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sur 380 notes
Shuggie Bain, je l'ai reçu en SP un peu par hasard, je ne savais pas si j'avais envie de le lire, le « Booker Prize 2020 » sur la couverture m'a décidée.
La toute première partie, où on nous présente le fameux jeune homme, Shuggie Bain, ado des années 90 en Écosse, m'a assez accrochée. Ensuite, retour une dizaine d'années en arrière, son enfance, années 80, ère Tatcher, père violent et macho, mère alcoolique et désabusée ; j'ai décroché. Très réaliste, trop réaliste, des scènes conjugales violentes à la noirceur du quotidien du prolétariat, je déprimais un peu plus à chaque page. Pourtant, l'histoire de ce garçon m'a l'air intéressante : Shuggie Bain, jeune homme à la sensibilité plus poussée que celle des autres garçons et qui veut protéger sa mère, dans une société où tout semble encore tellement phallocentré. Pour vous donner une idée, c'est un peu comme si Hubert Selby Jr avait écrit Billy Eliott.
J'ai donc malheureusement arrêté ma lecture très tôt, mais j'espère la reprendre plus tard, quand ce sera le bon moment, car ce n'est pas la faute de l'écriture, mais bien de ma réception à la lecture qui m'a fait arrêter.
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Je cherchais un livre pour ouvrir le bal de la rentrée littéraire 2021 et j'hésitais entre plusieurs, jusqu'à ce que mon regard se pose sur Shuggie Bain et que cela apparaisse comme une évidence. Ce roman de Douglas Stuart est l'une de mes premières lecture de cette rentrée et avec ce roman la barre a été placée haut.

Shuggie Bain est le tout premier roman de Douglas Stuart. Et il a été couronné du Booker Prize 2020 – qui est l'un des prix littéraires les plus prestigieux au monde.

Pour l'anecdote, Shuggie Bain a été refusé par trente-deux éditeurs avant d'être publié, ce qui me fait penser à R.J. Ellory – que j'adore – qui a été refusé par une centaine d'éditeur avant d'être publié et on connaît son succès actuel.

Douglas Stuart est Écossais et il est né en 1976 dans un quartier populaire de Glasgow. Comme son personnage Shuggie Bain.

Shuggie est né de la passion d'Agnès pour un chauffeur de taxi. Elle a quitté sa vie tranquille et le père de ses deux premiers enfants pour tomber dans les bras d'un coureur qui la bat comme plâtre. Installée dans un pavillon au coeur d'un quartier puant la pauvreté et le désespoir, délaissée par son grand amour qui ne vient plus qu'une fois de temps en temps, Agnes sombre dans l'alcool. Shuggie, à peine huit ans, va tout faire pour sortir sa mère de cet enfer, tout en lui cachant le harcèlement dont il est victime parce qu'il est gay et efféminé.

Shuggie Bain est sans doute un des meilleurs livres que j'ai lus ces derniers temps. C'est un beau roman sur la famille, l'addiction et l'amour – celui d'un petit garçon pour sa mère. C'est aussi un témoignage du Glasgow des années quatre-vingt et de ses populations pauvres et démunies.

Dans Shuggie Bain, Douglas Stuart raconte un peu de son histoire et celle de sa mère, qui est décédée lorsqu'il était au lycée. Personnellement, savoir que l'histoire de Shuggie Bain peut être inspirée, même un tout petit peu, d'événements vécus par un petit garçon, ça m'a pris aux tripes. Et je vous conseille grandement cette lecture.

