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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
J'ai lu « Tout, tout de suite » avant le début de la remise des prix littéraires, et j'ai vraiment été étonné qu'il n'ai pas plus. le sujet est tout de même osé, et écrire tout un livre dessus l'est encore plus. Les sonorités « le gang des barbares » raisonnent encore à nos oreilles. L'horreur du crime et de ce qui l'a précédé aussi. Malgré les faits ignobles décrits dans ce livre on ne peut pas décrocher. Une fois fermé, une seule envie, le rouvrir. Il faut dire que Morgan Sportès avec son écriture froide, dur sait tenir le lecteur en haleine. Il nous plonge dans la psychologie des personnages, c'est glacé comme une douche froide et pourtant si bon.
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Il s'agit ici de l'enlèvement, de la séquestration et de la mort par une bande de « barbares », d'Élie, jeune Juif, dont le seul tort supposé était d'avoir de l'argent, parce que Juif. Élie a existé, il s'appelait Ilan.
Ce roman n'est pas un roman. C'est un reportage-roman, écrit dans une langue sèche et précise qui nous entraîne au fond de « l'horreur humaine ».
Plus précisément dans les « bas-fonds » de notre société.
Comment le « progrès » dont nous nous gargarisons a-t-il pu accoucher de tant de cruauté, de bêtise, d'inhumanité ?
L'auteur constate. Il ne donne pas la réponse. Je ne l'ai pas non plus, ou bien à peine le début du commencement.
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Un roman tout simplement hallucinant sur le côté sombre de la nature humaine, qui est capable du pire. J'ai beaucoup aimé le style de l'auteur qui a pris le parti d'une présentation brute des faits, ce qui ne fait que donner plus de relief au calvaire subi par Ilan Halimi. On reste ébahi par ces personnes qui ne prennent à aucun moment conscience de ce qu'ils sont en train de faire et où chacun se dit sa part de responsabilité est moindre par rapport à son copain. Sauf qu'il s'agit d'un engrenage dont chacun est le maillon jusqu'à la tragique conclusion. Au delà de la présentation d'un fait divers sordide, ce roman nous renvoie à une réflexion approfondie sur la violence et les dérives du "tout tout de suite" comme le dit si bien l'auteur. Un roman dont on ne sort pas indemne et tout simplement glaçant.
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à l'ère de ceux qui font des alertes à la bombe simplement parce qu'une émission de téléréalité n'a pas retenu sa candidature,

à l'ère de ceux qui n'en ont pas assez, serrés à six ou sept dans un deux-pièces

ou celle de ceux arrivés sur le sol français il y a quelques années encouragés par un gouvernement qui ne sait pas toujours anticiper

à l'ère d'une société télé réalisée sans coupure au montage, une existence sans loge ni retouche maquillage, dans laquelle on croit pouvoir échapper aux mauvaises ondes, à l'abri sous une capuche.

Terre de désespoir déguisé en rêve de manoir, médias à l'affût du moindre écart de star, scarifiée par nos regards « camérisés ».

Tout, tout de suite, hors de question de galérer comme nos parents émigrés, qui se sacrifient se saignent aux quatre veines pour permettre à leurs rejetons d'en avoir un peu, eux, de, veine. Mais pourquoi choisir la voie professionnelle et ferrée, quand avec un peu d'flair on peut dealer en toute tranquillité.

Parents au long trajet, enfant incapable de rester sans bouger sur une chaise 6 heures par jour à écouter la vie théorisée par des profs déjà blasés.

De « beuher » en braquage les liens (financiers) se créent, le respect (peur déguisée) s'installe et c'est finalement une autre société qui apparaît, qui se berce d'illusions, en vend aussi, et l'inflation accroît les besoins, le « bizness », alors quand le deal ne suffit plus on pousse le vice encore plus loin, on mélange convictions personnelles, religieuses, orgueil et préjugés dans ces cités aux noms de poètes.

