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EAN : 9782721012159
Editions des Femmes (12/10/2023)
3.5/5   4 notes
Résumé :
Comment guérir de l'alcoolisme ? Dans cette fiction poétique à la forme très originale, Anne Sultan, chorégraphe et danseuse, travaille la langue au plus près du corps et de l'esprit. Langue du corps mais aussi corps de la langue, les mots se font chair pour saisir les moments de désespoir profond qui jalonnent la dépendance à l'alcool, la difficulté d'en sortir et l'immense courage qu'il faut pour affronter cette maladie et en réchapper. Un texte d'une grande actua... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Une femme s'exprime. Elle parle de sa maladie : l'alcoolisme. Ses subterfuges pour boire discrètement, ses descentes aux enfers, ses séjours à l'hôpital, ses fugues ou tentatives, ses cachettes pour boire jusqu'à un taux duquel elle pourrait ne pas revenir, ses rencontres avec ceux qui l'aident à boire, avec ceux qui la soutiennent et qui vont l'aider à stopper, les départs des uns et des autres, fatigués...

Ce court texte a été porté sur scène au théâtre et à la radio. Anne Sultan est danseuse, chorégraphe, metteuse en scène et autrice.

Ce qui frappe dès le début, le livre même pas encore ouvert, c'est la langue. le titre dont on se demande bien ce qu'il signifie, et puis les premières phrases :

"L'écume du corps

Le premier jour a lieu le dépôt du corps.

Suis venue seule ici déposer reste. de corps." (p.5)

Il faut accepter de se laisser bousculer, de changer ses habitudes, de lire une autre ponctuation, de respirer différemment. L'écriture est désaccordée, chaotique, qui interroge, interpelle, nécessite parfois des temps de lecture à haute voix -pour comprendre notamment comment lire ce point en milieu de phrase ou pour saisir parfois les sons des mots, les jeux avec iceux-, et qui, le rythme pris, se révèle fascinante dans ce sens où l'on a du mal à la quitter. Elle colle parfaitement au sujet, cette femme qui sombre toujours plus bas, qui ne parvient pas à remonter, dont le corps vacille et dont l'esprit soubresaute. Sa vie est hachée, cassée par son addiction.

"J'ai vite

A peine debout et ça peine à tenir. Deux bouts deux pieds levés vite et en place. Debout. Les membres tremblent encore de la veille. Non. Ça tremble parce la veille. de trop.

Se taire et vite de tout ça qui gigote malgré soi.

Éteindre le tremblement de la veille de trop. Vite.

D'abord coucher cadavres de la veille de trop puis recouvrir avec papier journal et sacs plastique. Moins sonore comme ça au moment du jeté dans poubelle commune. Tout un art et tout ce temps pour." (p.20)

J'ai forcément fait, pendant ma lecture, un parallèle avec la danse -un art que je ne connais ni ne comprends vraiment. Ce serait une danse très moderne, des corps désarticulés, aux gestes qu'on penserait désordonnés, accompagnés d'une musique pas toujours simple à entendre. C'est cela que je voyais et entendais, c'est sans doute convenu, attendu, mais je le disais je ne maîtrise par la danse. Je suis plus à l'aise pour donner mon avis en littérature et là, je peux dire que si ce livre n'est pas d'un abord aisé, il bouscule, émeut, oblige à le reposer, le reprendre, à lire à haute voix, à s'arrêter sur une phrase, un mot, une expression. Un livre qui ne peut laisser indifférent, et ça j'aime beaucoup.
Lien : http://www.lyvres.fr/
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Livre lu dans le cadre de Masse critique

C'est un petit livre tout en élégance colorée, un court texte qui exige notre attention, 50 pages pour 5 années d'une traversée sur un fil, une succession de chutes, une arrivée in extremis. Tout est dit dans les trois mots du titre, nous sommes en territoire d'addiction, dans cette épreuve ultime où doit s'épuiser le refus de « vivre avec sans » pour que le sauvetage puisse avoir lieu.

D'emblée le texte nous plonge à ce stade où l'alcool – jamais nommé, un « Ça » décrit par ses contenants, ses couleurs et ses degrés – a produit ses lésions cérébrales et dégâts psychomoteurs. Nous avançons entre le flou de mots bredouillés et la fulgurance des flashs incisant le réel.

Tituber est le maître mot, qui s'impose au corps, à la mémoire, à l'expression … et à notre compréhension. Les trente premières pages sont un état des lieux où la mémoire déposent ses bribes. Puis apparaît la décision de revisiter l'histoire. En reprendre connaissance par delà ses propres « pertes de connaissance » passe par la mémoire des autres. Dés lors le récit qui se construit réinstalle peu à peu la liaison des mots, la phrase s'enrichit jusque décrire, plus que désigner, la souffrance, l'engrenage de la dépendance, pose un à un les éléments, et surtout les présences, qui oeuvrent à offrir la chance d'une improbable mais bien réelle fin heureuse.

Éprouvante par son style, cette lecture est précieuse par ce dont elle témoigne intensément.
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Un livre atypique qui évoque un sujet peu exploré en littérature : l'alcoolisme chez la femme. de la lente descente en enfer jusqu'à la rémission. L'accoutumance qui se fait progressive, les subterfuges pour cacher cette dépendance, les cures, les blessures au corps, les blessures à l'âme. On passe par tous les états jusqu'au delirium tremens.
Livre très court (57 pages) mais d'une puissance incroyable.

La descente en enfer se fait insidieuse. L'ivresse au détour des lignes m'a saisit et j'en titube, tant les mots m'ont impactés.
L'écriture poétique provoque une rythmique intense, mais il faut accepter de lâcher prise et de se laisser porter. La ponctuation, les mots absents rendent ce livre unique.

Et la danse qui se mêle aux mots. Texte adapté au théâtre et à la radio. Une pièce à voir indubitablement et un texte à lire et relire sans modération…

Merci Babelio pour cette découverte inoubliable !

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On nous parle d'une fiction poétique à la forme très originale, malheureusement de mon côté j'y ai rien vu de poétique, juste une cacophonie de mots qui partent dans tous les sens.
On nous dit aussi qu'il s'agit de l'alcoolisme au féminin, porté par une écriture poignante. Limite cela ne se devinerait pas tout le temps, quand à l'écriture poignante, pas du tout de mon côté, 0 émotion.
En bref, un essai raté pour ma part, qui semble plaire à d'autres.

Au niveau d'à quoi vous attendre : c'est un petit livre, séparé en chapitre sous-titré et un texte (prétendument poétique).
Ils doivent tous être à part sur ce thème.
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