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sur 1072 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Il y a dans l'oeuvre de Steinbeck plusieurs manières de le percevoir et d'apprécier son écriture. D'un côté, celui qui a écrit des livres lourds de thématiques sur la misère sociale, les dégâts de la Grande Dépression, et l'autre celle où il décrit de joyeux lurons qui vivent de gallons de vins, de bagarres et de vols. Pourtant, à bien y regarder, nous retrouvons les sujets qui sont propres à cet auteur.

Les situations dans Tortilla Flat prêtent souvent à sourire, tant par les dialogues, que par les nombreuses déconvenues qui arrivent à nos compagnons. Cette bande de copains passe leur temps à boire, discuter, et à faire preuve d'ingéniosité pour avoir leur dose d'alcool. Ce qui les mène fréquemment à des situations extrêmes, fantasques, et complètement insolites. Nous suivons leurs aventures comme une série TV, esquissant un sourire à toutes les idées saugrenues qui les traversent. Cependant, malgré leurs nombreux défauts, l'amitié règne entre eux, et l'amour qu'ils se portent font intégralement la force de ce groupe. Ce sont des hommes de peu, qui vivent de rien, épris d'une folle liberté, l'avenir n'existe pas pour eux, ils vivent dans un présent immédiat.
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John Steinbeck est un affreux petit magicien auquel je vous déconseille de vous frotter jamais. En effet, il est bien capable de vous envoûter, l'animal, et vous n'en sortiriez plus, jusqu'à la fin des temps. Car il est comme ça, John Steinbeck, soyez-en sûrs, et l'on ne se méfie jamais suffisamment des enchanteurs de grands chemins de la littérature tels que lui.

En ce qui me concerne, à chaque fois que revient l'été et qu'un soleil étouffant m'accable (j'ai encore un peu de temps pour cette année), que je me traîne telle une limace exsangue avec pour seule idée fixe l'envie de me vautrer et de siroter quelque boisson, je repense invariablement à Tortilla Flat.

Mais faire la critique de Tortilla Flat est pour moi un exercice périlleux. Premièrement parce que je n'ai pas relu le livre récemment, et ce n'est que par l'entremise des « petites mains » ou logiciels de Babelio qui ont eu le désir et le loisir de supprimer ma critique au cours du dernier mois que je me retrouve à devoir la réécrire aujourd'hui avec pour seul matériau, des souvenirs flétris et des couleurs passées.

Alors certes, le livre est encore bien présent à mon esprit, mais je ne viens pas de le reposer donc, mon cerveau peut vraisemblablement en altérer certains traits et en sur-exprimer beaucoup d'autres. Vous me pardonnerez peut-être et remercierez les bons offices de Babelio pour moi.

Deuxièmement, Steinbeck est probablement l'un des auteurs, pour ne pas dire L'Auteur que je préfère, donc, pas facile, facile d'avoir l'air objective, n'est-ce pas ? Troisièmement, Tortilla flat est, de par son sujet et de par son traitement, très différent, ce me semble, du style « ordinaire » de l'auteur.

À la lecture de certains commentaires, je comprends mieux l'indignation de John Steinbeck et sa décision de ne jamais plus écrire sur les Paisanos de Monterey. Ses contemporains ont interprété son livre dans les années 1930 comme une moquerie en règle, voire, une certaine forme de mépris pour ces habitants dont le sang est à forte proportion amérindio-mexicaine et pour lesquels il nourrissait une réelle sympathie.

En effet, c'est avec beaucoup de tendresse et une bonne dose d'humour que Steinbeck dépeint ces drôles de drilles et certainement pas pour s'en moquer, un peu à la manière d'un Pagnol qui se fout gentiment des Marseillais mais qui nourrit un profond respect et un amour vrai de leur âme.

Pour être franche, je n'ai réellement compris ce que John Steinbeck avait voulu exprimer dans Tortilla flat que lorsque j'ai moi-même côtoyé des Amérindiens pendant une année. À la première lecture, j'en étais restée au cocasse, au côté décalé de ces gais lurons, dont l'essentiel du raisonnement tourne toujours plus ou moins autour d'un gallon de pinard.