Le choc est violent quand on découvre que la vie c'est pas comme à la télé, et que les « Feujs » ne sont pas tous « blindés d'thune ». Trop tard pour faire machine arrière, il faut sauver les apparences, calmer les mecs de Boboche et transformer l'intérêt personnel en combat pour le peuple ivoirien. Ça chauffe de tous côtés, les voitures crament, les nations s'enflamment, et pour couvrir les traces de cigarettes écrasées sur la peau d'Elie, Yacef l'arrose de toute sa rage, d'un peu d'éther et brûle ce qui lui reste d'humanité. de lien avec la réalité. Et les caméras prennent le relais.

« Elie, sur les portraits mortuaires qu'a pris de lui l'identité judiciaire, semble avoir trente ans de plus. Rien n'y demeure de ce jeune homme souriant, naïf [...]C'est le visage d'un adulte. Mais pas de n'importe quel adulte : d'un être qui, en quelques jours a pu faire le tour de ce que d'autres mettent une vie à cerner : l'horreur humaine. Les ans ne l'ont pas marqué, mais la bassesse d'autrui. Il a passé trois semaines à l'école du mal. Ses yeux clos nous regardent. Ils nous voient sans doute mieux que grands ouverts. Ils nous radiographient.

C'est froid, comme une cave d'immeuble en plein hiver, métallique, comme le goût du sang, aussi assourdissant que la mort annoncée. Immersion totale dans un drame d'aujourd'hui, sans fanfare ni musique dramatique, sans gros plan ni parti pris.

C'est un assemblage de faits, entrecoupés des témoignages « à venir » des principaux protagonistes, des extraits d'études sociologiques, de textes de rappeurs, de philosophes, le tout relié par l'écriture. Un roman donc. Sur une sale affaire. Réelle. Un conte de faits, comme le dit lui-même l'auteur.

(tapez « le gang des barbares » dans votre moteur de recherche pour vous remémorer l'affaire)
Lien : http://www.listesratures.fr/..
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Encore un livre acheté par hasard, à la gare, quelques minutes avant de prendre mon train. J'ai tout simplement adoré !
Un journaliste qui raconte l'affaire du gang des barbares…mais sans jugement !
Il rapporte juste les faits, rien que les faits, cite les paroles des accusés.
Il a décortiqué cette affaire et l'a reconstituée parfaitement, nous laissant confrontés à la réalité de notre société.
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Les faits, tout le monde les connaît, ou presque. le 21 janvier 2006, Ilan Halimi, jeune israélite vendeur de téléphones, est kidnappé par le « gang des barbares », bande de petits malfrats sans envergure dirigés par un certain Youssef Fofana, un délinquant originaire de Bagneux. La victime ne sera retrouvée que trois semaines après l'enlèvement, agonisant au bord d'une voie ferrée près de Sainte-Geneviève-des-Bois, dans les Yvelines. Partiellement brûlé, le corps d'Ilan porte la trace de nombreux sévices. Arrêté à Abidjan, Fofana, vingt-six ans, évoquera à la fois des motivations crapuleuses et raciales, antisémites. Tous ses complices seront rapidement arrêtés, et lourdement condamnés. Journaliste et auteur, Morgan Sportès est revenu sur l'affaire cinq ans après, décrivant de façon précise les différentes étapes du drame, depuis les premières tentatives d'enlèvement avortées en passant par le «recrutement» d'un appât féminin, jusqu'aux multiples tentatives d'extorsion. Rebaptisé Yacef, Fofana apparaît tel qu'en lui-même : à la fois cruel, manipulateur, affabulateur se croyant investi d'une mission politique et prophétique, mégalomaniaque. Les autres protagonistes de la tragédie (gardiens, tortionnaires, simples témoins, parents du jeune homme supplicié…), sont également campés avec beaucoup de vérité. Impeccablement documenté, l'auteur construit là une parfaite reconstitution, située en plein coeur des banlieues d'Île-de-France, déshumanisées et déshumanisantes. le résultat est saisissant : un tableau à la fois exact et dur de notre époque, la face cachée d'une période marquée par d'importantes tensions communautaires et sociales, une misère économique et intellectuelle croissantes. Incisif et efficace, le style de Sportès reste au service de l'intrigue, au sens où chaque élément est minutieusement dépeint, avec un grand souci du détail. L'écrivain cite également des textes de rap en exergue de chaque chapitre, et le langage des cités est soigneusement retranscrit : La « bête de meuf » entre à nouveau en scène : Zelda, cette lycéenne d'origine iranienne qu'on avait utilisée dix mois auparavant pour tenter d'appâter Raymond, à Bagneux. "Elle avait 16 ans alors. Elle en a 17 aujourd'hui, mardi 17 janvier 2006. Il fait gris, froid, elle arpente, avec ses cuissardes blanches, le trottoir à la sortie du RER Denfert-Rochereau" (p.139). Troublant et lucide, ce nouveau roman de M. Sportès reste sans doute l'un des plus intéressants de la rentrée littéraire 2011.

