très (trop) court roman à rendre aux métiers de la boucherie leurs lettres de noblesse surtout dans le contexte actuel où la consommation de viande est de plus en plus critiquée.
Bien entendu, si vous êtes un défenseur acharné du végétarisme, il va de soi que ce livre n'est pas pour vous et ne saura vous convaincre de la beauté de la viande et du travail de la viande.
Ceci dit, Pim, notre personnage principal, n'en était pas tout à fait convaincu non plus au départ. Et c'est un peu par hasard qu'il s'oriente lors de ses études vers la filière de la boucherie.
Il se découvre alors une passion, passion que Joy Sorman parvient à retranscrire d'une façon admirable. Une passion qui va d'ailleurs s'amplifiant et qui va mener Pim vers la folie.

Dans ce roman, on découvre les coulisses des métiers de la viande, de la ferme d'élevage en passant par l'abattoir, le marché de Rungis et les bancs de l'école de formation. Joy Sorman offre à son lecteur une véritable visite guidée jusque dans les détails et n'embellit rien.
Elle nous livre un texte remarquablement écrit. le choix des mots, des tournures de phrase sonnent à chaque fois juste, certains passages sont presque poétiques, les descriptions parfois aussi minutieuses et colorées qu'une toile de peintre. le travail de la viande devient sous sa plume un art à lui tout seul transformant Pim en artiste, ses gestes précis en ballet, les pièces de viande en dégradés de rouge.
Joy Sorman rend un bien bel hommage à ces métiers souvent méprisés et aussi à ces travailleurs des abattoirs à la besogne ingrate mais nécessaire.
De plus l'humour n'est pas absent de ce texte et le panache non plus.

Cependant, j'ai trouvé le roman trop court. J'en aurai voulu plus, j'aurais souhaité une histoire plus étoffée, plus fouillée. La fin m'a également déçue, je m'attendais à plus sensationnel. Pourtant c'est original et Joy Sorman évite de tomber dans la facilité. J'imaginais Pim virer psychopathe mais il n'en est rien et Joy Sorman sait ménager ses effets. On ne sait absolument pas jusqu'où la folie de Pim va évoluer, sa personnalité reste assez floue et énigmatique mais j'ai apprécié tout de même ce suspense et cette tension tout au long du récit.

En fait, ce récit me rappelle La leçon d'anatomie de Rembrandt, le sujet n'est certes pas très ragoûtant mais c'est du grand art. Et il en est un peu de même pour Comme une bête. Je souligne encore une fois le style de Joy Sorman qui m'a fait penser à celui de Patrick Deville en moins télégraphique.
Bref, j'ai aimé mais j'ai aussi été déçue. Ceci dit, je surveillerai à présent de près cet auteur.

Un grand merci à Lise et aux éditions Folio pour cette découverte.









Lien : http://0z.fr/l3ADE
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Il n'y a pas de meilleur résumé de ce roman que celui qu'en a fait l'éditeur. Comme une bête, c'est purement et simplement "l'histoire d'un jeune homme qui aime les vaches au point de devenir boucher". En effet, Pim "rêve à la viande" alors que "s'épanche en lui un amour carnivore, une gratitude insensée pour les bêtes qu'il aime et mange, qu'il aime et tue" (p.169-170). *Un peu cinglé le bonhomme...*

L'enjeu de ce livre est de construire une réflexion sur le regard que porte Pim sur son métier. On peut aussi y voir une conceptualisation du paradoxe humain: on aime nos animaux mais ça ne nous empêche pas de les manger. J'ai des copines qui vivent dans un champ derrière chez moi et avec qui j'aime discuter de temps en temps. Ça ne m'empêche pas de me remplir le gosier de steak juste après.
Ce roman n'a donc pas d'intrigue à proprement parler (on aime ou on aime pas). Il est simplement l'aboutissement d'un questionnement sur la passion d'un homme pour les bêtes, d'un boucher pour la viande.

