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3,87

sur 1049 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Le rêve américain n'est pas celui du paisano
Danny apprend à son retour de la guerre qu'il a hérité de deux maisons à Monterey, village de pêcheur en Californie.
Si beaucoup rêvent de devenir proprio, la seule ambition de Danny, sang mêlé coupé au vin, est de vivre sans entrave, pauvre mais libre, entouré d'amis qui vagabondent dans l'oisiveté et l'ivresse.
Il va louer une maison à l'un de ses amis, Pilon, pas totalement marteau mais bien fauché, qui va être rejoint par une bande de loosers magnifiques, chevaliers de la table, ronde ou carrée, peu importe, tant qu'elle est garnie de gallons d'alcool, la monnaie locale. Dany n'est pas le roi Arthur, mais en cherchant bien sous les fripes volées qui font office d'armures, Steinbeck, ce fabuleux portraitiste des gens simples, pare ces pieds nickelés de valeurs chevaleresques avec quelques aménagements gouailleurs : l'honneur qui ne rime pas avec honnêteté, la fidélité… seulement en amitié, la pureté… qui n'est pas sobriété et la bonté… non, là il ne faut pas exagérer.
Chaque chapitre de ce roman relate avec truculence une anecdote, une aventurette, ou des épopées imbibées qui fixent les petites pierres sur le chemin des amitiés durables. de l'incendie d'une maison à la recherche d'un magot caché, de l'organisation d'une fête à des amourettes contrariées ou contrariantes, le récit peut paraître un peu décousu mais il est à l'image de personnages qui ne vivent que dans l'instant présent et dans un joyeux foutoir.
Les amis de Danny, aux sobriquets évocateurs (Corcoran, Pablo, Big Joe, Tall Bob, le Pirate… ) s'inquiètent quand ce dernier, entravé par ses possessions, emprisonné dans sa propre maison dont le toit cache la vue des étoiles, dépérit et disparait pour retrouver son état sauvage.
Tortilla Flat est un des premiers romans de Steinbeck, le reflet nostalgique de sa jeunesse un peu bohème et très fauchée. La gloire est tombée sur lui comme la propriété sur Danny et il est savoureux d'apprendre que c'est par ce récit que l'auteur va vraiment connaître le succès.
Comme souvent chez Steinbeck, je me suis attaché aux personnages et je regrette presque de ne pas l'avoir relu un lendemain de cuite pour arrêter de faire semblant de regretter une gueule de bois.
Impossible également de ne pas voir dans ce conte alcoolisé, au tanin âpre, son attachement farouche à l'individu et à la liberté.
Derrière son humour, les raisons de sa colère.
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Il m'arrive parfois, certains jours dépourvus d'inspiration, de lire les critiques d'autres lecteurs avant d'écrire la mienne. Il m'arrive aussi de le regretter, parce que certaines d'entre elles sont tellement bien écrites et complètes, traduisent si bien ce que j'ai moi-même ressenti, que j'ai du mal à encore trouver quelque chose à écrire d'un tant soit peu intelligent, à défaut d'être original, ou le contraire. Pas de regrets cette fois-ci, puisque j'ai été bien inspirée de lire la critique de Nastasia (celle du 03/08/2013) avant de me mettre à écrire. Non pas que ladite critique soit mal écrite, incomplète, inintelligente ou banale, (très) loin de là, mais sa lecture m'a offert un éclairage rétrospectif sans lequel le sens de Tortilla Flat m'aurait échappé en grande partie. Avant de lire cette critique, j'avais terminé le roman en me disant « Tiens, Steinbeck fait aussi dans l'humour potache en tournant ses contemporains en dérision ? Après tout, pourquoi pas ? ». Mais la vraie question n'était pas « Pourquoi pas ? », mais simplement « Pourquoi ? ». Pourquoi Steinbeck écrit-il tout à coup un roman joyeux, dont rien que le titre donne envie de sourire, lui qui fait plutôt dans le dramatique ? Pourquoi ce si grand auteur américain semble-t-il s'abaisser à se payer la tête de pauvres petits gars pas bien malins, lui qui d'habitude fait montre d'une empathie à toute épreuve envers ses personnages malheureux ?
Peut-être qu'ici, ce qui fait la différence, c'est que les personnages ne sont pas réellement malheureux. Danny et ses amis ne possèdent pas grand-chose, à peine ce qu'ils ont sur le dos, et rarement un sou vaillant en poche, vivent d'expédients, au jour le jour, tout en faisant d'énormes efforts pour éviter de devoir travailler pour manger. Dans la Californie des années 40-50, ces paisanos (sang-mêlé d'origines espagnole, indienne et mexicaine) sont des marginaux, dans le sens où ils n'imaginent même pas vivre selon les normes américaines de l'époque (quoique pas seulement américaines et pas seulement de l'époque), c'est-à-dire travailler pour gagner honnêtement le droit d'avoir un toit sur la tête, un frigo dans la cuisine et une auto dans le garage. Pour Danny et ses semblables, la vie est un jeu, une loterie, dans laquelle on trouve ses repas en chapardant chez les voisins, le vin en arnaquant les patrons de bistrots, et l'amour en faisant les yeux doux aux épouses des braves gens. Si on se fait prendre et envoyer à la case prison ou vendetta personnelle, eh bien, tant pis, ça faisait partie du jeu… Alors, quand, de manière inespérée, survient la richesse sous la forme d'une maison héritée de son grand-père, on croit Danny et ses amis devenus les rois du monde (de leur monde), et pourtant… Que de complications engendrées par la possession, que de méfiance, de déloyauté, d'hypocrisie, de pressions,…Il était plus facile de partager ce qu'on n'avait pas, ou qui appartenait à d'autres… Au début on croyait à la farce, à la fin on comprend que c'est une comédie dramatique, fable drolatique où on trouve la richesse dans ce qu'on est, pas dans ce qu'on a…

