Maintenant

Maintenant ou une semaine dans la vie d'un éditeur parisien. Vendu comme une comédie romantique sur les quinquagénaires et un texte qui voudrait parler pêle-mêle de la paternité, du deuil et du pouvoir de la fiction, Maintenant se prend rapidement les pieds dans le tapis et bâcle son intrigue à la vitesse de l'éclair. du métier d'éditeur de Virgil, nous ne saurons pas grand-chose à part qu'il aime déjeuner avec ses auteurs en terrasse, leur dire qu'il y a trop de punchlines dans leurs dialogues et forcer pour placer 6000 exemplaires d'un premier roman au lieu de 4000 auprès des représentants. C'est très court, anecdotique et donne l'impression que l'édition est un métier où on passe son temps à glander. Sur la paternité, c'est rapide aussi, sa fille adolescente est formidable, elle boxe génialement, dessine tout aussi bien et ils s'aiment beaucoup.

L'une des caractéristiques du personnage de Virgil est son plaisir à s'évader dans la fiction et à se prendre pour ce qu'il n'est pas. En pratique, on peut se retrouver avec une intrigue court-circuitée par des séquences qui se déplacent pendant la Rome Antique ou la contestation hippie aux États-Unis : c'est forcé, artificiel, ce qui oblige à sauter ces passages qui ne racontent rien et font office de remplissage. Dans ce texte qui ressemble à un premier jet qu'un éditeur aurait envoyé à l'impression en se contentant de corriger les coquilles, surnagent deux personnages féminins : Sarah, l'auteur féministe ancienne génération, assez sans-gêne pour envoyer à son ami/éditeur une photo de sa labiaplastie et Gaby, la femme que Virgil rencontre à une terrasse de café et dont il tombe amoureux. Pour sympathique que soit leur histoire naissante, elle n'est jamais assez émouvante ou sexy (la seule scène érotique de l'ouvrage qui lui est consacrée est pour le moins gênante) pour attendrir le lecteur.

Ce livre donne l'impression d'être face à un auteur qui confond scénario et roman : on voit parfaitement la drôlerie qu'aurait pu revêtir certaines situations sur écran, mais qui ici apparaissent bancales sans le secours d'une écriture ample et solide. Air du temps oblige, la meilleure amie Sarah finit avec son ancien amant devenue femme après une transition (leur engueulade au sujet de ladite transition est sans doute l'échange qui sonne le plus faux dans tout le livre), sans qu'on ait compris ce que ça venait vraiment faire là. Il est surprenant que Phébus, maison plutôt exigeante sur son catalogue, ait choisi de publier ce livre-là… à moins qu'il ne s'agisse d'un prêté pour un rendu entre éditeurs.