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EAN : 978B071GL8X3X
40 pages
(11/06/2017)
4.47/5   19 notes
Résumé :
Une nouvelle teintée de fantastique de 12400 mots. Un journaliste autrichien reçoit un appel de la part d'une très vieille dame. Elle a une « foutue bonne histoire » à lui raconter. Pendant la Seconde Guerre Mondiale, elle habitait une ferme isolée avec sa mère, son grand frère et sa petite soeur. Une nuit brumeuse, sa petite vie tranquille devint un cauchemar.
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
« Croyez-vous aux monstres ? »
Je n'y croyais pas vraiment lorsque j'ai débuté la lecture de cette nouvelle d'une petite quarantaine de pages. J'ai commencé ce récit, un peu sceptique, ne sachant pas trop où me mènerait cette histoire de goules, et puis, je me suis laissée prendre par le récit, et la fin m'a totalement pétrifiée.

Si vous ne croyez pas aux monstres, je suis sûre qu'à la fin de cette nouvelle, vous y croirez. On peut lancer les paris !

*
L'histoire se passe dans un petit village de Haute-Autriche pendant la seconde guerre mondiale.

Peter Heinze, un jeune journaliste viennois, reçoit l'appel étrange d'une vieille dame qui désire lui raconter une histoire. Son flair ne le trompe pas, le discours de cette octogénaire laisse entrevoir un très bel article.

Gisele Fromme avait neuf ans au moment des faits, un âge où tous les enfants croient en l'existence des monstres. Ils s'immiscent dans leur imaginaire, au plus profond de leurs rêves, de leurs cauchemars. Pour la petite Gisèle, les monstres prennent l'apparence de goules, ces créatures nées du folklore arabe et perse, qui vivent à proximité des cimetières et se repaissent de sang et de chair humaines. Par temps de guerre, les soldats morts au combat sont une manne et elles prolifèrent dans ces campagnes désolées.

*
Imaginez-vous enfant, vivant dans une vieille ferme isolée. La nuit est tombée, le brouillard épais enveloppe la cour d'ombres fantomatiques et silencieuses. Brusquement, le chien d'habitude placide, se met à aboyer au dehors, de manière frénétique et apeurée. Vous regardez par la fenêtre et là, se dessine furtivement une silhouette mi-humaine, mi-animale avant que la brume n'efface ses contours.

« – Gisele, votre histoire est effectivement... intéressante. Vous êtes une fabuleuse conteuse, vraiment. … Mais je dois vous dire qu'on ne publiera pas ça... Si je me présente devant mon rédac-chef avec une fable à base de goules, il va me rire au nez ou m'obliger à prendre des vacances…
– Oh, mais vous n'avez pas tout entendu, Peter. Tous les éléments ne sont pas encore en votre possession. Méfiez-vous des conclusions hâtives. »

*
Méfiez-vous des conclusions hâtives !
Cette nouvelle teintée de fantastique va petit à petit se mâtiner d'horreur en nous dévoilant l'impensable, l'intolérable, l'insoutenable vérité.

N'ayez pas peur, vous ne trouverez dans ce récit aucune description sordide, sanglante, monstrueuse, mais il y a assurément de la folie, de la peur, de la barbarie, de la cruauté lorsque se révèle l'envers du décor.

*
L'écriture de Frédéric Soulier est fluide, agréable, rythmée, pleine de suspense, sans aucun temps mort.
Le format de la nouvelle permet d'entrer de plain-pied dans le récit et de vivre, le temps d'une toute petite heure, dans une bulle ouatée d'horreur. L'auteur m'a guidée et m'a ouvert les portes d'un monde sombre, froid et implacable.

Je pensais sortir de ma zone de confort en lisant ce texte, mais en définitive, pas autant que je ne le pensais.
Le ton parfaitement juste s'adapte aux variations du récit : le départ est doux, Gisele Fromme nous accueille chaleureusement chez elle avec une bouteille de cognac et un savoureux gâteau au miel dont j'ai senti les arômes à distance. Puis l'histoire cette vieille dame commence, elle n'a pas son pareil pour nous faire voyager dans le temps et l'espace : elle nous emporte tout d'abord dans un récit de mythes puis on bascule insidieusement dans la violence et le crime jusqu'au dénouement qui m'a touchée et même complètement stupéfaite par tant de noirceur.