Douglas Stuart a terminé son deuxième roman et travaille sur le troisième. On risque d'entendre encore parler de lui.
Lien : http://mademoisellemaeve.wor..
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« Shuggie Bain » de l'Ecossais Douglas Stuart (2020, Picador, 448 p.) a remporté le Booker Prize en 2020,
Douglas Stuart est né et a grandi à Glasgow Ce qui n'est pas mal pour un premier roman, surtout au vu de son parcours. Débuts difficiles dans la ville, avec une mère qui sombre très vite dans l'alcoolisme. Il travaille de nuit pour payer ses études au « Scottish College of Textiles », puis « Royal College of Arts” à Londres, il débute sa carrière à New York, embauché par Calvin Klein. Naturalisé américain, il a travaillé pour Ralph Lauren, Banana Republic et Jack Spade, mais son rêve c'est d'écrire. Et il écrit « Shuggie Bain », mais le manuscrit est refusé 30 fois par les éditeurs. A 44 ans, le voila récompensé par le Booker Prize, il y a tout de même 50 000 livres à la clé, plus les droits d'auteur. « Je suis absolument stupéfait et je souhaite d'abord remercier ma mère… et mon mari », a-t-il déclaré lors de la remise du prix. C'est un peu aussi une bonne nouvelle pour la littérature anglaise, avec quatre premiers romans sélectionnés pour la liste finale (short list) de ce prix prestigieux. Douglas Stuart a d'ailleurs annoncé avoir déjà pratiquement écrit son second roman. Ce sera une histoire d'amour entre deux garçons de Glasgow et leur séparation (Found Waiting). La traduction en français et la sortie sont prévues pour fin aout aux éditions « Globe ». Les droits ont été acquis bien avant la décision du Booker Prize.

Glasgow, années 80s sous l'ère de Margaret Thatcher, moment de post-industrialisation, où le libéralisme effréné ferme les usines, vend les chemins de fer et plonge une bonne partie de l'Angleterre industrielle et industrieuse dans la misère. Pour donner un peu le change, L'Angleterre se lance dans la Guerre des Malouines. Les Pink Floyd sortent leur album « The Final Cut » avec ce titre « The Post war Dream» What have we done, Maggie, what have we done? / What have we done to England? / Should we shout, should we scream / "What happened to the post war dream?"/ Oh Maggie, Maggie what did we do?” (Qu'avons-nous fait, Maggie, qu'avons-nous fait? / Qu'avons-nous fait à l'Angleterre? / Devrions-nous crier, devrions-nous crier "Qu'est-il arrivé au rêve d'après-guerre?" / Oh Maggie, Maggie qu'est-ce qu'on a fait?). Bilan des années Thatcher. « The yards would still be open on the Clyde / And that can't be much fun for them / Beneath the rising sun / With all their kids committing suicide » (Les chantiers seraient toujours ouverts sur la Clyde / Et ça ne peut pas être très amusant pour eux / Sous le soleil levant / Avec tous leurs enfants se suicidant).

