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4,01

sur 380 notes
Tout est noir dans ce roman en partie autobiographique, le noir du ciel écossais, le noir des scories des corons, le noir de la suie qui imprègne chaque vêtement, chaque recoin des pièces, le noir du bitume et du béton des cités minières et des appartements ouvriers, le noir des âmes et parfois des coeurs de ces populations miséreuses. Les seules notes de couleurs étant le bleu des cachets de valium et la lueur ambrée des bières qu'on s'enfile à tour de bras pour tenter d'échapper à ces ténèbres permanentes.

C'est l'histoire de Shuggie (en partie celle de l'auteur), petit garcon trop sensible et trop intelligent pour ces cités où ne règne que la misère : misère sociale, misère économique, misère intellectuelle, misère culturelle. Shuggie ne sait pas encore ce que les autres détectent immédiatement à son contact: Shuggie est homosexuel, ce qui lui vaudra incessantes brimades et violences physiques.
Shuggie c'est aussi ce petit garçon fou d'amour pour sa mère, qui fera tout pour la sortir de cet alcoolisme dans lequel elle s'enfonce de plus en plus profondément, jusqu'à échanger son corps contre un pack de bières, jusqu'à en mourir.

J'ai beaucoup aimé ce roman ainsi que le style de son écrivain, on s'attache très rapidement à ce petit garçon si différent, prêt à tout pour sauver sa mère et on ressent une pointe de soulagement lorsque celle ci disparaît, l'envie d'attraper le jeune adolescent qu'est alors Shuggie, de le regarder droit dans les yeux " tu es libre maintenant, pense à toi et vis ta vie"

On s'attache aussi à la mère, oui oui, cette poivrarde qui n'hésite pas à faire la pute à l'occasion, on ressent de l'empathie devant cette femme qui met un point d'honneur à garder une apparence et une maison impeccables, sa façon à elle de garder sa dignité quand l'alcool et les hommes lui ont pris tout le reste.

On y croit durant ses 1 an d'abstinence : un travail, un homme bien moins pire que les autres, une intelligence et une sensibilité bien au dessus du lot des mégères du voisinage mais l'alcool se fout de la dignité, l'alcool se fout de la sensibilité et de l'intelligence, l'alcool se nourrit de tristesse et ça Agnès (la mère de Shuggie), elle en a de pleines palettes dans le coeur.

Et puisque l'histoire de ce petit garçon est en grande partie celle de son auteur, on ne peut qu'admirer la force de résilience qu'il lui a fallu pour se bâtir une vie bien loin de tout ça.
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C'est une entrée fracassante et réussie en littérature que réalise Douglas Stuart avec son premier roman « Shuggie Bain ».

Pour ce récit en partie autobiographique, l'auteur nous embarque au coeur du Glasgow des années 80, sous l'ère Thatcher, et nous plonge dans le quotidien des vies fracassées de personnages aussi touchants que pathétiques.

C'est avec une plume brute, poignante, faussement simple mais d'une intensité rare que l'écrivain nous raconte l'amour déchirant d'un jeune garçon pour sa mère alcoolique.
En quelques mots, Douglas Stuart parvient à nous briser le coeur par son roman qui prend aux tripes et, c'est en apnée que la lecture se fait.

Ce roman est un véritable bijou à ne pas manquer !