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Danny et ses amis vivent à Tortilla Flat, un quartier pauvre de Monterey. Ils ne travaillent pas, dorment dans les bois, passent leur temps à se prélasser. La grande occupation du jour est de trouver du vin et de quoi manger. Ils ne possèdent rien et partagent tout.

Chaque chapitre débute par un intitulé picaresque. Et c'est bien dans cette veine que Steinbeck décrit à la perfection cette vie de bohème. Il ne se moque pas, n'utilise même pas l'humour. Ces hommes sans travail ni argent ne sont pas malheureux, ne prévoient rien, n'anticipent pas sur l'avenir, vivent au jour le jour, mais il ne pourrait en être autrement.


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Conte philosophique, fable amusante mettant en vedette des hippies des années 20!

Dans un village de la côte californienne, des amis partagent une maison, vivant de mendicité et de rapines, consommateurs de vin au gallon, toujours prêts pour l'amour ou la bataille.

Un ton humoristique, une écriture imagée et vivante dessinent des personnages marginaux un peu dans le ton de « Alexis Zorba », sous le thème de l'amitié, mais aussi bien de la justice, de la charité, de la religion ou de la mort.

Datant de 1935, mais sans trop de rides apparentes, une des premières oeuvres de Steinbeck, Nobel 1963, une lecture pleine du soleil de la Californie …
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Les livres de Steinbeck ne sont habituellement pas de ceux qu'on lit confortablement installés dans un fauteuil moelleux au coin du feu. Ils sont plutôt âpres, bouleversants, perturbants. Tortilla Flat fait un peu exception à la règle.

En effet, là où dans Les Raisins de la Colère ou Des souris et des hommes, l'humour, sans être absent, est surtout un moyen ponctuel de renforcer l'horreur qui se trame sous nos yeux et l'émotion qui nous traverse, dans Tortilla Flat, la drôlerie est au contraire au centre du propos. J'ai eu d'abord l'impression de lire une version romanesque des Pieds Nickelés, vieille série de BD où des arnaqueurs s'associaient... pour lamentablement manquer leurs coups.