Donc en 1981, Shuggie, ou Shug, 5 ans, vit dans un appartement à Sighthill avec ses grands-parents maternels, Wullie et Lizzie; sa mère, Agnes Bain; son père, Hugh Bain; son demi-frère, Leek; et sa demi-soeur, Catherine. le père de Shuggie est le plus souvent absent Il travaille comme chauffeur de taxi et courre la(les) gueuse(s). Agnès est une belle femme souvent comparée à Elizabeth Taylor, mais malheureuse et se met à boire. « Les ouvriers qui m'entouraient tordaient de l'acier pour gagner leur vie, construisaient de beaux bateaux ou parcouraient des kilomètres sous terre pour entamer les fronts de charbon. Nous, nous étions fiers, nous avons été utiles, nous avons faits des apprentissages ou nous avons appris des métiers, nous étions fiers, nous avons été utiles ». Et arrive le pouvoir libéral. « Mais le gouvernement conservateur au pouvoir ne se souciait pas des honnêtes travailleurs pauvres. Ils se sont mis à privatiser la plupart des industries manufacturières, supprimant tout soutien aux travailleurs nationalisés. Ce faisant, Margaret Thatcher a décimé les travailleurs. Ses politiques ont balayé toute l'industrie lourde de la côte ouest de l'Écosse. Les hommes n'avaient nulle part où aller et se retrouvaient au chômage chronique, émasculés et envoyés par une femme (rien de moins) pour pourrir leur vie dans des logements locatifs ». Tout est dit. Mais cela n'a pas empêché les Anglais de revoter pour des gouvernements populistes.
Le quartier Sighthill, juste au nord de la Clyde est un quartier qui a longtemps servi de dépôts aux industries chimiques à la fin des années 60. Déjà, la vill en soi et son climat n'étaient pas droles « La pluie était un état naturel de Glasgow. Elle gardait l'herbe verte et les gens pâles et bronchiteux ». Ensuite on construit une vingtaine de tours de 20 étages. C'est le programme « Glasgow Renaissance », vision utopiste de l'habitat urbain et suburbain. « Les maux de la ville étaient censés disparaître ». Ces tours ont commencé à être démolies à l'explosif dans le milieu des années 2000, après avoir surnommées les « Towers of Terror » (Tours de la Terreur). Il faut dire que le programme de relogement était plus que mal préparé « We never knew how poor we were until someone told us » (on ne savait pas que l'on était pauvre avant qu'on nous le fasse savoir). Drogue, bandes rivales, trafics en tout genre. « le Glasgow dans lequel j'ai grandi était en proie à la boisson, aux drogues et à la violence des gangs. Margaret Thatcher et son gouvernement conservateur éloigné ont fermé toute l'industrie lourde de la ville en une génération; les navires, l'acier, le charbon - tout a disparu. . -sur tous les emplois, et les familles de travailleurs n'ont nulle part d'autre vers quoi se tourner; les pères et les fils ont tous été mis au chômage, sans espoir, et cela a déclenché certaines des pires crises de toxicomanie et de santé en Europe occidentale ».
Paroles terribles qui visent les politiques libérales des années 70.
L'année suivante, le père emménage dans un appartement alloué par la ville à Pithead pour les familles des travailleurs de la mine locale. Il y abandonne finalement sa famille, les laissant vivre avec Joanie Micklewhite, de la compagnie de taxi. Agnes espère une vie meilleure, fière de son look, mais son malheur la pousse vers l'alcool. Pendant ce temps, Shuggie est victime de harcèlement à l'école et dans le quartier pour ne pas s'intégrer et pour être efféminée. Shuggie manque souvent l'école pour s'occuper de sa mère ivre.
Les parents d'Agnes meurent et sa fille émigre en Afrique du Sud. Agnes sombre de plus en plus, malgré des réunions aux Alcooliques anonymes. Elle trouve un emploi dans une station-service, mais, elle retombe dans l'alcoolisme, et découragée, fait plusieurs tentatives de suicide avant de perdre son emploi. Shuggie reste cependant avec elle et ils déménagent dans un nouveau quartier avant qu'elle ne meure. En 1992, Shuggie a 15 ans. Il vit seul, travaille dans une supérette et veut devenir coiffeur. Il quitte son travail, bien décidé à en finir en s'empoisonnant. Il donne cependant ce poison à son amie Leanne, qui les donne à sa mère alcoolique sans-abri. « L'époque de l'industrie était révolue, et les ossements des chantiers navals de Clyde et de Springburn se trouvaient autour de la ville comme des dinosaures pourris. Les métiers et le travail de leurs pères n'avaient plus d'avenir. Les hommes perdaient leur masculinité même »
On le voit, ce ne devait pas être la joie et la fête tous les jours dans les quartiers désindustrialisés de l'Angleterre thatcherienne. La couverture du livre, une photo de Peter Marlow, est d'ailleurs assez illustrative de l'ambiance. On pense très vite au splendide « Les Cendres d'Angela » de Frank McCourt (1997, Belfond, 432 p.), et autres romans plus ou moins populistes (par exemple « Une Vie comme les Autres » de Hanya Yanagihara (2018, Buchet Chastel, 942 p.) pavé indigeste plein de clichés.
Il faut reconnaître que Glasgow n'est pas naturellement une ville accueillante.

