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EAN : 9782371200395
50 pages
Editions du Portrait (04/03/2022)
4.38/5   8 notes
Résumé :
Gloria Steinem raconte dans ces deux textes ce qui l’anime : l’écriture et l’activisme. I- Comment je suis devenue écrivaine - Pour la 1ere fois traduit en français. A 86 ans, Gloria Steinem est désormais une figure incontournable de l’histoire du féminisme, mille fois récompensée pour son travail, elle est aussi le sujet du film, The Glorias, incarnée par Julianne Moore, et un des personnages principaux de la série America. Ce que l’on connait moins est sa convicti... >Voir plus
Que lire après Après le black power, la libération des femmes, suivi de Comment j'ai commencé à écrire Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Les éditions du Portrait ont eu la bonne idée de rassembler dans un petit opuscule deux longs articles de Gloria Steinem, « Après le Black power, la libération des femmes » d'abord, « Comment j'ai commencé à écrire » ensuite. S'ils semblent n'avoir rien à voir l'un avec l'autre, ces deux textes sont en fait reliés par la thématique qui les sous-tend : l'émancipation de la femme.

Dans « Après le black power, la libération des femmes », qui a valu à Gloria Steinem son statut d'intellectuelle féministe, publié en 1969, l'autrice présente le nécessaire affranchissement par les femmes de toute valeur traditionnelle (et donc patriarcale). Un mouvement féministe en ce sens est d'ailleurs en marche mais, comme cela a été le cas avec le mouvement Black power et sa radicalité par rapport à la lutte menée par Martin Luther King, il apparaît indispensable d'aller plus loin qu'un simple discours intégrationniste (du type « La lutte pour la libération des femmes doit faire partie de notre combat plus global pour la liberté », credo du groupe politique qui a dans un premier temps accueilli les femmes féministes) en se démarquant par une exigence plus forte (soit non plus une simple déconstruction du patriarcat, mais sa destruction totale), et en unissant les différents groupes féministes radicaux alors trop peu organisés. L'union doit donc faire la force, en rassemblant de manière solidaire les femmes de toutes couleurs et de tout milieux sociaux, sans considérer qu'une différence de peau ou de moyens financiers est une question « sociologique », mais représente au contraire une manière différente d'oppresser les femmes et se révèle être par conséquent un point de convergence des luttes. Cet article est également l'occasion pour Gloria Steinem d'alerter sur la mécanique de l'avancée des droits : si celle-ci est bien réelle, elle va également souvent de pair avec de nombreuses régressions (les femmes ont eu accès au travail, pour mieux se rendre compte qu'elles sont moins payées que les hommes, avec des avantages syndicaux qui, s'ils sont censés s'appliquer à tous, privilégient au final les hommes).

Dans « Comment j'ai commencé à écrire », antérieur à « Après le Black power… » (il date de 1965) mais placé judicieusement en seconde position en ce qu'il évoque un cas particulier, Gloria Steinem évoque son parcours professionnel et comment elle a réussi à vivre de sa plume ; mais plus précisément, que si ce métier l'a choisie (elle évoque son amour inné de la lecture depuis toujours et son amour pour l'écriture), elle l'a choisi pour la liberté qu'il lui offrait : liberté d'être sa propre patronne, de choisir ses sujets, etc. S'il est très intéressant et remarquablement rédigé, j'avoue l'avoir trouvé plus anecdotique, et moins fort qu'« Après le Black power » (forcément).

