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Citations sur Supervielle : Oeuvres poétiques complètes (62)

J'aurai rêvé ma vie à l'instar des rivières
Vivant en même temps la source et l'océan
Sans pouvoir me fixer même un mince moment
Entre le mont, la plaine et les plages dernières.
Suis-je ici, suis-je là ? Mes rives coutumières
Changent de part et d'autre et me laissent errant.
Suis-je l'eau qui s'en va, le nageur descendant
Plein de trouble pour ce qu'il laissa derrière ?
Ou serais-je plutôt sans même le savoir
Celui qui dans la nuit n'a plus que la ressource
De chercher l'océan du côté de la source
Puisqu'est derrière lui le meilleur de l'espoir ?
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C'est tout ce que nous aurions voulu faire et n'avons pas fait,
Ce qui a voulu prendre la parole et n'a pas trouvé les mots qu'il fallait,
Tout ce qui nous a quittés sans rien nous dire de son secret,
Ce que nous pouvons toucher et même creuser par le fer sans jamais l'atteindre,
Ce qui est devenu vagues et encore vagues parce qu'il se cherche sans se trouver,
Ce qui est devenu écume pour ne pas mourir tout à fait,
Ce qui est devenu sillage de quelques secondes par goût fondamental de l'éternel,
Ce qui avance dans les profondeurs et ne montera jamais à la surface,
Ce qui avance à la surface et redoute les profondeurs,
Tout cela et bien plus encore,
La mer.
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Saisir, saisir le soir la pomme et la statue,
Saisir l’ombre et le mur et le bout de la rue.
Saisir le pied, le cou de la femme couchée
Et puis ouvrir les mains. Combien d’oiseaux lâchés
Combien d’oiseaux perdus qui deviennent la rue,
L’ombre, le mur, le soir, la pomme et la statue.
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Etats des lieux

L’aube fait son état des lieux,
Nous sommes nus sous ses grands yeux
Et voilà qu’elle nous assume
Est-ce ainsi qu’on devient posthume ?
Autrefois en nous attendant
L’avenir était un géant.
Quand il tournait vers nous sa face
L’espace emplissait nos terrasses.
Pressé de devenir passé,
Moitié sombre moitié glacé,
Plus maigre d’aurore en aurore
L’avenir voûté nous ignore.
Le présent l’imite et le fait
Si bien qu’il en est contrefait.
Même quand nous fermons les yeux
Pour le retrouver quelque peu,
Il est si distrait, si peu nôtre,
Qu’il nous confond avec un autre.
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Et Dieu crée la femme...

Pense aux plages, pense à la mer
Au lisse du ciel, aux nuages,
A tous celà devenant chair
Et dans le meilleur de son âge,
Pense aux tendres bêtes du bois,
Pense à leur peur sur tes épaules,
Aux sources que tu ne peux voir
Et dont le murmure t’isole,
Pense à tes plus profonds soupirs,
Ils deviendront un seul désir,
A ce dont tu chéris l’image,
Tu l’aimeras bien d’avantage.
Ce qui était beaucoup trop loin
Pour le parfum ou le reproche,
Tu vas voir comme il se rapproche
Se faisant femme jusqu’aù lien,
Ce dont rêvaient tes yeux, ta bouche,
Tu vas voir comme tu le touches.
Elle aura des mains comme toi
Et pourtant combien différentes,
Elle aura des yeux comme toi
Et pourtant rien ne leur ressemble.
Elle ne te sera jamais
Complètement familière,
Tu voudras la renouveler
De mille confuses manières
Voilà, tu peux te retourner
C’est la femme que je te donne
Mais c’est à toi de la nommer,
Elle approche de ta personne.
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Nous verrons-nous jamais quand, légers, auront fui
Les jours que nous vivrons encore ?
Aura-t-elle une fin l’imperturbable nuit,
Après notre dernière aurore ?

Ne viendras-tu jamais sur mon cœur d'autrefois
Poser ta main terrestre et douce,
Toi qui pour notre amour, multiple comme un bois,
Fut l'eau vivante sur la mousse ?

Est-ce vrai que l’on meurt tout à fait, est-ce vrai
Que les yeux clos jamais ne s'ouvrent ?
Et que le morne froid qu'un jour je sentirai
Est celui des chenets que nul feu ne recouvre ?

Est-ce vrai que ta joie et ton jeune baiser,
Et les saisons de ton visage,
Que tout s'effacera dans mon cœur apaisé,
Et même ta présente image ?

Toi que voilà glissant des bagues à tes doigts,
Et qui souris et qui badines,
Ô toi qui ne sait pas qu'un angoissant émoi
Est né dans mon âme orpheline ?

(Voyage en soi)
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Ce qu’il faut de nuit
Au-dessus des arbres,
Ce qu’il faut de fruits
Aux tables de marbre,
Ce qu’il faut d’obscur
Pour que le sang batte,
Ce qu’il faut de pur
Au cœur écarlate,
Ce qu’il faut de jour
Sur la page blanche,
Ce qu’il faut d’amour
Au fond du silence.
Et l’âme sans gloire
Qui demande à boire,
Le fil de nos jours
Chaque jour plus mince,
Et le cœur plus sourd
Les ans qui le pincent.
Nul n’entend que nous
La poulie qui grince,
Le seau est si lourd.
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Derrière un éventail de fraîche mousseline,
Ton rire ruisselait en source près de moi ;
Je vois encore mes fleurs s’ouvrir sur ta poitrine ;
J’entends le rythme clair et le chant de ta voix !

Cherchant au loin ta forme exquise et mon bonheur,
Sur une barque blanche a fui mon rêve aride,
Et je vois revenir là-bas ma barque vide,
Et ton noir éventail se ferme sur mon cœur…
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La lune dans l’étang
Se souvient d’elle-même,
Veut se donner pour thème
A son enchantement,
Mais sa candeur précise
Au frais toucher de l’eau,
De délices se brise,
Et flotte la surprise
Des lunaires morceaux
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LE DESIR
Quand les yeux du désir, plus sévères qu'un juge, vous disent d'approcher,
Que l'âme demeure effrayée
Par le corps aveugle qui la repousse et s'en va tout seul
Hors de ses draps comme un frère somnambule,
Quand le sang coule plus sombre de ses secrètes montagnes,
Que le corps jusqu'aux cheveux n'est qu'une grande main inhumaine
Tâtonnante, même en plein jour....
Mais il est un autre corps,
Voici l'autre somnambule,
Ce sont deux têtes qui bourdonnent maintenant et se rapprochent,
Des torses nus sans mémoire cherchent à se comprendre dans l'ombre,
Et la muette de soie s'exprime par la plus grande douceur
Jusqu'au moment où les êtres
Sont déposés interdits sur des rivages différents.
Alors l'âme se retrouve dans le corps sans savoir comment
Et ils s'éloignent réconciliés, en se demandant des nouvelles.
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