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sur 578 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
"La Rue de la Sardine, à Monterey en Californie, c'est un poème ; c'est du vacarme, de la puanteur, de la routine, c'est une certaine irisation de la lumière, une vibration particulière, c'est de la nostalgie, c'est du rêve."
Et pourtant ce quartier pauvre, où la vie est rythmée par l'industrie de la pêche à la sardine, ne vend pas beaucoup de rêve. Dans ses rues malfamées et puantes, les habitants vivotent comme ils peuvent. Certains travaillent, comme l'épicier chinois, ou Doc, le propriétaire du laboratoire de biologie, ou encore Dora et ses "filles" au bordel du coin. D'autres tirent au flanc sans vergogne mais sans aucune méchanceté, tels Mack et ses potes bras cassés, qui dépensent leur énergie à trouver comment se remplir la panse et le gosier sans se fatiguer, c'est-à-dire sans travailler. Ce petit monde vit en bonne entente, entre les petites escroqueries et les grosses castagnes, dont les uns se repentent aussitôt et que les autres pardonnent aussi vite, puisque de toute façon elles partaient d'une bonne intention.

"Rue de la Sardine" est une chronique de la vie ordinaire d'un quartier pauvre de Californie dans les années 30. Comme dans "Tortilla Flat", Steinbeck fait la part belle à la farce et à des personnages hauts en couleurs qui enchaînent les mésaventures rocambolesques et improbables. de prime abord plein d'humour et de dérision, ce court roman est aussi une fresque sociale douce-amère dans laquelle Steinbeck met en scène des traîne-misère, personnages qui lui sont chers. Au-delà de ces cocasseries, il fait preuve à leur égard, comme toujours, d'empathie, de tendresse et d'une profonde humanité.

