Sous la direction de Zeev Sternhell, plusieurs historiens livrent une étude érudite de la généalogie dans l'histoire des idées qui mène de la Réaction aux Lumières au Fascisme et au Nazisme.
Je n'ai pas la culture ou la formation d'historien ou de philosophe qui me permettrait d'avoir un regard critique sur ce livre. Toutefois, j'ai eu l'impression à travers cette étude de découvrir les courants d'idées, de les voir cheminer à travers les temps pour arriver aux idéologies totalitaires nommées plus haut.
J'ai pris ce livre pour un livre d'histoire des idées, des idéologies de la politique. C'est cette façon de présenter qui m'a intéressé.
La description des différents courants réactionnaires est très intéressante. Le concept de "modernisme réactionnaire" m'a semblé très éclairant : réactionnaire quant aux mœurs et à la politique (anti démocratique, anti libérale, anti matérialiste, anti communiste, anti droit des individus...) et moderniste quant aux sciences ou à la technologie.
Le titre fait allusion à Nietzsche, un des chapitres est consacré à l'appropriation de son oeuvre par les nationalistes réactionnaires allemands après la 1ère Guerre Mondiale, à l'importance de cette apport dans les idéologies qui suivirent.
Évidemment, cela rentre en résonance avec le temps présent, les idéologies qui ressurgissent et refont parler d'elle, regagnent du terrain. En ce sens ce livre est très utile pour reconnaitre et comprendre le Fascisme. Il est présenté comme une idéologie qui ne sort pas ex nihilo, qui n'est pas qu'une idéologie de brutes mais qui est aussi le fruit de tout le travail intellectuel de sape de la modernité de nombreux intellectuels pendant plus d'un siècle.
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Une importante lacune dans l’historiographie du national-socialisme a été comblée par l’explication de sa réconciliation idéologique entre un rejet politique et culturel des principales dimensions de la modernité – le libéralisme politique, le cosmopolitisme, la tolérance raciale et religieuse – et l’enthousiasme pour la technologie moderne. L’introduction du concept de modernisme réactionnaire dans les recherches historiques a enrichi notre compréhension de la manière dont les leaders nazis avaient pu concilier leurs croyances idéologiques avec l’industrialisation de l’Allemagne après 1933, et a ainsi contribué à la compréhension de la primauté de l’idéologie dans les années de guerre et dans l’Holocauste.
Comme toutes les autres révolutions nationales européennes, la Révolution nationale en France n’a pas émergé ex nihilo. Le régime de Vichy est fils d’une longue tradition à la fois autonome et européenne : il a été la révolte d’une France intellectuelle et politique qui n’a jamais accepté la philosophie des Lumières. Concrètement, cette révolte prend, depuis le boulangisme et l’antidreyfusisme, les formes d’une révolte contre la démocratie libérale.
Pour Paul Bourget aussi, l’époque est celle des « races cultivées et fatiguées » et l’on peut soutenir qu’à cette époque, « l’idée de décadence a fasciné non seulement une certaine littérature marginale mais aussi des hommes comme Taine, Bourget, Baudelaire, Flaubert, Huysmans » ou encore Barrès et Lemaître
Hitler n’a pas écrit ou prononcé de nombreux discours publics au sujet de la technologie. Dans Mein Kampf, il divisait l’humanité en trois catégories : les fondateurs, les porteurs et les destructeurs de la culture ; ces rôles historiques étaient respectivement attribués aux Aryens, aux Japonais et aux Juifs. Il définissait la culture aryenne comme la synthèse de « l’esprit grec et de la technologie allemande
Ce n’est pas l’effet du hasard si, depuis la fin du XIXe siècle, Kant et Rousseau sont le principal objet de la vindicte de tous les ennemis de la modernité.
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