Mais en vivant auprès des peuples amérindiens, à voir, en chair et en os, des gens qui sont tout sauf adaptés au système dominant, qui sont heureux quand ils peuvent se retrouver entre copains et se mettre une bonne cuite, qui n'ont aucune espèce de notion de ce que ça peut être que la rentabilité, l'intérêt, la prévoyance, les réserves, un travail fixe ou encore la ponctualité, mais qui jouissent, en revanche de nous, d'une forme d'insouciance continuelle, d'une joie de vivre dans le dénuement et d'une confraternité très enviable, j'ai vu plus clair dans le message de Steinbeck.

(Bien que, vous l'imaginez sans peine, même parmi de telles gens peuvent toujours se faire jour des querelles — d'ailleurs souvent pour les motifs les plus incompréhensibles de ce côté-ci de l'Atlantique.) Eh bien là, d'un coup, mes souvenirs de Tortilla flat ont refait surface, et je me suis dit : « Comme c'est juste ; comme il a su trouver la bonne façon d'en parler, avec humour, avec certains traits un peu caricaturés, mais dans l'ensemble si réalistes. »

Du coup, j'ai également compris ce choix de narration, si empreinte d'une certaine naïveté. Cela colle si bien au tempérament des Paisanos qu'un autre mode d'énonciation eût été moins bien approprié.

Il ne faut surtout pas chercher une histoire ou une morale à ce livre. Dites-vous simplement que l'auteur va vous parler de gens, qui, dans l'ensemble, ne réfléchissent pas comme vous et moi, qui considèrent qu'ils ont sauvé leur journée quand ils ont réussi à se gonfler la panse de victuailles (c'est bien), et de vin (c'est mieux).

Si par revers de fortune il n'y a que du vin, ils ne vont pas en faire une maladie, par contre, s'il n'y a ni victuailles ni vin, ils vont s'ingénier, faire fonctionner leurs bras, voire même leur cerveau pour combler cette lacune.

C'est une vie sans calcul, d'aucune sorte. Donc, lorsque le hasard d'un héritage fait de Danny un propriétaire, c'est tellement loin des préoccupations ordinaires du groupe de copains, c'est une telle révolution de leurs habitudes qu'on comprend que l'ordre ne reviendra qu'à partir du moment où Danny aura tout perdu et qu'il pourra retourner à ses rigolades et pochetronneries quotidiennes avec ses potes.

Pour illustrer cet état d'esprit, je vais prendre un exemple que j'ai réellement vécu avec des Amérindiens. Lorsqu'on vous donne par exemple rendez-vous « demain », cela peut signifier « dans une heure », « ce soir », « dans une semaine », « dans un mois », « jamais de la vie, tu peux toujours courir » voire, très, très, très exceptionnellement, « demain ».

Eh bien les Paisanos de Monterey c'est ça, c'est exactement ça ! L'esprit du quartier nommé " Tortilla Flat ", c'est ça ! Des gens qui n'ont pas du tout la même vision de la vie que la nôtre, cette vie que nous subissons plus que nous ne la vivons, où l'on déprime dès qu'on perd son emploi, où l'on a la bougeotte dès qu'on est trois jours sans aller travailler, où l'on court toute la journée (d'ailleurs pour pas grand-chose, bien souvent).

