Il y a des livres qu'on referme le coeur serré d'émotion et de regret, et il y d'autres que l'on est soulagé de terminer, et dont on se demande sincèrement comment ils ont pu être édités. Autant le dire tout de suite,
Niria appartient à la deuxième catégorie.
C'est vrai, sur le papier,
Niria avait tout, ou du moins l'essentiel, pour séduire : une école magique, une jeune héroïne aux pouvoirs surnaturels, une atmosphère mystérieuse, un incipit intrigant.
Malheureusement, ce roman ressemble beaucoup trop à un mélange d'autres oeuvres à succès pour qu'on puisse le qualifier d'original : l'école de sorciers dans laquelle débarque un(e) adolescent(e) atypique, qui ignore tout de ce monde magique, ça ressemble furieusement au début d'Harry Potter. Quand en plus, l'héroïne en question est pourchassée par un grand méchant dont personne n'ose parler et qui a tué ses parents quand elle était bébé, ça commence à faire beaucoup de coïncidences. Et si on ajoute que l'héroïne est déchirée entre un vampire et un loup-garou qui se détestent cordialement, on voit que
Johanna Struck n'est pas allée chercher bien loin son inspiration, et que Twilight lui a visiblement laissé un souvenir ému.
En plus,
Niria est affreusement mal écrit, tant sur le fond que sur la forme. L'intrigue est incohérente et pleine de longueurs : l'action ne débute réellement que dans les trente dernières pages, sur un ouvrage qui en compte tout de même 360. Les scènes s'enchaînent mal, des personnages disparaissent de l'histoire ou apparaissent d'un seul coup, et la construction du roman est bancale : à quoi bon situer l'histoire dans une école magique si l'on ne prend même pas la peine d'évoquer le contenu des cours ou les différentes catégories d'élèves et de professeurs ?
Tout est survolé, les dialogues sont inconsistants (et n'ont souvent aucun sens) et sans intérêt, les personnages sont d'une platitude navrante, et même l'héroïne est tout sauf attachante. On dirait l'ouvrage d'un enfant, sans aucune maturité, profondeur ni rigueur.
Quant à la forme, elle est proprement inadmissible et montre la désinvolture révoltante de l'éditeur : le roman est bourré de coquilles (une toutes les 5 pages environ), de fautes d'orthographe, de maladresses, de mots manquants, de noms de personnages qui changent d'un paragraphe à l'autre (à croire que l'auteur elle-même ne sait pas comment ils s'appellent), d'erreurs grossières de syntaxe. Et cela commence dès la 4e de couverture, avec un très beau "à mille lieux de ce que
Niri a connu jusqu'alors" ! Quel mépris pour les lecteurs, qui vont débourser 20 euros pour un livre aussi mal rédigé ! Quelques exemples en vrac : "tes parents à toit", "dans la poche de ses jeans", "il avait été très claire", "on est ami", "le calme resta à la table", "elle glissa derrière son oreille une rebelle", "l'eau qu'elle avait pris", "ça OK ?", "être à ce point effrayé que ça allait coûter sa vie à elle", "les semaines qu'elle avait passé", "c'était effectivement le cas durant, mais il...", "elle en eut la chair de et se dirigea", "ils te sortirait d'ici", "c'est quoi pour un temple ?", "elle de parler de ses parents, était-ce..." [sic]. Mais enfin, de qui se moque-t-on ? Même un singe tapant au hasard sur un clavier aurait fait moins de fautes et aurait écrit un ouvrage plus compréhensible.
Bref,
Niria est une véritable escroquerie, à tel point que certains se sont demandé si c'était le premier tome d'une trilogie (tant l'intrigue est inexistante), ou si c'était une fanfiction laborieuse postée sur Internet qui aurait été éditée par erreur. Voilà donc un livre qui fait tout simplement honte à son auteur et à son éditeur, et qui n'aurait jamais dû arriver dans les rayonnages des librairies.
Ouvrage reçu dans le cadre de l'opération Masse Critique. Merci à Babelio et aux éditions L'Âge d'homme.
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