Article d'Etienne Ruhaud paru dans "Diérèse".
Lien : https://pagepaysage.wordpres..
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Ce roman n'est pas une fictiion .... seuls les noms des différents protagonistes ont été modifiés, les faits, eux, restent bien réels .... Il s'agit du récit de l'épouvantable kidnapping de Ilan Halimi en 2006, de sa séquestration, qui a duré 24 jours au terme desquels le jeune homme juif a été assassiné.
L'auteur prend le seul parti possible pour livrer cette histoire, un récit froid, clinique.....
Je fais cette lecture en mars 2019, au moment où la mémoire d'Ilan Halimi a été souillée par des actes antisémites.
Ce récit met en scène cette partie perdue de la jeunesse de notre pays, celle qui veut tout, tout de suite, qui n'a plus aucun repère, aucune morale, aucun respect de rien, qui fait peur ..... mais qui pose aussi beaucoup de questions sur les raisons qui ont fini par amener cette jeunesse-là jusque là...
Un livre qui fait froid dans le dos
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L'auteur, Morgan Sportès, reconstitue au travers de ce roman la genèse et l'histoire de ceux qui ont été affublé du surnom de « Gang des Barbares ». Souvenez-vous en 2006 cette histoire de kidnapping qui avait défrayé la chronique sous fond de violence, barbarie et d'antisémitisme.

Tout, tout de suite n'est pas un roman de grande littérature et usant de grandes phrases Proustiennes et de longues envolées lyriques. L'auteur s'est emparé d'un style précis, clinique, vraisemblable (certains critiques diront que le jeu du langage argotique de banlieue est trop artificiel … il ne m'a pas gêné mais lui a donné au contraire une valeur polyphonique) pour faire ressortir des vérités, essayant d'élaborer un semblant d'explication sur ce qu'a été le gang des Barbares. Les choses sont en effet rapidement remises dans leur contexte lorsque l'auteur nous rappelle que les criminels que les médias ont qualifiés de barbares en jouant sur le sensationnalisme sont avant des hommes comme les autres, des « loosers ». Etudes parfois ratés. Petits boulots à la chaîne. Avenir imprécis. Vies passées dans les tours et les banlieues parisiennes. Cette horde d'hommes comme les autres pour ne pas dire banals est menée par Yacef. Drôle de chef de bande qui rate presque tous ces coups. Charismatique, manipulateur, violent, instable, pauvre intellectuellement, c'est lui qui les rassemble et les façonne en gang. Et c'est avec ce gang qu'il se décide á kidnapper un Juif pour demander une rançon : car, pour lui, c'est une certitude : les juifs sont tous riches et s'ils ne le sont pas, ils sont une communauté solidaire. Sa vérité le conduira à kidnapper Elie.

C'est cette vérité d'un antisémitisme banal, ordinaire et malheureusement répandue au sein d'une jeunesse désoeuvrée qui servira de justification. Ils n'avaient pas encore frappé de Juifs, ils n'avaient pas brûlé de synagogue. Non, avant tout cela, ce n'était que préjugés. Rien de bien méchant, pas vrai ? Mais, il s'agit pourtant d'antisémitisme … un crime. Quant à la violence, elle est partout présente dans ce roman. Psychologique, physique. Menaces. Passage à tabac. Elle fait partie du paysage des tours de banlieue. Faites de la prison et vous serez un grand. Battez-vous et faites-vous respecter. Ont-ils conscience de la réalité ? Nul ne le sait mais il n'a fallu qu'un petit coup de pouce du destin pour les faire gravir les échelons de la violence pour sombrer dans la barbarie. A couper le souffle.