Que dire de cette fin ?
Le message sous-jacent qui se dévoile doucement m'a énormément plu.

*
Pour conclure, je ne suis pas adepte des formats courts, mais j'y prends de plus en plus plaisir. Après « le trou de ver dans la maison du crack », Frédéric Soulier m'a de nouveau ravie par son style et son écriture.

Je vous conseille donc vivement cette lecture, je pense que vous passerez également un très bon moment.

****
Merci Nicola, ton billet m'a permis de découvrir un auteur de talent.
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Peter Heinze, un journaliste viennois, reçoit l'appel de Gisele Fromme, une vieille dame d'un village de Haute-Autriche qui désire lui raconter une histoire extraordinaire. Assez réticent, il y va tout de même. Alors, nous remontons le temps pour nous retrouver sous le IIIe Reich, alors que la petite Gisele est âgée de neuf ans. Elle habite alors avec sa mère, son frère Jonas, seize ans, et sa petite soeur, encore en bas âge, dans une ferme isolée, où, en pleine nuit, il est aisé d'imaginer une attaque de monstres. ● La nouvelle de Frédéric Soulier est efficace et réserve son lot de surprises. On entre tout de suite dans l'ambiance de cette ferme et on comprend aisément les angoisses de la petite fille. Je ne m'attendais pas à l'évolution de l'histoire qui est progressivement révélée. Une bonne surprise que je remercie HundredDreams de m'avoir fait découvrir. J'ai envie maintenant de lire d'autres ouvrages de cet auteur !
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Ma quatrième lecture d'une nouvelle de Frédéric Soulier et je l'ai encore trouvée géniale.

Une vieille dame sollicite un journaliste pour lui raconter une histoire vécue durant son enfance.

Une histoire qui flirte avec le fantastique et une fin cruelle et surprenante.

Cette nouvelle était vraiment trop courte.
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De prime abord, le titre ne m'inspirait pas plus que ça. Pas trop envie de fantastique, crainte de "déjà vu", ou je ne sais quoi d'autre, mais bon, pourquoi pas... 40 pages, ça se mange sans faim.
J'entame donc ma lecture, comme d'habitude à l'aveuglette, sans trop savoir à quoi m'attendre. Fichue manie de ne consulter ni les quatrièmes ni les commentaires déjà laissés.
Me voilà donc partie à l'aventure. Un journaliste débordé qui fait 200 bornes pour aller écouter l'histoire d'une dame âgée, sur un simple coup de fil, avec à la clé un gâteau au miel et la promesse de lui faire croire aux monstres, je me répète, mais encore une fois, pourquoi pas.
On rentre dans le vif du sujet tout doucement, et puis ce qui semble un récit un peu décousu et abracadabrant au départ se transforme insidieusement en narration prenante dans laquelle on saute à pieds joints.
Cette fois, point de gore, rien de sanguinolent. L'horreur se glisse en nous petit à petit jusqu'au magistral final, qui m'a littéralement scotchée.
Je crois bien que Frédéric Soulier ne cessera jamais de me surprendre, et entre nous, quel régal. Je vais d'ailleurs enchaîner direct avec un autre de ses écrits. À très vite, donc.
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Goule n. féminin : " Emprunté à l'arabe gul. Selon certaines superstitions orientales, démon femelle, génie malfaisant qui déterre les cadavres et leur mange le coeur ".

V. Hugo : " Goules, dont la lèvre
Jamais ne se sèvre
du sang noir des morts !".

Voilà, le décor est planté.

Frédéric Soulier, dans cette courte nouvelle, va nous mettre face à l'impensable, l'inavouable.
Pardon, je rectifie, une vieille dame, telle une Dolores Claiborn, va nous conter ce qu'il est advenu à sa famille par une nuit de brouillard. L'innommable va prendre vie.

Il est difficile dans dire plus, sans en dire trop, tout comme il est difficile de parler du livre sans parler de l'auteur. Une chose est sûre, peu importe le thème, horrifique ou fantastique , le personnage principal de son oeuvre est et sera toujours l'Homme. Nous ne pouvons pas qualifier cet auteur d'humaniste, car il n'est pas aveugle, mais plus d'anthropologue.

