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4,02

sur 578 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Il y a deux Steinbeck : celui de Tortilla Flat, et celui des Raisins de la Colère. Celui des Souris et des Hommes et celui de Rue de la Sardine. Là où il sait dépeindre avec gravité et poésie les malheurs terribles endurés par les plus démunis pendant la Grande Dépression, il parvient aussi à en rire et à savoir apprécier l'ivresse des soirées arrosées à la bière entre amis. Il y a deux Steinbeck, mais aucun n'est plus John que l'autre.

Le plus important, c'est que finalement il raconte la même chose sous ces deux angles. La façon dont la société maltraite les plus pauvres, la façon dont elle les broie implacablement. Parfois il décide de se révolter, parfois il décide d'oublier en riant dans l'alcool. Face à l'absurdité du monde, quelle est réellement l'attitude la plus noble ? Il décide de ne pas choisir, et comment lui donner totalement tort. Nous sommes nous aussi alternativement celui qui voudrait porter haut l'étendard des luttes les plus justes, et celui qui baisse les bras et s'enivre, que ce soit d'alcool ou d'autres addictions qui ont pour but de nous aider à survivre aux lendemains qui déchantent.

En furetant un peu j'ai appris en plus que le plus noble des personnages hauts en couleur de cette rue de la Sardine, le Doc poète, amoureux de musique classique, n'ayant pas renoncé à tenter de séduire les femmes plutôt qu'à les « consommer » au bordel du Drapeau de l'Ours chez Dora, que ce Doc tellement généreux qu'il pardonne christiquement à ceux qui l'ont le plus offensé, est en fait inspiré d'un des meilleurs amis de Steinbeck, Ed Ricketts. le Laboratoire, lieu pourtant le plus improbable de cette Rue de la Sardine, avec ses bocaux remplis d'étoiles de mer, de crabes ou de grenouilles, est en fait le plus réel de tous ces lieux et peut encore être visité à Monterrey.