Bref, voilà ce que je peux vous dire de ce livre, c'est drôle et pathétique à la fois, c'est presque un témoignage ethnographique urbain sur une communauté et un quartier qui a dû bien changer à présent. C'est un drôle de document sur une façon de vivre probablement disparue de nos jours à Monterey, mais qui a existé du temps de Steinbeck, il n'y a pas de raison d'en douter, et que l'on peut encore rencontrer en voyage, deci-delà, auprès de populations, pas du tout « dans le système » et qui doivent bien rigoler à nous voir courir tout le temps. du moins c'est mon avis tortillé et plat, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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Tortilla Flat raconte les aventures de Danny et ses amis paisanos, vagabonds dont la vie est uniquement rythmée par le cycle du soleil.
Leur principale préoccupation étant de trouver/troquer/voler un gallon de vin pour la soirée, et idéalement un morceau de viande pour l'accompagner.
Chaque chapitre constitue une aventure, souvent drôle, et bien que ce soit souvent aux dépens des paisanos, Steinbeck fait ressortir toute la beauté de leur humanité, leur fraternité.
Ces thèmes sociaux si chers à l'auteur.
A noter d'ailleurs que l'aventure de Pilon et des pantalons de Big Joe m'a beaucoup rappelé le duo de Lennie et George, peut-être les prémices de l'oeuvre Des souris et des hommes !
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TORTILLA FLAT de JOHN STEINBECK
Comme souvent avec STEINBECK on est en Californie, Danny hérite de 2 " maisons ". Seulement il ne se sent pas propriétaire alors il loue à des copains qui bien sûr ne payent pas vu qu'ils sont tous fauchés et ne travaillent pas, par contre ils ont de grandes idées sur la morale ! Un bijou d'humour dans le drame quotidien de leur vie.
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Steinbeck a choisi de peindre la petite société, disons, encore moins, les misérables, les clochards, les ivrognes, ceux qui n'ont rien et que quelques centimes de dollars réjouissent pour... s'acheter du vin...
Mais il y a une profondeur magnifique dans ce roman qui est une longue ode à l'amitié. Celui qui hérite partage immédiatement mais il ne sera heureux que lorsqu'il sera avec ses amis. La pauvre femme qui n'a plus de quoi nourrir ses quinze enfants recevra le soutien des missionnaires de l'amitié.
Un roman très touchant, on est ému par la sincérité, la bonté des personnages qui montrent une coordonnée fondamentale de la nature humaine: le besoin d'amis.
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Si Huckleberry Finn et Tom Sawyer avaient eu un deuxième papa, il s'appellerait John Steinbeck. Pourquoi ? Parce que la soif de liberté, l'ironie constante et l'impossibilité de trouver un personnage très très méchant dans Tortilla Flat est inconcevable.

Et je sais pas d'où ça m'est venu mais si Wes Anderson se mettait à faire sa version de O'Brother, ça donnerait un peu ça (aussi).

Une narration fluide, qu'on sent couler comme du vin pas cher mais qui met bien bien ben. La définition de l'Amitié à l'état pur avec ses chagrins d'amour, ses bagarres, ses envies de protéger, de partager, de raconter des histoires de fantômes, de prévenir, de guérir, de voler. BREF la putain d'Amitié qu'est pas donnée à tout le monde.

L'histoire de Danny et ses compères. Des paisanos, des petits gars simples mais doués de réflexion. Leur réflexion surtout. Des logiques implacables qui permettent au lecteur de rigoler à haute voix dans le métro comme si on était dans la même cabane que les héros à partager un bon gallon de pinard de derrière les fagots.

Danny hérite de deux maisons dans un quartier pauvre de Californie, devient malgré lui propriétaire et prend l'ascenseur social dans la ville où .. Non attendez. En fait Danny s'en branle totalement. Il veut juste être libre, boire du vin et avoir ses copains sous la main. Pour le reste, le feu et l'ennui s'en chargeront.

L'histoire du Pirate et de ses chiens, de trésors enfouis qu'on retrouve le jour de l'année où les esprits laissent des lueurs bleues dans la forêt. de Pilon, crapule de naissance qui sert à la fois de bonne et de mauvaise conscience, de Jésus Maria le bon samaritain toujours prêt à filer un coup de main, ... une camaraderie pittoresque qui dénonce les injustices sociales, qui profite des femmes de petite vertu et les couvrent de cadeaux.

Je savais pas trop comment imaginer le mot allégresse quand je l'avais écouté pour la première fois. En fait maintenant que je me rappelle de la définition je sais que c'est exactement le sentiment qui se dégage de ce foutu bouquin !

Lien : https://www.instagram.com/lo..
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Décidément, Danny est un brave type. Alors qu'il vit de trois fois rien, il hérite de deux maisons dans le quartier de Tortilla Flat, il va s'installer dans l'une des deux et louer l'autre à un ami de beuverie, première erreur car il ne verra jamais tomber le moindre loyer. Son prétendu locataire va culpabiliser et lui trouver quelques bouteilles en guise de remerciements, avec Danny, ça passe. Si encore cela en restait là… Il va dépanner un deuxième, puis un troisième, puis un encore, et un autre avec ses cinq chiens. Et quand la maison à louer aura brûlé, toute cette charmante troupe va élire domicile chez Danny en rapportant un soutien-gorge trouvé je ne sais plus où, comme-ça, Danny pourra l'offrir à sa compagne du moment, avec Danny, ça passe !
Bref, une bande de pieds nickelés dans les années 30, un seul travaille, les autres se lèvent à midi et s'installent au soleil pour la sieste, le soir, on boit quelques gallons de mauvais vin piqués chez Torelli qui tient le débit de boisson et qui se fait arnaquer du début à la fin du roman, qui se fait dépouiller de son mobilier et sa femme de sa vertu. La soirée se termine par des chants et quelques bagarres.
Une ode à l'amitié chez les marginaux de la côte ouest qui n'est pas sans rappeler les compagnons de la grappe de John Fante ou l'oeuvre de Charles Bukowski.