Par ailleurs, il est à noter le merveilleux travail de traduction de Charles Bonnot.
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Voilà un livre passionnant ! D'abord par le point de vue de Shuggie, ce gamin à la sensibilité à fleur de peau, faible mais qui ne renonce jamais, débordant d'amour pour une mère qui le laisse totalement livré à lui-même.
Passionnant ensuite par la description sans complaisance de l'alcoolisme dans une cité minée par le chômage. C'est Zola et Dickens réunis !
Ce roman m'a tenu du début à la fin !
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Attention chef d'oeuvre ! Il y a à la fois du Zola et du Ken Loach dans ce roman percutant. Personnages d'une justesse et d'une humanité incroyables, description sans concession d'une classe sociale et d'une génération perdues. L'amour de Shuggie pour sa mère est beau et tragique et imprègne encore après la dernière page.
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Lire Shuggie Bain c'est prendre une grande claque et découvrir que l'Assommoir est finalement toujours d'actualité (même si ce roman se passe dans les années 80 du siècle dernier). La misère, l'alcoolisme et l'enfance en déroute sont les thèmes de ce récit poignant qui s'organise autour du petit Shuggie et de sa mère, Agnes.
C'est dans les quartiers pauvres de Glasgow qu'une famille tente de survivre, les grands-parents, Agnes et ses 3 enfants et son mari, Shug. La bière et la violence conjugale sont le seul spectacle offert au petit Shuggie qui idolâtre pourtant sa mère. Les femmes jouent au Bingo, fument et s'alcoolisent, commandent des articles sur catalogue et s'endettent pour des sous-vêtements. Agnes, qui met un point d'honneur à rester toujours propre et pomponnée, essaie de retenir son volage de mari qui profite de son travail de nuit pour la tromper. Shug finit par abandonner perfidement sa femme et les 3 enfants, après les avoir emménagés dans un lotissement sordide au pied de houillères abandonnées, loin du centre de Glasgow. La descente aux Enfers débute alors pour Agnes qui n'a plus d'autres ressources que les maigres allocations versées par l'Etat. Et Shuggie, victime de harcèlement à cause de sa « différence » grandit très mal dans cet Enfer : il a faim, est frappé, ne va pas régulièrement à l'école, s'occupe de sa mère lorsqu'elle gît par terre au milieu des canettes, gère le défilé des « tontons » à la maison, mais surtout, surtout, il est assoiffé d'amour pour sa mère.
Récit poignant, donc, sombre, très sombre, désespéré, parfois aux limites du supportable, que j'ai lu le coeur serré. La misère sociale y est intense, à peine supportable. le gris du ciel écossais et le noir des scories du charbon déteignent aussi sur l'ensemble. Agnes est une héroïne à la fois détestable et profondément malheureuse qu'on aurait envie de prendre par la main pour la sortir de là.
Mais ce roman est aussi – ou surtout ?- un hymne à l'amour d'un fils fragile et sensible pour sa mère.
La fin est sans surprise, évidemment , mais offre une minuscule touche d'espoir pour Shuggie qui a enfin trouvé une amie, une alliée dans sa lutte pour survivre.
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Impossible de lâcher ce roman qui a des allures de l'Assommoir de Zola dans les portraits de ces femmes qui boivent pour oublier leurs rêves perdus et leur avenir sans espoir. Merveilleux portrait d'un petit garçon, Shuggie Bain, différent des autres qui toujours protège et aime sa mère, créature castratrice, ravagée, incapable de se comporter en figure maternelle tant elle a été ravagée par les hommes et ses rêves. Car les hommes sont tous des salauds qu'il ne faut surtout pas croire. Les seuls figures positives sont celles de cet enfant et de son grand frère qui tente de l'aider mais n'y réussit pas. Portrait d'une Écosse dévastée par le chômage, la misère, l'intolérance et l'ignorance. Un grand premier roman
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Raman glaçant qui décrit en détail la ravages que l'alcool fait sur l'alcoolique et ses proches. Agnès Bain a des rêves mais elle a surtout une addiction qui détruit tout. Pourtant Shuggie espère toujours, à jamais. Il restera auprès d'elle... Un roman magnifique et tendrement triste sur l'amour filial et l'alcoolisme.
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Ce long roman de 488 pages s'ouvre sur une scène où un jeune homme de 16 ans, Shuggie, travaille dans un supermarché. On comprend très vite qu'il subvient seul à ses besoins vitaux tout en rêvant à un avenir plus brillant. Ce premier chapitre est en fait la fin du roman. Tout le reste déroule la vie de Shuggie Bain de sa petite enfance à ses 16 ans. La vie en famille dans un quartier pauvre, l'abandon du père, l'alcoolisme de la mère, etc. C'est l'Écosse des années 80 avec les mines qui ferment et qui laissent la population sur le carreau. Ce roman est imprégné de misère et de violence (morale, physique, sexuelle…) Certains passages étaient vraiment dérangeants mais c'est un magnifique roman qui est si bien écrit.