On est aussi le plus souvent dans le pastiche d'autres genres littéraires, de l'épopée chevaleresque au roman picaresque à la Don Quichotte en passant par la grivoiserie et l'outrance d'un récit rabelaisien. Mais cela ne peut être totalement éloigné du reste de l'oeuvre, car le sujet d'observation reste finalement le même: les pauvres gens, observés plus ici par le biais de leurs travers que de leur courage, mais malgré tout excusés de ce qui leur arrive. En effet, plus on avance dans le récit et plus l'émotion remplit la farce de ses larmes et plus les petites histoires qui émaillent le récit deviennent moins amorales. Je citerais Jesus-Maria, personnage du roman pour illustrer ce propos "Cette histoire de Tall Bob est très drôle, mais quand on ouvre la bouche pour en rire, quelque chose qui ressemble à une main vous serre le coeur. Je sais ce qui est arrivé au vieux M. Ravanno, qui s'est pendu l'année dernière. C'est aussi une histoire drôle, mais il n'est pas agréable d'en rire."
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Tout juste revenu de la guerre, Danny se découvre l'heureux héritier de deux maisons, cadeau appréciable pour qui est allergique au travail. Il habite la première et loue la seconde à son ami, qui ne lui paiera jamais de loyer. Pas par malveillance ni égoïsme : l'ami en question cèdera une partie de sa nouvelle habitation à d'autres connaissances, en contrepartie du loyer qu'ils ne paieront jamais non plus.

Même quand le petit groupe possède quelques dollars en poche, l'argent n'arrive jamais chez Danny. En effet, peut-on raisonnablement donner de l'argent à son ami plutôt que d'acheter un galon de vin et de le partager ensemble ? Et si en apportant le vin, on croise une connaissance, peut-on vraiment passer son chemin alors que toutes les règles de l'amitié commandent de partager un verre, ou deux, ou trois, avec lui ? « Quand, à l'un des carrefours de la vie, deux voies s'ouvrent à la générosité, et que seule l'une d'entre elles peut être choisie, qui peut dire quelle est la meilleure? »

Très proche du conte par sa forme, ce roman est avant tout un hommage à l'amitié. Malgré leurs airs de marginaux alcooliques, Danny et sa bande se révèlent tout simplement incapables de garder leur argent pour demain quand ils peuvent tant faire plaisir aux autres en dépensant tout aujourd'hui.

Tortilla Flat me change par rapport aux autres romans de Steinbeck que j'avais déjà lus, assez sombres. Cette description d'une vie de bohème pleine de bons sentiments est plutôt rafraîchissante. Dans tous les cas, l'auteur ne m'a jamais déçu et je compte bien continuer à écumer sa bibliographie.
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Il m'a fallu un temps fou pour retrouver le nom de ce livre ! Des passages entiers étaient restés imprimés dans ma mémoire. Mais comment s'appelait-il et où avais-je pu le lire, impossible de m'en souvenir ! Cela fait ça parfois, et c'est très frustrant. Heureusement, je me rappelais d'un mot bizarre : portagee. Après plusieurs tests et quelques détours improbables, apparaissait dans google le nom de Steinbeck…

De retours de la guerre le héros, Danny, découvre qu'un vieil oncle lui a légué deux maisons. Il décide de loger dans l'une et de prêter l'autre à des amis. La seconde demeure ne tarde pas à flamber. C'est donc décidé : il habitera dans la première avec ses amis, et dans le quartier on ne la connaîtra que sous le nom de « la maison de Danny ».

Il y a son ami Pilon, sentencieux et toujours plein de ressource, Joe le portagee (ce qui signifie d'origine portugaise, j'avais découvert au passage), un peu demeuré et cédant parfois à la malhonnêteté, et encore quelques autres, toute une petite cours des miracles, cinq ou six personnes au total ! Tous ensemble, les amis vivent dans la misère, essayent de trouver à manger, et ne manquent jamais une occasion de venir en aide à plus pauvre qu'eux.