Un petit passage pour finir qui donne une idée de l'humour de l'auteur:
“Moralement, voici comment on peut graduer les bonbonnes. Juste au-dessous de l'épaule de la première bouteille, conversation sérieuse et concentrée. Cinq centimètres plus bas, souvenirs doux et mélancoliques. Huit centimètres en dessous, amours anciennes et flatteuses. Deux centimètres de plus, amours anciennes et amères. Fond de la première bouteille, tristesse générale et sans raison. Épaule de la seconde bouteille, sombre abattement, impiété. Deux doigts plus bas, un chant de mort ou de désir. Encore un pouce, toutes les chansons qu'on connaît. La graduation s'arrête là, car les traces s'effacent alors et il n'y a plus de certitude : désormais n'importe quoi peut arriver”.
Je rappelle à cette honorable assemblée que l'abus d'alcool nuit gravement à la santé. Un verre, ça va, 3 verres, bonjour les dégâts.
Encore un grand Steinbeck.

Challenge Multi-Défis 2022.
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La meilleure arme contre les confinements, la déprime ou les conférences de Jean Castex est un des livres préférés de Georges Brassens.

Ici point de calcul. On vit au jour le jour. On ne cherche qu'à manger et boire des galons de vin, le plus possible. On aime vivre à l'air libre, dans les forêts, on aime voler sa nourriture si besoin. On ne demande rien, ou si peu: de la tranquillité et du soleil.

Alors quand Danny hérite de deux maisons, tout change. Sa vie nomade et céleste se retrouve totalement bouleversée. Désormais il devra entretenir sa maison, ses comptes et tenter de conserver sa situation de propriétaire. Autant vous dire que cela sera très difficile. Il n'est pas seul dans sa tâche, il est aidé par des va-nu-pieds aussi avinés que possible qui ne comptent qu'en galon de vin, unité monétaire de Tortilla Flat.

Il y aura du soleil, des fêtes, des bagarres, des filles, un Pirate et ses chiens (dont l'intraitable Señor Alec Thompson ), beaucoup d'alcool, du feu.

Tortilla Flat est un livre qui brûle à l'alcool, les copains d'abord.
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tortilla flat de Steinbeck parle de la Liberté , une et des libertés qui n existent plus en 2021 . Certes parfois les "alcoolos" , " vauriens ", hommes vulgaris ordinaires vulgaires "que sont les personnages font de la prison mais jamais longtemps ; ils sont trop attachés férocement à cette liberté si légère : dire ce que l on veut , penser ce que l on veut , debattre de ce que l on veut , croire à ce que l'on veut , d aimer qui on veut quand on veut . La musique" libiamo ne' lieti calici "pourrait être écoutée et pourquoi pas chantée en lisant ce roman . Il n ' y a pas de vraie méchanceté dans ce drôle de livre , tous les personnages sont fraternels entre eux . Malgré la fin triste on sort amusé, délesté d un poids .
Il y a des codes religieux des profondeurs , des élans de tendresse , des pamplets et des histoires philosophiques que tous les personnages auront oublié dans le vin le lendemain , on retrouve l intensité de steinbeck dans la légèreté des habitants de tortilla flat . Une savoureuse et IRRESPONSABLE LIBERTE est racontée , partagée et à partager .
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Un petit roman qui m'a marqué profondément, plein de tendresse et en même temps d'un terrible réalisme, notamment à la fin. Ses personnages sont à la fois drôles, méchants, jaloux ou bien généreux. Une ode à l'amitié mais aussi à la nature humaine et à ses complexités.
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