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Un livre pour le quel il est difficile de faire une critique. Il est glauque et reflète toute la misère du monde condensée sur une petite famille engluée dans une pauvreté dont elle ne peut sortir
le livre est dérangeant car l'histoire est récente et est autobiographique donc vécue Quand on lit de la littérature naturaliste, celle de Zola par exemple, on peut prendre du recul même si la narration est déprimante car les faits sont anciens et ils sont romancés. Ici ce n'est pas possible car l'histoire est trop récente et perdure sans aucun doute, pour beaucoup d'autres, pas loin de chez nous dans les bassins miniers ou zones économiquement dévastées. L'histoire est vraie et donc on est face de la souffrance de cette famille estropiée On est donc très mal à l'aise car c'est de la souffrance et une dégradation de l'humain de proximité qui vient titiller notre confort
L'auteur a une acuité clinique de la situation de sa famille et il rend compte sans apparemment d'affects, et ce le plus impartialement possible me semble-t-il, de ce mal -être social diabolique, de cette déchéance humaine, de l'ignorance, la crasse, la vulgarité, l'ivrognerie, la violence
Il n'y a pas de désenchantement dans cette narration car il n'y a pas eu un enchantement au départ juste un pessimisme, un fatalisme sournois, un pourrissement qui n'a jamais cessé d'exister
Douglas Stuart est à la fois observateur fragile de son enfance, l'acteur / victime et le narrateur ou plutôt le chroniqueur difficile de concilier ces trois états mais il y réussit très bien et son livre est d'excellente qualité, dénué de tout lyrisme et de misérabilisme c'est vrai et c'est factuel c'est donné à voir au lecteur un compte-rendu en fait
le prix est largement mérité car d'une part il récompense une qualité d'écriture on n'est pas dans l'écriture plate mais on en n'est pas loin, et écriture d'un homme qui n'est pas écrivain qui en vaut beaucoup d'autres primées ou non La narration reflète parfaitement a vie de cette population, grise, terne, répétitive, ennuyeuse, ignoble et en fait très choquante car elle nous met en vis à vis de choses qu'on préférerait oublier et surtout ne pas voir
On souffre pour ce jeune qui a (eu) bien du mérite On déteste cordialement ce géniteur , il ne mérite pas le nom de «père», petit coq hargneux et méchant, bellâtre vaniteux qui change de femmes comme de chemises on vomit cette belle femme assez bête pour ne pas remarquer que son amour n'est pas partagé ou s'aveugler volontairement ce qui semble être le cas ici et c'est terrible. on la déteste encore plus que le géniteur qui au moins à eu le bon goût de dégager car elle non seulement n'est pas capable de faire la différence entre le géniteur ( l'amante) et ses enfants (la parente) mais elle s'en prend à eux et leur chie dessus alors qu'elle est tout à fait capable de se montrer physiquement à son avantage, belle toilette, maquillage comportement bourgeois avec les autres femmes et ses potentiels amants.
Il y aura certainement une grande frilosité des lecteurs pour cette narration car si on accepte encore de lire du Zola et du misérabilisme des siècles précédents le pathos actuel n'est plus souhaité et même plutôt vilipendé car on soupçonnera toujours l'auteur de faire pleurer...inutilement.
de plus on ne supporte plus d'être confronté comme ça à de tels problèmes dérangeants contre lesquels on se sent impuissant
Un assommoir ce livre
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La couverture, très intriguante, et la quatrième de couverture m'ont donné l'envie de lire ce roman, en ayant conscience qu'il serait assez déprimant.
Au départ, j'ai été intéressé par l'histoire de cette famille dans le Glasgow des années 80, sous l'emprise de la politique de "Miss Maggie" Thatcher, désastreuse pour la classe ouvrière, mais arrivé à presque 200 pages, je n'en pouvais plus de toute cette misère sans espoir de vie meilleure dans l'avenir, et j'ai décidé d'arrêter cette lecture trop dure et déprimante. Je n'aime pas quitter un livre, surtout lorsqu'il est bien écrit, mais je n'éprouvais plus aucun plaisir à le lire.
Je préfère les polars écossais, surtout ceux du formidable Ian RANKIN avec son inspecteur John REBUS, ou de Val McDERMID, Alan PARKS ainsi que "Trainspotting", qui décrivent très bien les différents aspects de l'Ecosse depuis les années 60 jusqu'à nos jours.
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