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Une descente aux enfers. Un suicide lent qui entraîne avec lui la famille entière. Agnès est alcoolique et ne guérira pas malgré tout l'amour de son fils Shuggie. Tout le monde renonce mais pas lui. Elle est trop belle, trop distinguée, elle mérite mieux que ça. Shuggie non plus n'a pas la vie facile. Efféminé, il subit les brimades, les quolibets, les coups, sans savoir comment se défendre.
Ce récit d'une profonde tristesse nous entraîne dans l'univers des personnes perdues dans l'alcool. Un univers inconnu, que nous refusons de regarder, impossible à comprendre et devant lequel nous sommes démunis. C'est lourd, déprimant, sans beauté ni rayon de soleil, sans sourire. Terriblement bien rendu. Trop bien peut-être.
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Après la lecture de plusieurs classiques où nous sommes plongés dans la vie domestique, j'avais peur de ne pas accroché avec celui-ci. L'histoire n'est pas sensationnelle mais j'ai tout de même apprécié la plume de l'auteur. On avance au fur et à mesure de l'histoire sans avoir envie à tout prix d'y retourner mais l'ambiance du livre, les années 80 à Glasgow m'ont séduites. Les quartiers y sont décris avec précision sans que cela ne soit trop afin de s'immerger dans cet univers quand on ne le connait pas. Cette lecture m'a convenu pour cet hiver pluvieux même si bien sûr je ne le recommanderai pas particulièrement à qui que ce soit, en raison de l'histoire classique, mais qui fonctionne tout de même.
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Shuggie est un enfant qui vit à Glasgow avec son père Shug, conducteur taxi, sa mère Agnès, alcoolique, et sa soeur et son frère. Shuggie doit faire face aux moqueries des autres à cause de ses manières efféminées et aussi de l'alcoolisme de sa mère. Il vivra avec sa mère jusqu'au dernier instant et verra comment toutes les personnes de sa famille s'éloignent à cause de la dégradation de la mère.
Récit poignant sur les conditions de vie de la classe ouvrière dans le Royaume Uni des années 80, des problèmes de l'alcool et de l'amour maternel-filial.
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2 mots pour ce livre pour faire une rhyme : choc et glauque.
Pour résumer ce livre , je retiens ce passage où Agnès Bain, la maman, dit à son plus jeune fils Shuggie d'aller à l'extérieur de la maison pour profiter du soleil qui ne reviendra pas avant un an. Noirceur et lumière ( ou espoir de lumière ) ; Noir et Blanc sont la toile de fond de ce roman qui prend place dans les quartiers ouvriers de Glasgow à l'heure des fermetures de mines sous l'Angleterre thatcherienne entraînant l'explosion du chômage, de la misère et des dérives associées , telle l'addiction à l'alcool.
On retrouve accentuée , de l'autre côté de la Manche et à une autre époque, l'ambiance désepérée décrite par Zola dans Germinal .
L'auteur Douglas Stuart livre une partie de son observation personnelle sans ménager ses mots ni adoucir son propos.Le style à lui seul justifie les récompenses qui lui ont été attribuées, tant il enchaîne son lecteur à l'histoire en sachant aussi faire passer le message de l'espoir , de la solidarité, d'une certaine résilience et des liens du sang,
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Voici quelques jours que j'ai refermé ce livre et je ne suis pas encore remise de ma lecture de ce roman social.

Nous sommes dans le nord de l'Angleterre, plus précisément en Écosse, au début des années 80, quand les mines ont fermé les unes après les autres, laissant des milliers de travailleurs sur le carreau et des familles entières désoeuvrées. le gouvernement d'une certaine Dame de fer n'a rien fait pour accompagner cette tragédie.

Ce n'est pas sans rappeler les films que Ken Loach a tiré de cette période et de ces territoires. Douglas Stuart nous livre ici un roman dur, cru, sans filtre, parfois violent , mais l'écriture est telle qu'on s'accroche à ces pages pour savoir ce que va devenir ce petit Shuggie Bain.

Hugh Bain, alias Shuggie, est le fils d'Agnès et de Shug. Elle est belle, toujours apprêtée dans ces banlieues miséreuses de Glasgow, arrivant à maintenir sa maison propre malgré son état. Agnes est malade, l'alcool. Trompée, violentée, trahie, abandonnée, elle a pris l'habitude de noyer son désarroi dans la bière et/ou la vodka, pour « éloigner la laideur et la solitude ». Shug fait partie de ses pères absents, violents et menteurs. Au milieu de tout cela, Shuggie tentera de sauver celle qu'il aime plus que tout malgré les crises, les colères, les abandons. Jusqu'au bout, cet enfant sensible l'accompagnera d'un amour désespéré, sans faille, s'occupant d'elle après des scènes de beuveries qui la laisse dans un état indescriptible.

