Une fois n'est pas coutume, je commence cette chronique avec un bémol. Un bémol pour l'éditeur. Celui ci annonce que
Transfert est un thriller alors que ce n'en est pas un. Et le dis lisible dès l'âge de 14, alors que je parierais gros qu'un ado de 14 ans ne saisirait ni les subtilités de langage ni le message que l'auteur a voulu faire passer dans son texte. Attention, je ne dis pas qu'un ado de 14 ans en serait incapable, j'émets juste un très gros doute sur la chose, et je destinerais plutôt le livre à des « grands » young adultes. (Ça, c'est fait !).
Venons-en au livre maintenant.
Transfert va nous donner l'occasion de faire la connaissance de Valentin et Victor, l'un promis à un bel avenir grâce à ses études à Polytechnique, l'autre visiblement destiné à ne pas faire grand-chose de sa vie, cancre de sa classe et glandouilleur de première. Et puis un jour, le destin s'en mêle. Cet accident qu'il vont avoir l'un et l'autre à la même minute, et qui, par un coup du sort, fait que leurs âmes sont échangées. Valentin devient ainsi Victor. Victor devient ainsi Valentin. Et l'un comme l'autre son amnésiques. Ils ne reconnaissent pas leurs parents, ne savent rien de leur vie « d'avant », ils ont tout oublié, jusqu'à leurs prénoms. A partir de là, l'un comme l'autre tentent de se creuser le neurone pour combler ce néant intersidéral, en vain. Il ne leur reste plus qu'un seul choix : accepter leur nouvelle vie, et tenter de s'y adapter comme ils le peuvent. Ils ont tous les deux la vingtaine, et étaient à un tournant important de leur vie au moment de l'accident, et forcément, ils vont bien galérer dans leur toute nouvelle vie. Je dois dire que j'ai eu au départ beaucoup de mal à ne pas confondre les deux protagonistes, et ce même si un chapitre entier leur est consacré, et se termine par « Nous appellerons maintenant Valentin Victor », et inversement. Il faut être très concentré dans sa lecture si on ne veut pas s'y perdre. D'ailleurs, une pause de quelques jours et hop, je ne savais plus qui était qui (non, je ne suis pas devenue amnésique !). Mais rapidement, la tête une fois bien plongée dedans,
Question bouleversement d'une vie, le roman se pose là, et pose une question primordiale : qui sommes-nous vraiment ? Ceux que nous voulons devenir ou ceux que nos parents aimeraient voir devenir ? Avec la « mésaventure » de nos deux personnages, dont on suit l'évolution de manière très dubitative (comment ils vont s'en sortir avec leurs différences ?), mais aussi avec une réflexion sur soi-même, comme si on faisait un apprentissage de la vie et de toutes les leçons qui vont avec. D'où ces questions « qui sommes-nous vraiment, que sommes nous devenus ? ».
Dans ce roman, on y trouvera des thèmes tels que notre vie, notre évolution personnelle, les choix que l'on fait et qui auront forcément un impact sur l'avenir, notre cheminement intérieur quand l'on doute de soi et des choix que l'on a faits. Ces thèmes sont d'ailleurs très bien abordés et développés par
Rémi Stéfani, avec justesse et une certaine franchise. L'auteur a manié le tout avec une grande dextérité, tout en ayant un choix littéraire très original tel que le changement de temps et de personne dans sa narration. Son livre est vraiment bien écrit, touchant, on s'attache vite aux personnages et on se demande sans cesse quels seront les choix qu'ils feront. J'y ai été très sensible et touchée, ça donnerait presque envie de tout remettre en question et de changer radicalement de vie. Chapeau bas Mr Stéfani !
Transfert, c'est un très bon cocktail, où se mélangent un tout petit soupçon d'action (très peu, il faut bien le dire), adrénaline (ben oui, quand même !), suspens et humour. C'est une histoire au coeur d'un mystère identitaire à savourer lentement, mais sûrement.
Transfert est à mettre entre toutes les mains, et à lire absolument, même pour les adultes que nous sommes. C'est une belle leçon de vie.
Ah, j'allais oublier : une citation qui m'a fait rire, avec laquelle je termine ma chronique :
(lors d'un mariage, je ne dirais pas lequel, et toc !)
« Margaux chanta un Ave Maria que le Christ aurait applaudi s'il n'avait pas les bras en croix »
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