À la lecture de cet ouvrage, il est troublant de constater à quel point certains aspects de la démonstration de Gloria Steinem restent actuels, le débat du féminisme d'aujourd'hui se posant encore dans des termes assez similaires (le match féminisme intégrationniste versus féminisme radical se jouant toujours ; mais on pourrait selon moi la transposer aux divisions qui animent les différents mouvements entre féminisme universaliste versus féminisme intersectionnel que l'on associe volontiers au « wokisme »).
Merci aux éditions du Portrait et à Babélio pour cet ouvrage reçu dans le cadre de la Masse critique « Non-fiction : faites chauffer vos neurones » !
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Tout d'abord je remercie les éditions Babelio de m'avoir sélectionnée pour l'envoi de ce petit ouvrage. Et merci également aux éditions du Portrait pour me l'avoir expédié aussi rapidement. le volume tenait dans une enveloppe. Il est petit, son format est de 15 x 10,5 cm, facile à emporter dans son sac à main. Il fait d'ailleurs partie de « La petite collection », de même que « La dernière interview de James Baldwin » par Quincy Troupe et du « Discours de réception du prix Nobel de littérature, Stockholm, 7 décembre 1993 de Toni Morrison. 67 pages d'une écriture bien lisible.
J'ai déjà lu en 2019 le récit autobiographique de Gloria Steinem : « Ma vie sur la route Mémoires d'une icône féministe » qui m'avait plu. Il racontait vraiment en détail son parcours de militante. Ici, dans ce petit opuscule, l'autrice va plus loin, elle parle de son combat pour l'émancipation féminine mais elle conclut en disant que « l'idée à long terme, c'est que la libération des femmes sera aussi celle des hommes ». Et j'ai trouvé cela très juste.
« Après le black power, la libération des femmes », l'article publié dans le New York Magazine en 1969 est relativement court mais il est d'une approche intéressante pour qui souhaite découvrir les idées féministes de Gloria Steinem. Certaine idées tombent sous le sens : plutôt que de réformer les lois sur l'avortement, il faut les abroger. Les femmes partagent davantage de problèmes avec les femmes d'une autre classe qu'avec les hommes de la leur ; qu'elles s'appréciaient et se respectaient mutuellement. Les femmes plus âgées de la classe moyenne « se sont aperçu qu'il leur manquait quelque chose. Betty Friedan a expliqué leur détresse avec clarté et compassion dans La femme mystifiée, en nommant ce quelque chose : un travail gratifiant. Mais quand ces femmes se sont mises en quête d'un emploi, elles sont surtout tombées sur quantité de vérités qui dérangent. Par exemple, il est pratiquement impossible dans ce pays de trouver une hiérarchie – qu'il s'agisse d'entreprises, de syndicats, du gouvernement, de l'éducation ou de la religion – qui ne soit pas discriminatoire envers les femmes, au-delà du grade de secrétaire. »
Dans la deuxième partie de ce petit livre quand l'autrice a expliqué comment elle en est venue à écrire, j'ai bien aimé les dix suggestions qu'elle a faites à un apprenti écrivain, en particulier la première : « I. Analysez bien les voies conventionnelles avant d'en choisir une. Les bonnes dactylos sont difficiles à trouver, et vous pourriez bien rester coincée dans ce métier ». Ainsi que la cinquième : « V. Ecrire des textes publicitaires le jour et des nouvelles la nuit, c'est plus dur que de travailler comme serveuse (ou d'enseigner la natation ou de danser dans une troupe) le jour, et d'écrire des nouvelles après ».
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Je dois avouer que je ne connaissais pas Gloria Steinem. le livre (bien violet) a attiré mon oeil, puis le titre ne pouvait pas manquer de m'intéresser et le quatrième de couverture a achevé de me convaincre.

Et je n'ai clairement pas été déçu par ce tout petit opus.

Le premier texte « Après le black power, la libération des femmes » date de 1969 et reste pourtant totalement d'actualité.
C'est à la fois un état des lieux et un petit historique des luttes sociales et avant tout féministes (mais tout est lié) aux Etats-Unis.
Ce qui est également intéressant dans ce texte, c'est que malgré un constat très noire sur la situation des femmes de l'époque, l'autrice y est relativement optimiste pour l'avenir. Si on lit ce livre en regardant le chemin parcouru depuis les années 60, l'évolution semble bien plus lente qu'annoncée ou en tous cas espérée quant à la place et au rôle des femmes dans la société.
Pour autant ce texte est très intéressant et m'a permis de découvrir nombre de références historiques sur la lutte des femmes aux Etats-Unis.

Le second texte « Comment j'ai commencé à écrire », daté de 1965 est plus léger et personnel. L'autrice nous décrit comment elle s'est mise à écrire et comment elle n'a pour ainsi dire jamais pensé pouvoir et devoir faire autre chose dans sa vie.

Le petit bonus très appréciable pour moi fut la biographie de quelques pages en fin d'ouvrage.

