AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Gallimard (01/01/1934)
3.25/5   4 notes
Résumé :
Pas de quatrième de couverture.
Acheter ce livre sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten
Que lire après Les amis inconnusVoir plus
Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
Les Amis Inconnus


Il vous naît un poisson qui se met à tourner
Tout de suite au plus noir d'une lame profonde,
II vous naît une étoile au-dessus de la tête,
Elle voudrait chanter mais ne peut faire mieux
Que ses sœurs de la nuit les étoiles muettes.

Il vous naît un oiseau dans la force de l'âge,
En plein vol, et cachant votre histoire en son cœur
Puisqu'il n'a que son cri d'oiseau pour la montrer.
Il vole sur les bois, se choisit une branche
Et s'y pose, on dirait qu'elle est comme les autres.

Où courent-ils ainsi ces lièvres, ces belettes,
II n'est pas de chasseur encor dans la contrée,
Et quelle peur les hante et les fait se hâter,
L'écureuil qui devient feuille et bois dans sa fuite,
La biche et le chevreuil soudain déconcertés ?

II vous naît un ami, et voilà qu'il vous cherche
II ne connaîtra pas votre nom ni vos yeux
Mais il faudra qu'il soit touché comme les autres
Et loge dans son cœur d'étranges battements
Qui lui viennent de jours qu'il n'aura pas vécus.

Et vous, que faites-vous, ô visage troublé,
Par ces brusques passants, ces bêtes, ces oiseaux,
Vous qui vous demandez, vous, toujours sans nouvelles,
« Si je croise jamais un des amis lointains
Au mal que je lui fis vais-je le reconnaître ? »

Pardon pour vous, pardon pour eux, pour le silence
Et les mots inconsidérés,
Pour les phrases venant de lèvres inconnues
Qui vous touchent de loin comme balles perdues,
Et pardon pour les fronts qui semblent oublieux.
Commenter  J’apprécie          130
MA CHAMBRE


Et les objets se mirent à sourire,
L’armoire à glace avait un air très entendu,
Et le fauteuil feignait d’en savoir long
Sur nos quatre saisons et sur la sienne seule
(Elle ignore le gel et les ardeurs solaires).

Le robinet riait dans sa barbe bruyante,
La corbeille à papiers lisait des bouts de lettres
Dès qu’on avait le dos tourné
Et j’étais un objet méditant parmi d’autres
(Oubliant que naguère encor j’étais un homme).
Commenter  J’apprécie          90
LE MATIN ET LES ARBRES

L’ARBRE


Il y avait autrefois de l’affection, de tendres sentiments,
C’est devenu du bois.
Il y avait une grande politesse de paroles,
C’est du bois maintenant, des ramilles, du feuillage.
Il y avait de jolis habits autour d’un cœur d’amoureuse
Ou d’amoureux, oui, quel était le sexe ?
C’est devenu du bois sans intentions apparentes
Et si l’on coupe une branche et qu’on regarde la fibre
Elle reste muette
Du moins pour des oreilles humaines,
Pas un seul mot n’en sort mais un silence sans nuances
Vient des fibrilles de toute sorte où passe une petite
 fourmi.

Comme il se contorsionne l’arbre, comme il va dans tous
 les sens,
Tout en restant immobile !
Et par là-dessus le vent essaie de le mettre en route,
Il voudrait en faire une espèce d’oiseau bien plus grand
 que nature
Parmi les autres oiseaux
Mais lui ne fait pas attention,
Il faut savoir être un arbre durant les quatre saisons,
Et regarder, pour mieux se taire,
Ecouter les paroles des hommes et ne jamais répondre,
Il faut savoir être tout entier dans une feuille
Et la voir qui s’envole.
Commenter  J’apprécie          10
L'OISEAU


« Oiseau, que cherchez-vous, voletant sur mes livres,
Tout vous est étranger dans mon étroite chambre.

— J'ignore votre chambre et je suis loin de vous,
Je n'ai jamais quitté mes bois, je suis sur l'arbre
Où j'ai caché mon nid, comprenez autrement
Tout ce qui vous arrive, oubliez un oiseau.

— Mais je vois de tout près vos pattes, votre bec.

— Sans doute pouvez-vous rapprocher les distances
Si vos yeux m'ont trouvé ce n'est pas de ma faute.

— Pourtant vous êtes là puisque vous répondez.

— Je réponds à la peur que j'ai toujours de l'homme
Je nourris mes petits, je n'ai d'autre loisir,
Je les garde en secret au plus sombre d'un arbre
Que je croyais touffu comme l'un de vos murs.
Laissez-moi sur ma branche et gardez vos paroles,
Je crains votre pensée comme un coup de fusil.

— Calmez donc votre cœur qui m'entend sous la plume.

— Mais quelle horreur cachait votre douceur obscure
Ah ! vous m'avez tué je tombe de mon arbre.

— J'ai besoin d'être seul, même un regard d'oiseau...

— Mais puisque j'étais loin au fond de mes grands bois ! »
Commenter  J’apprécie          10
Attendre que la Nuit, toujours reconnaissable
À sa grande altitude où n’atteint pas le vent,
           Mais le malheur des hommes,
Vienne allumer ses feux intimes et tremblants
Et dépose sans bruit ses barques de pêcheurs,
Ses lanternes de bord que le ciel a bercées,
Ses filets étoilés dans notre âme élargie,
Attendre qu’elle trouve en nous sa confidente
Grâce à mille reflets et secrets mouvements
Et qu’elle nous attire à ses mains de fourrure,
Nous les enfants perdus, maltraités par le jour
           Et la grande lumière,
Ramassés par la Nuit poreuse et pénétrante,
Plus sûre qu’un lit sûr sous un toit familier,
C’est l’abri murmurant qui nous tient compagnie,
C’est la couche où poser la tête qui déjà
           Commence à graviter,
À s’étoiler en nous, à trouver son chemin.
Commenter  J’apprécie          10

Videos de Jules Supervielle (28) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jules Supervielle
Jules SUPERVIELLE – Introduction à son œuvre (Conférence, 2017)) Une conférence d’Adeline Baldacchino, intitulée « Jules Supervielle - Cœur de vivant guetté par le danger », donnée le 4 février 2017 à l’Université Populaire de Caen.
autres livres classés : uruguayVoir plus
Acheter ce livre sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten


Lecteurs (10) Voir plus



Quiz Voir plus

Les titres de Jules Supervielle

Comment sont les amis ?

méconnus
inconnus
reconnus
nus

9 questions
14 lecteurs ont répondu
Thème : Jules SupervielleCréer un quiz sur ce livre

{* *}