Voyez plutôt:

- Début du roman: Pim intègre le centre de formation des apprentis bouchers de Ploufragan
- Péripétie 1: un cochon s'évade de l'abattoir
- Péripétie 2: Pim reçoit le prix du "meilleur apprentis boucher des Côtes-d'Armor"
- Péripétie 3: Pim discute avec Culotte junior (vache, fille de Culotte 1ère)
- Chute finale: Pim est boucher

Joy Sorman exprime ses idées de façon très poétique. Ce livre se lit d'ailleurs bien plus pour la verve de son auteur que pour l'intrigue en elle-même, pour sa réflexion que pour son suspens. Il n'est pas ici question d'un roman narratif mais bien davantage d'une ode à nos amis les bouchers. Ma lecture n'a pas été sans me rappeler sur certains points celle de Bifteck de Martin Provost, plus vulgaire et moins subtile mais tout aussi intéressante.

> Hommage marquant à une passion dévorante, celle de ces composteurs de viande qui nous servent tous les jours, Comme une bête cherche bien plus à magnifier la relation qu'entretiennent ces hommes (et ces femmes) avec les bêtes qu'à juger notre appétit carnivore. A réserver aux vachophiles qui apprécieront cette peinture satirique d'eux-mêmes.
Lien : http://mariae-bibliothecula...
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Saisi par la vivacité du style, captivé par ces voltigeuses virgules, si pour vous la ponctuation est un souffle, chez Joy Sorman, elle est la vie.
Croyez-vous qu'il ne s'agisse que de poser là quelques morceaux choisis, une intrigue, des amours, et emballé c'est pesé. Pensez-vous qu'il puisse s'agir d'un documentaire pour le syndicat des bouchers ?
Point du tout. Il s'agit bel et bien d'une oeuvre littéraire, d'une promenade dans les mots et dans les sens.
Et sans plus jamais lâcher le léger et dense ouvrage de 176 pages, nous suivrons Joy Sorman et Pim, le jeune apprenti boucher de sa Bretagne à Paris, de son apprentissage à sa célébrité, les mains dans la viande rouge, respirant le sang, offrant à manger à l'humanité carnivore et progressiste.
Si la boucherie commence là où finissent les bêtes, aux marges de la ville, loin des boucheries, elle commence, tant pour ces jeunes apprentis que pour nous autres, les carnivores, par la visite obligatoire des abattoirs. A peine entrés dans la tuerie à l'hygiène drastique, le sang envahit les mots, les pages, les sensations…la vérité crue de notre nature. Pim évanoui, trois claques, une goutte d'alcool de menthe sur un sucre et il est debout…En bout de chaîne, sous vos yeux les deux morceaux ressemblent bien aux carcasses livrées chaque semaine en boucherie. L'abattoir, c'est l'inverse d'une usine Renault. Ici on ne monte pas on démonte, on assemble pas on disloque. Mais ce n'est pas avec trois truies par éleveur et sans usine qu'on va faire bouffer le pays.
Puis nous irons dans les champs, dans les étables, yeux dans les yeux, au plus près des vaches. La vache, je t'aime tant que je te mange.
Pim ouvre sa boucherie à Paris, il prospère, l'argent afflue et s'entasse dans un coin de sa vie. le boucher transforme l'animal écorché en morceaux parfaits et équilibrés, rôti bardé, fleur de persil, ficelle impeccable, noeud coulant, chapeau l'artiste.
La visite de Rungis est un monument de plaisir. 4h30, les premiers embouteillages, puis les pavillons tripiers, viandes de boucherie. On jettera un regard de dédain (à) ces bêtes rutilantes aux muscles parfaitement dessinés mais à la chair sans saveur, pleine de flotte, de la vache laitière industrielle qui pisse du lait toute sa vie comme une forcenée puis finit à l'abattoir, cette viande fatiguée qui nous nourrit - fast-food, plats cuisinés et grandes surfaces.
Rungis…Lire, lire encore le rêve de Pim face à ces vaches à herbe nourries en prenant le temps sur les hauteurs de l'Aubrac, ou bien la japonaise élevée en Espagne abreuvée au vin rouge, nourrie aux céréales fraiches en écoutant Vivaldi…la salive vient en bouche et l'on a envie, là, immédiatement sur le pouce, de manger une de ces entrecôtes qui n'ont pas fait trente mètres avant d'atterrir dans l'assiette.