Cette aura de réalisme qui nimbe cette reconstitution baroque d'une ville côtière de le Californie, c'est la petite touche qui manquait pour rendre encore plus touchant ce roman de Steinbeck, et lui donner le sceau de chef d'oeuvre qu'ont déjà atteint pour moi ses autres oeuvres. le final festif où se mélangent beuveries et lecture de poésies est parfaitement à l'image du personnage Steinbeck, attachant comme peut l'être un frère de coeur.
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Rue de la sardine Monterey, publié en 1945.
Monterey est un port californien connu pour ses conserveries de sardines . C'est la pêche , les bancs de sardine qui rythment la vie de Monterey . Comment vous parlez mieux que l'auteur de cette Rue à nulle autre pareille: "La rue de la Sardine, à Monterey en Californie, c'est un poème; C'est du vacarme, de la puanteur, de la routine, c'est une certaine irisation de la lumière, une vibration particulière, c'est de la nostalgie, c'est du rêve. " le décor est planté reste à faire la connaissance des habitants . L'épicier Lee Chong celui chez qui on trouve tout ce dont on a besoin, surtout celui à qui toute la rue doit de l'argent. A côté Mack et ses amis habitent le Palais des coups, de l'autre côté du terrain vague Dora tient le Drapeau de l'ours lieu de rencontres incontournable , et puis de l'autre côté de la rue habite Doc le propriétaire du Laboratoire Biologique de l'Ouest. Les temps sont durs, l'argent manque à tous mais avec alcool, bonne humeur et joie de vivre il semblerait qu'on vive pas si mal que cela Rue de la Sardine. ... Alors bien sur dans ce court roman Steinbeck use et abuse d'un ton enjoué, de péripéties cocasses mais ne vous y fiez pas trop , Steinbeck une fois de plus nous parle des plus pauvres, des démunis . Quelle plume , quel roman !
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Venez les potes, venez les copains, les filles, les paumés, venez chiens, chats, grenouilles qui croassent la nuit, venez même ceux qu'on connait pas à la fête de Doc, rue de la Sardine! Et pis si on se connait pas et que ça s'passe mal, on se foutra sur la gueule, Mack s'en charge, y sera pas seul de toute façon car chez les filles, y'en a quelques-unes pleines de courage, sans parler des potes, et même Doc, oui même lui pourrait s'y mettre s'il est de bonne humeur!
Rue de la Sardine, c'est pas dur à trouver: Californie - Monterey. A l'aéroport, louez ou empruntez (c'est mieux) une vieille camionnette cabossée et laissez-là vous mener à travers les rues jusqu'à ce que petit-à-petit les mauvaises herbes envahissent les trottoirs, que les grandes maisons cossues laissent la place à des cabanes et des bâtiments croulants. La plage n'est pas loin, une plage encore sauvage aux embruns salés où vivent toutes sortes de petites bestioles qu'on vient ramasser pour Doc. C'est le soir, des rires et des éclats de voix sortent d'une grange, vous descendez de la camionnette et jetez un oeil: des hommes sont affalés sur de vieux canapés éventrés, jetant des morceaux de viande à une jolie petite chienne enthousiaste. Vous êtes arrivés: la lumière solitaire qui brille, un peu plus loin, c'est chez Doc, et cette silhouette derrière la fenêtre qui va-et-vient tranquillement un livre à la main, c'est lui, le scientifique de la rue de la Sardine, un homme un peu spécial et aimé de tous. Il se prépare pour son anniversaire-surprise. Courez lui acheter un cadeau chez Lee Chong, c'est la caverne d'Ali-Baba chez lui et si en route vous croisez les filles de Dora, celles du bordel, faites-leur un gentil sourire, elles les méritent!
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Un livre doudou, à lire et relire en ronronnant les jours de grisaille.
"La rue de la sardine" est un univers entier, et par commodité je le range dans un monde parallèle affranchi du temps afin de pouvoir le réactiver à loisir : un climat de bout du monde et de bord de mer, un bazar foutraque fait d'hommes dolents et jouisseurs, de grenouilles et whisky, de beuveries joyeuses et de noblesse d'âme, où l'épicerie De Lee contient toutes les besoins matériels et où le bordel de Dora tient lieu d'église.
Toute l'humanité douce amère de Steinbeck dans ce petit livre qui fait du bien.
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Je ne suis pas mécontent d'avoir lu "Rue de la Sardine", bien au contraire !... Je ne connaissait jusqu'alors de Steinbeck que le sublime "Des souris et des hommes", où, à chaque page, affleurait la psychologie de personnages que Steinbeck avait su décrire avec une humanité exceptionnelle. Nous avons là un texte bien différent…
Dans ce roman truculent, le célèbre auteur américain, a mis un art rare pour décrire avec couleur l'univers de la rue de la Sardine. J'ai eu en outre l'impression, qu'il n'est pas facile de transmettre en littérature, du temps qui passe.
Certains passages sont d'une rare beauté, et puis… Il y a l'inventivité de Steinbeck, cette inventivité rare, magique, puissante…
Et, en plus, cet homme avait le sens de la formule !...
Bref, un roman très différent de "Des souris et des hommes", mais néanmoins intéressant, d'une manière différente !...
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Imaginez le petit port de pêche de Monterey en Californie dans les années 1930. La grande dépression est passée par là et chacun essaie de survivre avec les moyens du bord. On va faire connaissance de la rue de la sardine. Là, vous avez le terrain vague, en face, la boutique de Lee Chong, un dur en affaires, plus loin, la maison close de Dora qui accueille les marins en escale et quelques habitués. Juste à côté, le laboratoire biologique de l'ouest, tenu par le Doc au grand coeur (il faudra qu'on fasse quelque chose pour son anniversaire), vous trouverez aussi l'ancienne chaudière de l'usine Heliondo convertie en maison d'habitation pour le couple Malloy, ils y entrent par la porte du four, le problème, c'est qu'il n'y a pas de fenêtre alors que Madame Malloy voue une véritable passion pour les rideaux. Avec les tuyaux de l'ancienne chaudière, on y logera quelques pauvres, un bout de carton de chaque côté. Et puis, il y a la grande batisse où l'on remisait autrefois la farine de poisson dans laquelle logent une bande de pieds nickelés sous la houlette de Mack.
Quand on ne peut pas payer quelques courses chez Lee Chong, on règle ses dettes avec une vieille voiture ou avec des grenouilles de la rivière Carmel qu'il pourra revendre, le taux de conversion est de vingt-cinq grenouilles pour un dollar mais il paraît que le marché des changes n'apprécie pas trop ce nouveau système monétaire.
Donc voilà, le Doc est tellement généreux avec tout le monde qu'il faudrait lui organiser une grande fête pour son anniversaire, mais comme on est tous plus ou moins fauchés, il va falloir user de débrouille et d'imagination. Si chacun met la main à la patte, Mack et ses gars, les filles de chez Madame Dora, les Malloy, Lee Chong et tous les autres, ça devrait être possible…

Un portrait social de la Californie des années 30 que Steinbeck dépeint avec une grande générosité et un certain humour. On se serre les coudes dans la galère, même si l'on n'atteint pas toujours ses buts, souvent à cause des ravages de l'alcool, c'est pas grave, demain, il fera jour et l'on va se refaire !
Dans l'esprit de Tortilla Flat pour celles et ceux qui ont aimé.

Challenge Multi-Défis 2023.
Challenge Riquiqui 2023.
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La Rue de la Sardine c'est un poème.

La Rue de la Sardine c'est du bruit, des odeurs, des écureuils fouisseurs, des chats qui s'ébattent furtivement.
La Rue de la Sardine c'est le Laboratoire de Doc, la maison de passe de Dora, c'est le Palais des Coups avec Mack et ses copains.
Ce sont les chasses à la grenouille pour faire plaisir à Doc, ce sont les compromis faits par chacun, pour vivre mieux, en parfaite harmonie.