D'ailleurs, pour bien vous faire comprendre ce qui vous attend si vous vous aventurez à lire du Frédéric Soulier, je vous invite à vous lever, à vous rendre dans votre salle de bain et à vous placer devant votre miroir. Souriez, profitez de l'image que vous renvoie votre reflet, et puis, une fois bien détendu, demandez-vous "où est le monstre ? "

PS : je proposerai à mes enfants cette nouvelle quand ils auront 13, 14 ans (niveau 4ème, 3 ème). Devoir de mémoire encore et toujours.


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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Je buvais mon troisième double expresso de la matinée quand le téléphone de mon bureau sonna. J'étais tellement sous l'emprise de la caféine que je décrochai avant la deuxième sonnerie.
– Quoi ?
– Peter, j'ai en ligne une dame qui veut te parler, dit Gerta, la standardiste. Une dame âgée.
– Mhhh, qu'est-ce qu'elle veut ?
– Elle dit qu'elle a une foutue bonne histoire à te raconter. C'est le terme qu'elle a employé. Une foutue bonne histoire.
Je grommelai quelque chose que seule mon ex-femme aurait été en mesure de comprendre. Des histoires, comme le disait Louis-Ferdinand Céline, tout le monde a à en raconter. Il y en a plein les tribunaux, des histoires... Est-ce que toutes méritent d'être racontées dans un journal aussi prestigieux que le Blitz ? Certainement pas, ce que ne parvenaient manifestement pas à comprendre certains de ses lecteurs qui me harcelaient pour que je raconte avec-le-talent-qui-me-caractérise leur « foutue bonne histoire ». Je devais rendre pour le lendemain un papier sur mon immersion d'une semaine dans le quotidien d'un junkie de Berlin. J'en étais sorti éreinté, fatigué physiquement et psychologiquement. J'avais vu certaines choses qui n'amélioraient pas l'image que je m'étais faite de la condition humaine. Je ne donnais pas un an à vivre à Stefan, le garçon de vingt-deux ans dont j'avais partagé l'intimité durant une semaine, et avec qui j'avais éprouvé la dure loi de la rue. Le crack, le SIDA ou un autre marginal aurait bientôt sa peau. C'était dommage, parce qu'en une semaine, j'avais eu le temps de me rendre compte que c'était un type bien. Mais Stefan n'avait pas envie d'être sauvé. Stefan aspirait à crever. J'éprouvais le besoin de traiter un sujet plus léger. On ne savait jamais…

(Incipit)
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J'allai voir l'agneau à la bergerie. Il ne bougeait pas et sa mère semblait s'en désintéresser, comme si elle avait eu honte d'avoir mis au monde un petit difforme et maladif. Je fus pris d'une immense tristesse, à la pensée que cet agneau ne saurait jamais le goût de l'herbe, ni même celui du lait de sa mère. Bon, s'il n'avait pas été malade, il aurait fini dans une assiette, mais je suis une femme née dans les années trente ; de mon temps, on pouvait tout à fait prétendre aimer les animaux et respecter toutes les formes de vie, et manger de la viande aussi souvent qu'on le pouvait.
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C'est la litière du mal, cher Peter. L'antichambre de l'Enfer. J'allais à l'école là-bas, toute seule. Deux kilomètres à pied le matin, deux kilomètres le soir, qu'il pleuve, qu'il vente ou qu'il neige, et inutile d'espérer une grève des bus pour manquer un jour d'école. J'étais une enfant assez intelligente et sociable, j'aimais apprendre, l'école est quelque chose de merveilleux, peut-être la plus belle invention de l'homme, et pourtant je m'y rendais avec une boule au ventre, une aigreur en tête, sans trop savoir pourquoi.
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Une des cages était ouverte, et le lapin qui l'habitait n'avait même pas essayé de s'échapper – notez, Peter, que quand les hommes et les animaux sont depuis trop longtemps enfermés, ils n'aspirent plus à recouvrer leur liberté, ils se résignent.
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« Voilà pourquoi je ne voulais pas que tu écoutes les sornettes de Kathi Hemann. Et dire que cette femme a six enfants... Ce n'est certainement pas elle qui leur a appris à lacer leurs chaussures ! »
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