Auteur de plusieurs ouvrages de type militant avec parfois des prises de position sur le féminisme réclamant encore à être affinées, le style convaincant de ce premier roman montre une voie dans laquelle nous espérons retrouver Joy Sorman.

Editions Folio Janvier 2014, (Gallimard 2012), 176 pages, un modeste 6,20€ soit le prix d'un bourguignon de Limousine de 600g en direct de Rungis

Lectori salutem, Pikkendorff

Lien : http://quidhodieagisti.over-..
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C'est un livre atypique, un peu fou, extraordinairement bien écrit. Je suis curieuse d'en savoir plus sur son auteure, son inspiration, sa vie. C'est un livre rare et marquant.
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Ce roman raconte l'histoire d'un boucher pas ordinaire. Pim a les mains fines, pleure pour un rien. Pas le physique de l'emploi. Mais Pim est obsédé par la viande. Il veut devenir « le meilleur boucher du monde ». Il aime les vaches – surtout Culotte – et exerce son métier avec passion. Parfois, une nuit, il compare le corps d'une femme à celui d'une bête. L'obsession grandit, le vermeil s'empare de lui… Grenat, pourpre, incarnat, carmin… le « chevalier viandard » veut mener la bataille ultime. Un roman remarquable, au sujet singulier.
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Votre enfant n'est pas doué à l'école, le collège l'ennuie profondément….. le lycée professionnel, l'apprentissage sont là, non pas comme roue de secours, mais comme découverte vers une voie royale, peut-être faite de passion !!!
Et oui, Pim est un de ceux-là. Pim s'est tenu tranquille jusqu'à la fin de la troisième, élève médiocre mais poli, discret et sans histoires. A la fin du deuxième trimestre la conseillère d'orientation lui remet une plaquette sur l'apprentissage –Pim tu sais c'est pas une voie de garage, c'est la garantie d'avoir un bon métier-, mais Pim n'a pas d'états d'âme et la plaquette promet une formation en alternance, un CAP en deux ans après la troisième, plus de 4000 postes à pourvoir chaque année dans toutes les boucheries de France, un salaire d'apprenti qui varie entre 25 et 78 % du smic et un secteur qui ne connait pas la crise. »
De plus Pim est un manuel, c'est-à-dire qu'il est doté de longues mains pâles –de pianiste, pas de boucher, lui dit souvent son père-, aux doigts effilés, osseux et agiles. »… »Il ne le sait pas encore mais ces mains lui assureront un avenir radieux »

Voici notre Pim qui entre dans le métier de boucher comme on entre en religion, et les nouveaux convertis sont les plus assidus et les plus fervents, c'est bien connu. Pim aime la viande et Joy Sorman nous promène avec un luxe de détail sur le chemin de la viande de la ferme aux boucheries en passant par les abattoirs.

Pour assurer dans ce métier de boucher, Pim assure….. comme une bête ! « Pim se rêve chevalier viandard »

Il aime son métier, mais il aime également les bêtes au point de vouloir faire partie du troupeau. Il entrera dans la chaîne non pour y découvrir une malfaçon, mais pour refaire le parcours, reprendre le chemin aux côtés des animaux, emprunter les mêmes couloirs, les suivre à la trace….
Joy Sorman est fort bien documentée sur la technique de la boucherie, que ce soit en amont ou en aval (mais pas en avalant). Les points techniques sont précis. Patrice David qu'elle remercie, à juste titre, a été un très bon mentor en ce domaine. le vocabulaire technique n'est pas froid, grâce à une écriture vivante, voire vibrante. J'y ai senti les odeurs, vu les gestes précis, entendu les bruits divers, le rouge est omniprésent tout comme le vert des prairies …. Et oui, ce livre grouille de tout ça et c'est vivant bien que ces animaux aillent à l'abattoir. « Comme une bête » est à faire lire dans les lycées professionnels, aux apprentis car c'est un hommage aux artisans, aux métiers manuels, à ces personnes qui comme Pim « n'a peur de rien, ni de la fatigue ni du froid ni du travail… »
Comme me l'a gentiment écrit Joyce Sorman dans sa dédicace (j'ai pu la rencontrer lors du Salon des Dames à Nevers : « un roman d'amour vache, une plongée au coeur de la chair, de l'autre côté des bêtes ».
Un livre que j'ai aimé lire sur le grill, à peine sorti du four du sac. Une lecture mitonnée aux petits oignons crus.