La Rue de la Sardine c'est toute une ribambelle de personnages avec leurs tristesses, leurs bagages, tous aussi attachants les uns que les autres. Une petite et grande communauté décrite à merveille par notre Steinbeck, avec sa prose reconnaissable entre toutes.
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Vers 1930 - Californie
John Steinbeck excelle à nous raconter la vie des habitants dans ce petit quartier à Monterey, près de l'océan. Il y a d'abord Lee Chong, l'épicier chinois, et Doc, responsable du laboratoire de biologie marine.
Il y a aussi toute une équipe de "bras cassés" qui vivent  dans une usine désaffectée, propriété de Lee Chong : dans l'équipe il y a Mack, Gay le mécano de génie et quelques autres : Eddie, Hughie, Hazel...
La bande de comparses, espèces de de pieds Nickelés, pas piqués des hannetons, décident un jour d'aider Doc. Doc n'est pas docteur,  son boulot c'est essentiellement de ramasser des étoiles de mer, des poulpes et autres curiosités marines pour des instituts de recherche. Il est très apprécié dans le quartier et les gars décident d'organiser une grande fête : pour cela il faut gagner de l'argent et les lascars gardent rarement un boulot plus d'une semaine ....Leur façon de se procurer de l'alcool m'a fait sourire, l'expédition en Ford T de Mack et de ses amis à elle seule vaut le détour :  un précis de mécanique hilarant comme on n'en fait plus :-).
Sous des dessous légers, il y a aussi une réflexion "philosophique" sur le monde dans lequel nous évoluons : le passage de la pêche à la grenouille au système monétaire  m'a donné le fou-rire, ce qui n'est pas si fréquent...(p135)

Un roman assez court, 200 pages, mais à la fois très drôle et plein de tendresse pour ses personnages. En parlant de tendresse, la suite de cet opus s'appelle "Tendre jeudi" (Je connais ma prochaine lecture de Steinbeck)
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J'ai enfin visité la fameuse Rue de la Sardine et rencontré ses inoubliables habitants.
« Ses habitants, a dit quelqu'un: « ce sont des filles, des souteneurs, des joueurs de cartes et des enfants de putains »; ce quelqu'un eût-il regardé par l'autre bout de la lorgnette, il eût pu dire: « ce sont des saints, des anges et des martyrs », et ce serait revenu au même. »

Ce petit bijou n'est pas un roman à intrigue. C'est plutôt une succession de chroniques pour raconter la rue et ceux qui la peuplent, une fresque sociale d'un quartier pauvre d'un port de pêche.
Steinbeck réinvente le concept de famille et en élargit les frontières avec son amour flagrant pour l'Homme et sa capacité à faire ressortir le meilleur de chacun.

Personne n'est seul Rue de la Sardine, pas même les paumés ou les prostituées, les peintres démunis, les biologistes au grand coeur, les handicapés mentaux ou les commerçants immigrés. Même les chiens et les grenouilles sont traités avec décorum dans ce portrait pittoresque de la camaraderie. Rue de la Sardine, les bons, les foireux, les idiots, les gentils, les putains, les moralement douteux et les apparemment justes sont les rois.

La dignité ici c'est le soutien réciproque entre habitant, la loyauté désintéressée et l'acceptation humble des faiblesses de la condition humaine. Comme par une sorte de magie, le milieu peu attrayant des cabanes en ruine devient un lieu enchanteur où les gens vivent pour eux-mêmes et n'ont besoin que de très peu pour atteindre la sérénité d'esprit.

L'intensité tragi-comique de la vie de ces personnages parfois réprouvables est juste magnifique. Les tribulations quotidiennes de ces maladroits est raconté avec une authentique tendresse capable de transpercer les peaux les plus épaisses. Regarder le monde à travers les yeux de Steinbeck me fait décidément un bien fou.

Traduit par Magdeleine Paz
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Désormais John Steinbeck est pour moi est un auteur refuge. Je sais ce que je vais y trouver et je vais m'y plaire. Rue de la Sardine, c'est un nouveau voyage. Roman chronique sans vraie intrigue, il n'en demeure pas moins que cette histoire m'a emporté.

Rue de la Sardine. Ce titre va très bien à ce roman. John Steinbeck est parvenu à restituer une narration omnisciente qui focalise, de chapitre en chapitre sur différents personnages dont les parcours se croisent, se nourrissent. C'est un vrai régal de parcourir les rues de ce village. Rien que de ce point de vue, Rue de la Sardine montre une maitrise fabuleuse. La focale survole cette univers, zoome sur un des personnages, nous le dévoilent dans son naturel, revient à un angle plus large et ainsi de suite.

L'humanité des personnages ajoute une teinte naturelle, évidente au récit dont la drôlerie allège encore plus un texte dont la dramaturgie tient dans un évènement tout à la fois absurde et sensible. Je me suis mis la pression tout seul en envisageant la possibilité du drame.
La suite sur le blog…
Lien : http://livrepoche.fr/rue-de-..
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