Empathie, tendresse, humanité... et santé: mes meilleurs voeux à vous pour 2021!
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Troisième roman de Steinbeck que je dévore (malgré la piètre qualité d'imprimerie de mon édition Folio…), troisième atmosphère distincte : celle de la Rue de la sardine, ses ambiances, ces personnages. « Mais comment les saisir sur le vif ? », se demande l'auteur dans une introduction grouillante de vie et de couleur. C'est ce qu'il s'escrimera à réaliser durant ces 200 pages, que je ne saurais mieux vous résumer qu'avec ses propres mots :
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« La Rue de la Sardine à Montery en Californie, c'est un poème ; c'est du vacarme, de la puanteur, de la routine, c'est une certaine irisation de la lumière, de la nostalgie, c'est du rêve. La Rue de la Sardine, c'est le chaos. Chaos de fer, d'étain, de rouille, de bouts de bois, de morceaux de pavés, de ronces, d'herbes folles, de boîtes au rebut, de restaurants, de mauvais lieux, d'épiceries bondées et de laboratoires. Ses habitants, a dit quelqu'un, ce sont des filles, des souteneurs, des joueurs de cartes et des enfants de putains ; ce quelqu'un eut-il regardé par l'autre bout de la lorgnette, il eût pu dire : ce sont des saints, des anges et des martyrs, et ce serait revenu au même. » (incipit)
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C'est exactement ça ! La première impression sur les personnages vient d'un regard extérieur, la seconde vient du lecteur de ce roman qui apprendra à les connaître. J'ai vibré avec Mack et sa bande de marginaux débrouillards, qui ont négocié un hangar auprès de l'épicier Lee pourtant si dur en affaires, chez qui en échange ils ont arrêté de voler leur nourriture ; J'ai appris à pêcher dix mille grenouilles dans la marre d'un officier, lui siffler son whisky et l'un de ses chiots, puis à échanger à l'épicier les grenouilles contre de quoi offrir une surprise-party à ce bon vieux Doc qui est toujours là pour la communauté ; j'ai regardé cette fête mal tourner, comme tout ce qu'entreprend Mack et sa bande de marginaux qui ont, pourtant, toujours les meilleures intentions du monde et une imagination bien trop débordante à maîtriser. J'ai regardé des gens aménager dans une chaudière et des tuyaux (?!), des écureuils déménager par manque de gonzesses, j'ai observé la communauté rejeter les siens puis pardonner, j'ai vu des gens se battre et d'autres se soigner.
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(En chuchotant :) Je vous fais une confiance, vous le gardez pour vous mais j'ai aussi entendu des gros balèzes pleurer devant un dernier poème, et j'ai moi-même été attendrie par cette communauté loufoque, soudée mais libre, qui provoque des (més)aventures improbables, où chacun tente de se débrouiller avec son business tout en respectant celui qu'il tente d'arnaquer pour survivre, où les personnages nouveaux sont intégrés dès qu'ils font le premier pas, et où on ne pleure pas ceux qui disparaissent sans explication. C'est juste la vie, et tant que les gars sont là et qu'ils sont réglo avec vous, vous donnez en retour, sans arrière pensée, sans calcul - même si parfois ça fait tourner la mayo. Cette franche camaraderie qui ne cherche pas à retenir mais donne en permanence de soi même dans la pauvreté crasse, en même temps qu'elle prend sans se gêner ou presque, va me manquer en refermant ces pages.
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Merci pour ces rencontres, Monsieur Steinbeck, ces potes attachants qu'il vaut mieux connaître en roman qu'en vrai, mais qui me marqueront pourtant. Votre Rue de la Sardine, en effet, est tout un poème et bien plus que cela encore.
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« Même à présent,
Je sais que j'ai goûté la haute saveur de cette vie,
Que j'ai vidé les vertes coupes, au grand festin.
A peine le temps d'une vie
J'ai entrevu ma bien-aimée. Et j'ai vu son corps déployer
Le flot de l'éternelle lumière. »
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Je continue tranquillement ma découverte de l'oeuvre de Steinbeck avec cette Rue de la Sardine.
La Rue de la Sardine, c'est avant tout une fresque sociale, un instant volé au temps dans un quartier pauvre de Monterey.
Steinbeck, raconte avec beaucoup de tendresse une tranche de vie de certains acteurs de ce quartier plutôt mal famé. Ici, ce sont les rois de la débrouille qui côtoient les filles de mauvaise vie et on ne peut s'empêcher de les trouver attachants .
Le personnage central, Doc, un homme empreint d'humanité et de respect envers ses congénères humains concentre autour de lui une belle brochette de personnages tous plus pittoresques les uns que les autres. La bande de Mack et de ses tire-au-flanc remporte la palme dans la catégorie sourire. Comment rester sérieuse quand Steinbeck nous raconte une improbable et fort pittoresque chasse à la grenouille ?
Cette Rue de la sardine est une histoire beaucoup plus riche qu'en apparence. On ne peut s'arrêter à l'humour certes présent dans ce livre, car la vison de Steinbeck du monde qui l'entoure et surtout celui des petites gens est pleine de réalisme même s'il y souffle un vent d'optimisme.
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Galère de lecture avec cette édition folio de 2022 où l'impression est vraiment mauvaise un peu à la façon d'une photocopie sur photocopie. Heureusement le contenu est meilleur que le contenant. Quel bonheur de relire Steinbeck grâce à une lecture commune suivie d'un joli échange sur cet auteur à redécouvrir. Des personnages attachants, de l'humour, de la débrouille pour ces jeunes fauchés mis en lumière par la beauté de l'écriture.
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Je continue tranquillement et tardivement ma découverte de Steinbeck.

Celui-ci est un roman qui m'apparaît plus mineur mais qui est néanmoins plein de charme et se lit avec beaucoup de plaisir. Il n'y a pas vraiment d'histoire et l'auteur chronique la vie des habitants de la rue de la Sardine à Monterey.

Au centre, il y a Doc, le chercheur qui fait bosser tout le monde et que tous ses voisins adorent. Il y a aussi l'épicier chinois, Dora et son bordel et surtout Mack et sa bande de bras cassés. Même s'il ne s'agit pas d'un grand roman comme A l'est d'eden ou Les raisins de la colère, Steinbeck a un talent fou pour décrire et faire vivre une équipe de « bons à rien » qu'il rend très attachants. Je dois avouer que l'épisode des grenouilles puis de la fête mémorable chez Doc m'ont fait bien rire.

La vie s'écoule doucement à Monterey, avec cette belle galerie de personnages. On s'y attache, on sourit, on rit ou on est triste avec eux.
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Monterey. Rue de la Sardine. Les uns achètent, les autres vendent, et puis il y a ce qui se passe autour de ces actes ordinaires. La description des biens, des meubles, des magasins et des odeurs plante un décor aussi burlesque que réaliste. Les non-dits, les impressions, les superstitions et les interactions reflètent la condition de petites gens que l'on dirait sans histoire.