Il y a visiblement beaucoup de l'auteur dans ce roman qui aurait pu être déprimant, mais qui est juste magnifique, bouleversant et émouvant. Tout cela à la fois parce que Douglas Stuart retranscrit de façon simple et authentique une réalité dramatique. C'est un regard d'enfant qui est porté sur ces quartiers délaissés de tous : la crasse, la moisissure, la boue, les tickets des alloc qui servent à acheter de la bière plutôt que de la nourriture. Au delà de ces « aspects matériels », il y a aussi et surtout le regard acerbe de cet enfant « pas net » qui a bien compris qu'il ne devait rien attendre du système social ni même scolaire. Et c'est presque ça qui fait le plus mal ! Au mieux l'ignorance des adultes devant ce que l'on qualifierait aujourd'hui de harcèlement, au pire leur assentiment à laisser faire, voire à contribuer à rendre la vie de Shuggie encore plus insupportable. 

Et au milieu de tout cela, ce qui reste de la cellule familiale déglinguée, ces deux personnages qui donnent toute la force à cette histoire. Agnès que l'on a envie de maudire, de secouer mais à qui on s'attache malgré tout, impuissants à la voir se consumer et Shuggie, petit père courage qui devient adulte avant même d'être adolescent.

Roman-témoignage bouleversant !
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Qui a connu l'alcoolisme d'une manière ou d'une autre sait l'enfer que c'est. La spirale, les mensonges, le manque, la déchéance, le désespoir… Agnès Bain est alcoolique. C'est monnaie courante à Glasgow, dans les années 80. Une manière de s'évader de la misère ambiante. Un miroir aux alouettes sinistre et déformant. Agnès Bain se retrouve seule avec ses trois enfants qui, un à un, la quittent. Et la laissent à ses canettes de bière, avec le petit dernier, Shuggie.
Ce premier roman, dont on devine qu'il ne sort pas uniquement de l'imagination de son auteur, raconte la dérive inexorable d'Agnès, face à laquelle l'amour inconditionnel que lui porte Shuggie sera impuissant.
Alors forcément, c'est noir. Très noir même. Et dans cette ambiance sordide, il est bien difficile de saisir quelques bribes de lumière…
Pour autant, Shuggie Bain n'est ni misérabiliste, ni larmoyant. C'est un roman dense et d'une obscure tendresse, un témoignage saisissant sur la classe ouvrière écossaise de cette époque.
Inutile de préciser que si vous cherchez une lecture légère et joyeuse pour vos vacances, vous pouvez passer votre chemin ;)
Merci aux Editions Globe pour cette découverte !
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Portrait poignant des franges de la société britannique des années 1980, en l'occurrence dans la ville écossaise de Glasgow, avec ses banlieues miteuses, ses familles dans l'assistance sociale, ses femmes sous l'emprise des macho's-chômeurs et ses jeunes flânant sans but dans les rues ou dans les usines abandonnées. Je ne suis pas du tout le premier à mentionner le nom du réalisateur Ken Loach (°1936), car en termes de thème, cela lui correspond presque entièrement. Dans un certain nombre de scènes, Stuart rend la pauvreté et le désespoir plus que tangibles, avec quelques épisodes crus et violents en plus. Apparemment, tout cela est autobiographique et Douglas Stuart dépeint sa propre enfance à travers le petit Shuggie. En plus de l'angle social, il met lui-même l'accent sur la loyauté inconditionnelle du garçon envers sa mère Agnès, qui - en tant que alcoholique - est tombée dans la pauvreté. En fait, Agnès est la véritable protagoniste de ce roman, et Stuart en a indirectement fait une ode à sa mère, la dépeignant avec tous ses défauts, mais aussi clairement comme une femme qui a essayé de faire respecter sa dignité. Assez curieusement, selon moice fait autobiographique est aussi la faiblesse de ce livre : Stuart voulait apparemment rester si près de son propre passé que cela mine le scénario de son livre. Surtout vers la fin, ce roman devient une succession de scènes anecdotiques, qui aboutissent toujours à une impasse. Son demi-frère aîné Leek apparaît régulièrement et en tant que personnage, à cause de son rêve raté en tant qu'artiste, semble beaucoup plus attrayant que le petit, parfois dépeint un peu trop brillant Shuggie (dont nous ne découvrons vraiment qu'il est intimidé comme « efféminé », à cause de son apparente orientation sexuelle différente). Il n'y a guère non plus d'évolution dans les personnages eux-mêmes, avec t la mère Agnès en épigone, somnolente du début à la fin. En tant que littérature de témoignage, ce livre a certes sa valeur, mais d'un point de vue purement littéraire c'est en dessous des standards d'un Booker Prize.
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