J'ai découvert ce livre dans la librairie strasbourgeoise « L'oiseau rare », un lieu avec une sélection d'ouvrages incroyable notamment sur le féminisme.
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Une très belle découverte ! Je connais l'histoire du MLF en France, beaucoup moins celle du WLM aux Etats-Unis. Ce petit livre regroupant deux articles de Gloria Steinem nous éclaire sur le sujet. Avec le 1er article " Après le Black Power, la libération des femmes ", initialement publié en 1969, les mots de Gloria Steinem nous permettent de comprendre les problématiques des féministes de l'époque. Mêmes militantes, les femmes peinent à passer au 1er plan, les stéréotypes ont la vie dure, et ce n'est peut-être pas au sein de la lutte des classes que la femme pourra se libérer. C'est une très belle archive du mouvement feministe.
Dans le 2eme article "Comment j'ai commencé à écrire " , la journaliste revient sur ce qui, depuis son enfance, l'a menée vers l'écriture. Un ton plein d'humour et d'autodérision.
Deux belles découvertes : Gloria Steinem et les Éditions du Portrait que je ne connaissais pas. Cela donne envie d'aller jeter un oeil aux autres oeuvres de cette maison d'édition.
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critiques presse (1)
MadmoizellePresse
18 avril 2022
À l’instar de James Badwin et de Eddie Glaude, Gloria Steinem alerte sur le fait qu’il faut reconnaître les oppressions pour aller de l’avant. Deux textes et une preuve en plus que les mots, lorsqu’ils sont justes, peuvent participer à bousculer le monde pour le rendre plus égalitaire.
Lire la critique sur le site : MadmoizellePresse
Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Ces années de lectures à tort et à travers m’ont laissé un vocabulaire conséquent, et une fascination pour tout ce qui est imprimé. (Bien sûr, elles n’ont rien fait pour entamer mon innocence dans le domaine des tables de multiplication ou de l’art d’écrire lisiblement, mais c’est à ça que servent les agents littéraires et les machines à écrire). Parce que la lecture était mon vice, et que je dévorais absolument tout, de Wonder Woman à Autant en emporte le vent – les deux au même âge : les pédagogues sous-estiment ce qui se passe dans la tête d’une gamine de dix ans – mes parents ont essayé de me décourager, ce qui n’a fait que renforcer l’attrait de cette activité. (Ils ont fini par se contenter de m’interdire de lire quand je montais ou descendais les escaliers.) J’ai rapidement développé une myopie et la ferme conviction que les personnages des livres étaient non seulement plus intéressants mais aussi plus réels que les gens qui existaient en dehors. Et bien sûr, les auteurs paraissaient presque aussi glamour et omnipotents que les stars de cinéma.
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La masculinité ne dépend pas de l’asservissement d’autres personnes, mais il va nous falloir un moment pour le comprendre.
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Elles ont été emprisonnées, battues et aspergées de gaz lacrymogène aux côtés de leurs homologues masculins de la lutte sociale. (C'est formidable de voir avec quelle rapidité les policiers, de Selma à Chicago, surmontent leur réticence à frapper les femmes).
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... : la libération, ce n'est plus l'accès aux bonnes vieilles valeurs de l'Amérique des tartes aux pommes de Maman (même si on laisse Maman travailler dans un bureau et voter une fois de temps en temps). C'est s'en affranchir.
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Au bout de trois mois d'efforts décousus pour trouver un emploi et me réassimiler sur le plan culturel (ce qui consistait surtout à manger des hamburgers et apprendre à faire une croix sur mon argot hindi)...
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Videos de Gloria Steinem (10) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Gloria Steinem
"Une citation, c'est l'essence d'une histoire. Nous avons besoin des histoires pour communiquer des idées, des connaissances, la justice, la colère, l'humanité, l'espoir, le rire. Bref, tout ce qui nous permet de comprendre et de nous sentir compris. Nous avons tous besoin de mots qui racontent notre histoire personnelle. J'espère que vous en trouverez quelques-uns ici."
En quelques phrases, cette quatrième de couverture a de quoi séduire. De slogans, il sera question, mais pas que. Signé par l'iconique figure féministe Gloria Steinem, cet essai est un condensé de la lutte qui l'anime. A toute personne, comme moi, n'ayant encore jamais lu les écrits de la célèbre journaliste activiste américaine, cet essai est une très bonne introduction à ses idées et réflexions, et fera, j'en suis certaine, écho à tout esprit féministe quel qu'il soit. Cette bataille loin d'être terminée, comme le pense certain.e.s petit.e.s malin.e.s, n'est que le balbutiement d'une rage et d'une indignation nourricières.
Un très beau livre à mettre sous le pied du sapin...
Lien blog : http://bookncook.over-blog.com/2020/12/podcast-la-verite-vous-liberera-mais-d-abord-elle-vous-mettra-en-rage-gloria-steinem.html
+ Lire la suite
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