Mais dans cette apparente banalité, il y en a bien un qui sort du lot : Doc, un "gentil" pour qui il faut organiser une fête…
Des tranches de vie qui se croisent pour un projet rassembleur. Je me suis parfois perdue mais le talent de conteur de John Steinbeck fait toujours des miracles.
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Un petit épisode du côté de la Californie chère à Mr Steinbeck, une petite tranche de vie pourrait-on dire aussi.
C'est toute une vision d'un peuple sans travail, qui essaye tant bien que mal de s'en sortir, à coups de boisson, à coups de parlotte matinale au bar du Rocher, à coups de pêche à la sardine, au maquereau, à la grenouille ou autre.
L'essentiel c'est d'essayer de vivre malgré tout, c'est la Rue de la sardine, si bien décrite et parfois si criante de vérité.
Un pur moment de délicatesse et des descriptions toujours aussi bien exprimées.
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Chronique d'une petite ville de Californie.
C'est un port qui vit de la pêche et de ses conserveries de sardines. On y trouve aussi des maisons closes, des bons à pas grand-chose, un laboratoire d'analyses de biologie marine dirigé par Doc, une épicerie tenue par Lee Chong qui sait quand faire crédit et quand refuser ou réclamer le paiement de la note. C'est aussi les grenouilles et les chats qu'on piège pour les expériences de Doc. Des fêtes réussies et des fêtes ratées… Beaucoup d'indulgence pour ceux qui ne savent pas s'en sortir.
C'est tendre et parfois cruel.
Ce n'est pas mon Steinbeck préféré mais j'ai bien aimé.

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Petit roman réaliste et chaleureux édité en 1945.

La "Rue de la Sardine" est un quartier de Monterey (Californie), ville portuaire vouée au commerce et aux conserveries de poissons. Elle est peuplée de pauvres types sans métier, sans vrai gîte, ivrognes, petits délinquants et autres chats errants. Un laboratoire maritime, un bar, une épicerie chinoise et un "établissement honnête" accueillant les coeurs solitaires, complètent un tableau noir, empli de déchets abandonnés et de hangars désaffectés empuantis par les émanations de l'industrie alimentaire.

Steinbeck, comme tous les grands romanciers américains, dépeint avec amour cette faune bariolée et très paumée. On sent le coeur palpiter sous la misère. La méfiance des uns à l'égard des autres n'est qu'une question de survie, elle n'entache pas une solidarité certaine et une absence de rancoeur pour les petits coups tordus.

Le véritable talent du conteur est de savoir conserver aux exclus leur dignité sans pour autant en faire des enfants de choeur.

C'est une lecture tonique, et justement j'ai la suite de la "Rue de la Sardine" à portée de main : c'est "Tendre jeudi".

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Quand je songe à ces lecteurs - souvent les plus jeunes, habitués à des films montés avec une broyeuse à papier - se plaindre des descriptions dans les romans, j'ai envie de leur tendre celles de Steinbeck. Car elles ont en plus le bon goût de ne pas être longues.
Page 40-41 (dans la collection Folio) : Doc ramasse des animaux marins dans le Bassin des Grandes marées. Steinbeck nous décrit en une page et demi un monde fantastique où tout ce monde sous-marin s'entredévore avec un luxe de voracité et d'ingéniosité. Ces petits êtres qu'on écraserait sans s'en rendre compte deviennent sous sa plume des Léviathan.
Page 88-89 : Mack et ses acolytes embarquent dans un camion Ford pour une chasse à la grenouille nocturne dans la rivière Carmel. En une demi page, Steinbeck croque cette rivière avec un art consommé de peintre et conclut ainsi : "elle réalise en somme l'idéal parfait de la rivière".

Ce livre n'est pas vraiment un roman. Plutôt une chronique. Celle des pauvres, des marginaux, saisonniers, prostituées, petits délinquants, marée de ce que la Grande Dépression a rejeté sur les rives de Californie. Mais rue de la Sardine, ce ne sont pas les accents bibliques des Raisins de la Colère qui résonnent, juste les rires avinés des compagnons d'infortune qui n'ont pour seul luxe et pour un temps seulement les menus plaisirs de la vie.
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