Lien : http://zazymut.over-blog.com..
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Pim est orienté vers une filière d'apprentissage qui lui permettra de ne plus s'ennuyer sur les bancs de l'école et de rapidement gagner sa vie. le secteur de la boucherie en Bretagne, ça recrute beaucoup. Pour Pim c'est une révélation, un moyen d'expression comme une activité artistique. Un amour pour ses objets de travail, une passion tellement grande aussi pour les vaches qu'il côtoie pendant sa période d'immersion chez un éleveur normand qu'il se considère comme le meilleur pour s'occuper de leurs futures carcasses, parce que l'acte de boucherie est trop important, trop valeureux pour être mal fait, pour être fait sans art et sans manière.

Ce qui frappe tout d'abord c'est cette langue poétique, flottant au dessus de la réalité, décrivant un Pim rêveur, passionné, presque envoûté. Et très rapidement, un constat s'impose : c'est très documenté, le vocabulaire très précis de l'univers de la boucherie est présent à chaque page. Impossible pour Joy Sorman d'avoir écrit avec un lexique technique sans en connaître précisément l'univers sur le terrain. Cela m'a été confirmé avec son interview visible sur Babélio. C'est pour ça que j'ai été accrochée, que j'ai lu ses lignes en sentant les odeurs de carcasses tièdes mêlées à la Javel, en voyant le travail de découpe des bouchers ou de l'épluche sur les lignes d'abattoir. Je respecte énormément le travail des employés de ces métiers de la boucherie et ceux que je peux côtoyer sur leurs lieux de travail m'ont appris sans le vouloir à porter un regard différent sur ces professions repoussantes pour une grande partie de la société.

Alors lire des mots si beaux sur un travail aussi ingrat, sur ses employés du froid, du sang, de la chair, c'est assez rare pour être souligné. A travers l'apprentissage de Pim, c'est celui de l'auteure Joy Sorman qui transparaît.
L'amour de la chair vivante, c'est l'amour du corps des femmes et du travail du muscle bovin ou porcin. Comme une bête on fait l'amour, comme un artiste on sépare les pièces de viande.
Cependant, Comme une bête n'est pas forcément à recommander aux végétariens anti abattage, ni aux effrayés de viande saignante. Rassurez-vous cependant, les abattages sont pratiqués après étourdissement de l'animal.... Ouf, pas de polémique à ce sujet !
Amour à mort, amour de la chair, aimer et tuer l'objet de l'amour, tuer pour mieux aimer.
D'abord roman autour d'un Pim différent, sensible, déterminé et solitaire, on bascule ensuite quasiment dans un documentaire sur l'univers de la boucherie.
Lien : http://chezlorraine.blogspot..
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On a envie d'enfiler les métaphores alimentaires à la lecture de Comme une bête, cinquième livre de la Française Joy Sorman - son premier «vrai» roman, de l'avis de l'auteure.

On y dévore la vie de Pim, apprenti qui se découvre une vocation pour la boucherie, qui tournera à la passion, puis à l'obsession. On absorbe le parcours à la fois intriguant et routinier de cet «homme-boucher», artiste de la chair, non violent, qui dépèce avec extase et qui a pour autre particularité de pleurer sans raison ni préavis.

On se délecte du style de Joy Sorman, très pictural, riche, hyperréaliste, parfois technique, parfois lyrique. On se gorge de mots inconnus et aussi de dégoût trouble quand Pim fait un stage aux abattoirs de Rungis, où l'abattage des porcs devient un rituel initiatique.

On se nourrit de l'amour de Pim pour les vaches, né dans une ferme artisanale. Et on avale ses réflexions sur l'abattage de masse, l'élevage à outrance, la consommation.

Bref, on se gave de quelque chose comme de la littérature anthropologique, dense, nutritive et goûteuse. Seules les toutes dernières pages nous laissent sur notre faim...
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