Le roman se veut polyphonique. Nous passons par les souffrances d'Elie, par les paroles des geôliers et leur revendication d'humanité (le passage du Macdo m'a tout simplement bluffé) pour aboutir à l'apogée de la violence. Par les gestes. Par le silence. Ces personnes normales, ordinaires, banales sont devenues des Démons, des monstres. Comment en sont-elles arrivées là ? Tout cela a semblé si facile ? Nous avons suivi leur ascension dans l'échelle de la violence pour finalement en arriver là. Choqué.

Ce roman ne se veut pas moralisateur. L'auteur nous laisse tout simplement là, à la fin de celui-ci. Il nous abandonne et nous laisse avec cette vérité qui fait mal, qui fait peur, qui révolte. Un bijou moderne.
Lien : http://leslescturesdespleenl..
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Critique publiée sur Senscritique (2011)

C'est une sacré claque, que de dévorer Tout, tout de suite. C'est un roman qui n'en est pas vraiment un, disons plutôt un fait divers qui avait heurté l'opinion publique et la société française il y a à peine cinq ans, raconté sous forme de récit "romancé". On y retrouve à la fois la force réaliste d'une enquête factuelle à la Truman Capote dans de sang-froid, et l'implacable mécanique du crime, mêlant psychiatrie, misère sociale, délinquance et mécanique de groupe, d'une Elizabeth George dans Anatomie d'un crime.

Tout, tout de suite, est l'histoire terrible de ce jeune homme de 23 ans, Elie, kidnappé par ceux que l'on aura ensuite appelé "Le gang des barbares". Un jeune juif attiré jusqu'à Bagneux dans un piège plusieurs fois essayé au préalable, qui aura vécu un calvaire pendant ses 3 semaines de détention. Calvaire que l'auteur a le bon goût de peu relater, peut-être par pudeur, peut-être par manque d'éléments tangibles.

On y suit la folie passée inaperçue de Yacef, un jeune ivoirien pathétique vivant en région parisienne, qui entraîne dans son sillon délirant toute une meute de désoeuvrés, pas toujours désocialisés, mais toujours faciles à manipuler ou à acheter. Ensemble, diluant le poids de la culpabilité, ils accepteront de se taire ou d'assister. On y découvre la pesante impossibilité pour les protagonistes de faire machine arrière lorsque tout est lancé, une enquête policière et une inflexibilité qui fait aujourd'hui encore débat (mais quoi de plus facile, à posteriori, que de se dire "et si on avait fait ça..." ?), une histoire tragique qui remue d'autant plus qu'elle est émaillée tout au long du récit d'éléments de l'enquête rappelant au lecteur qu'il n'est pas dans la fiction, mais bien dans la réalité. Une terrible réalité.
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Récit factuel, sans aucun pathos ni jugement, de l'enlèvement et de l'assassinat d'Ilan Halimi en 2006 par Youssouf Fofana, un français d'origine ivoirienne, âme de leader et une bande de petits voyous de la banlieue sud (Bagneux) et nord (Bobigny). le plus frappant chez ces barbares, c'est leur humanité, leurs qualités (débrouillardise, l'intelligence dans le vol de voiture par exemple), leur manque d'éducation, leur bêtise (tous les juifs sont riches). Cette affaire qui a pris des proportions symboliques n'aurait pas dû se produire mais un enchaînement de situations a conduit Fofana à la torture et à l'assassinat. En définitive, ces assassins apparaissent moins « déterminés » au sens du déterminisme que ceux de « Sang froid ». Passionnant. Comme l'a dit en substance Graham Greene, si on savait ce qui se passait réellement, on pardonnerait presque tout. Grand livre.
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