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Citations sur Supervielle : Oeuvres poétiques complètes (62)

CE PUR ENFANT

Ce pur enfant, rose de chasteté ,
Qu'à-t-il à voir avec la volupté ?
Et fallait-il qu'en luxe d'innocence
Allat finir la fureur de nos sens ?

Dorénavant en cette neuve chair
Se débattra notre amoureux mystère ?
Après nous avoir pris le coeur d'assaut
L'amour se change en l'hôte d'un berceau,

En petits poings fermés, en courtes cuisses,
En ventre rond sans aucune malice
Et nous restons tous deux à regarder
Notre secret si mal, si bien gardé.
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LE PREMIER ARBRE

C'était lors de mon premier arbre,
J'avais beau le sentir en moi
Il me surprit par tant de branches,
Il était arbre mille fois.
Moi qui suis tout ce que je forme
Je ne me savais pas feuillu,
Voilà que je doutais de l'ombre
Et j'avais des oiseaux dessus.
Je cachais ma sève divine
Dans ce fût qui montait au ciel
Mais j'étais pris par la racine
Comme à un piège naturel.
C'était lors de mon premier arbre,
L'homme s'assit sous le feuillage
Si tendre d'être si nouveau.
Était-ce un chêne ou bien un orme
C'est loin et je ne sais pas trop
Mais je sais bien qu'il plut à l'homme
Qui s'endormit les yeux en joie
Pour y rêver d'un petit bois.
[...]

(La Fable du monde, 1938)
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1939-1945

Hommage à la vie


C'est beau d'avoir élu
Domicile vivant
Et de loger le temps
Dans un cœur continu,
Et d'avoir vu ses mains
Se poser sur le monde
Comme une pomme
Dans un petit jardin,
D'avoir aimé la terre,
La lune et le soleil
Comme des familiers
Qui n'ont pas leurs pareils,
Et d'avoir confié
Le monde à sa mémoire
Comme un clair cavalier
À sa monture noire,
D'avoir donné visage
À ces mots : femme, enfants,
Et servi de rivage
À d'errants continents,
Et d'avoir atteint l'âme
À petits coups de rame
Pour ne l'effaroucher
D'une brusque approchée,
C'est beau d'avoir connu
L'ombre sous le feuillage
Et d'avoir senti l'âge
Ramper sur le corps nu,
Accompagné la peine
Du sang noir de nos veines
Et doré son silence
De l'étoile Patience,
Et d'avoir tous ces mots
Qui bougent dans la tête,
De choisir les moins beaux
Pour leur faire un peu fête,
D'avoir senti la vie
Hâtive et mal aimée,
De l'avoir enfermée
Dans cette poésie.
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Ton sourire entourait
le col des collines
On le cherchait dans la vallée
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L'Oiseau

« Oiseau, que cherchez-vous, voletant sur mes livres,
Tout vous est étranger dans mon étroite chambre.
– J'ignore votre chambre et je suis loin de vous,
Je n'ai jamais quitté mes bois, je suis sur l'arbre
Où j'ai caché mon nid, comprenez autrement
Tout ce qui vous arrive, oubliez un oiseau.
– Mais je vois de tout près vos pattes, votre bec.
– Sans doute pouvez-vous rapprocher les distances
Si vos yeux m'ont trouvé ce n'est pas de ma faute.
– Pourtant vous êtes là puisque vous répondez.
– Je réponds à la peur que j'ai toujours de l'homme
Je nourris mes petits, je n'ai d'autre loisir,
Je les garde en secret au plus sombre d'un arbre
Que je croyais touffu comme l'un de vos murs.
Laissez-moi sur ma branche et gardez vos paroles,
Je crains votre pensée comme un coup de fusil.
– Calmez donc votre cœur qui m'entend sous la plume.
– Mais quelle horreur cachait votre douceur obscure
Ah ! vous m'avez tué je tombe de mon arbre.
– J'ai besoin d'être seul, même un regard d'oiseau...
– Mais puisque j'étais loin au fond de mes grands bois ! »
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Voyageur, voyageur...

Voyageur, voyageur, accepte le retour,
Il n'est plus place en toi pour de nouveaux visages,
Ton rêve modelé par trop de paysages,
Laisse-le reposer en son nouveau contour.

Fuis l'horizon bruyant qui toujours te réclame
Pour écouter enfin ta vivante rumeur
Que garde maintenant de ses arcs de verdeur
Le palmier qui s'incline aux sources de ton âme.
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À la mémoire de mes parents


Il est deux êtres chers, deux êtres que j’adore,
Mais je ne les ai jamais vus,
Je les cherchais longtemps et je les cherche encore,
Ils ne sont plus, ils ne sont plus…

Un jour j’allais tout seul dans un vieux cimetière
Pensant à ceux que j’adorais,
Et je vis une tombe, et, gravée sur la pierre,
Les noms de ceux que je cherchais…

//Brumes du passé//
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Quelqu’Un

A pas subtils quelqu'un vient s'établir chez moi,
Il n'a pas de visage ni corps ni mains ni doigts
Mais il a beau être fluide il vient prendre possession
Et il plante là sa tente comme s'il avait un corps.
Il s'installe sans aucun droit de propriété
Ne faisant même pas attention à moi
Il fait comme chez lui et il me faut rester coi.
Le voilà qui s'empare de ma gorge et d'un genou
Me regardant dans les yeux pour savoir ce que j'en pense
Puis se détourne de moi. Tout est affaire de silence.
Vous vous y ferez, les mots c'est encore de la révolte
Quand celle-ci est dominée vous n'avez plus besoin de l'escorte
Du vocabulaire rampant
Et cependant
Le ciel est là qui cherche ses montagnes,
Et les monts cherchent la vallée,
La vallée près d'être en allée
Se ranime dans la campagne
Et devient à son tour montagne.
Le ciel cherche d'autres vallées.
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Le ciel

Pour affronter le ciel il me faut un visage
Qui ne ressemble au mien que par le vif des yeux
Et pour gravir la nuit j'ai besoin de ce bleu,
Ce souvenir du jour et de ma mère sage
Blottie entre mes cils avec tant de pudeur
Que nul ne pense à moi en voyant la couleur.
Elle sait être moi avec tant de patience
Qu'elle aime à se confondre avec mon ignorance
Et l'on ne songe pas que je ne suis pas seul
A vouloir m' élancer au puits sans fond du ciel.
Pardon de n'avoir su, ô douce ressemblance,
Imiter ta pudeur et garder ton silence.


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Cauchemar

C’est la couleuvre du silence
Qui vient dans ma chambre et s’allonge
Elle contourne l’encirer
Puis, se glissant jusqu’à mon lit,
S’enroule autour de mon cœur même,
Mon cœur qui ne sait pas crier,
Lui qui du grand bruit de l’espace
Fait naître un silence habité,
Lui qui de ses propres angoisses
Façonne un songe ensanglanté.
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