Et des pauvres en tout genre, il y en a dans ce quartier où l'électricité est un lointain mythe, et où le fait de posséder un aspirateur représente le top de l'ascension sociale ! On assiste à un défilé de personnages hauts en couleur, de la fille-mère qui engendre avec une telle régularité qu'elle se demande si les hommes y sont vraiment pour quelque choses, jusqu'au hobos accumulant sous à sous, pour payer un chandelier à l'église locale en remerciement de la guérison de son chien préféré... Les amis rivalisent d'ingéniosité pour trouver de quoi manger et venir en aide à tout le monde.

L'écriture géniale de Steinbeck, pleine d'humour et de fausse naïveté, nous dévoile la Californie misérable de l'entre-deux-guerres et de la grande dépression, bien loin de l'image d'une des régions les plus riches du monde qu'on en a aujourd'hui.
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Ou le culte de la fraternité. le roman est résumé dès la première page et fait d'ailleurs référence aux légendes arthuriennes. Sauf que de quête du Saint Graal, il n'y en a point, il s'agit plutôt, pour Danny et ses amis, de chercher le galon de vin quotidien quand on n'a pas un dollar le matin. Ce qui fait l'objet d'un comique de répétition dans tout le roman.
Le début: Tortilla Flat se trouve sur les pentes de Monterey, en Californie. C'est là que vivent les pauvres, métis indiens-mexicains. Juste après la 1ère guerre mondiale, un groupe de ces paisanos, dont certains ont fait la guerre, se retrouve chez Danny qui vient d'hériter de deux maisons! Une histoire d'amitié naît entre ces hommes tous de basse condition mais qui ne s'en émeuvent pas tant car la vraie richesse semble être ailleurs.
La simplicité du style d'écriture et les situations répétitives en font un roman facile à lire, au premier degré. Il y a quand quelques sujets abordés qui détonnent dans l'Amérique capitaliste, sur l'argent et la propriété.
Se retrouver autour de Danny, les fait devenir meilleurs, altruistes. Pourtant, boire des galons de vin et cuver jusque dans l'après-midi semblent interroger peut-être le lecteur: comment évoluer dans un milieu stagnant?
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Lu à l'adolescence, j'étais passée à côté de ce court roman n'y voyant qu'une histoire d'alcoolos sans grand intérêt.
Tortilla Flat restait comme une ombre au tableau du grand Steinbeck que pourtant j'adore. Plusieurs critiques élogieuses sur Babelio m'ont donné envie de m'y replonger.
C'est l'histoire d'un groupe de marginaux simples et attachants, liés par une solide amitié. Steinbeck ne les juge pas, bien au contraire, on sent la tendresse de l'auteur pour ces paisanos poindre au travers de l'ironie.
Ils vivent dans le plus grand dénuement, ce sont des loqueteux qui partagent les fruits du hasard ou de leurs rapines, préférant l'indigence aux contraintes engendrées par les responsabilités.
Leurs préoccupations journalières sont l'approvisionnement en vin et l'échange de commentaires sur les évènements survenus dans le quartier y cherchant une leçon de vie à retenir.
Des philanthropes aux pensées souvent simplistes qui vivent d'amour mais pas d'eau fraiche.
Merci à vous car, enfin, j'ai pu apprécier Tortilla flat, conte « anti rêve américain ».
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Tortilla Flat est un quartier pauvre mais ensoleillé
de Monterey, Californie. Danny et ses amis, de rudes paisanos au grand coeur, y vivotent de menus larcins et de petits boulots, afin de se payer leur gallon de vin quotidien ... Pastichant le roman philosophique, Steinbeck offre au lecteur une multitude d'histoires teintées d'ironie et d'humour parfois grivois. On y retrouve les thèmes chers à l'écrivain : l'amitié, la solidarité et les bonheurs simples des petites gens dans une Amérique embourbée dans la crise de 29. Un roman coloré préfigurant toutefois les préoccupations sociales de celui qui sera l'auteur des "raisins de la colère".
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