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EAN : 9781021028884
77 pages
Tallandier (31/08/2017)
4.37/5   15 notes
Résumé :
Face à la menace djihadiste, la tentation est grande pour le pouvoir de piétiner les libertés fondamentales. Comme avocat représentant la Ligue des droits de l’homme, François Sureau a plaidé à trois reprises devant le Conseil constitutionnel la non-conformité à notre Constitution de dispositions législatives relatives à l’état d’urgence : la première pénalisait la consultation de sites terroristes, la seconde créait un « délit d’entreprise individuelle terroriste »... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Il ne s'agit pas de parler de ce livre comme d'un roman. Les trois parties qui le constituent sont trois plaidoiries que l'auteur a tenues devant le conseil constitutionnel en vertu d'une procédure du 23 juillet 2008 permettant de contester la conformité aux droits et libertés garantie par la constitution, de lois en vigueur, permettant au conseil constitutionnel d'abroger des dispositions législatives avant qu'elles ne soient promulguées.
La première de ces plaidoiries rappelait qu'on ne peut confondre la liberté de penser et la mise en danger de l'État et qu'une intention n'est pas une preuve. Elle déclarait contraire à la constitution un article du code pénal condamnant la « consultation habituelle de sites terroristes ». François Sureau rappelle que la liberté d'information ne peut en rien constituer un délit. Pour lui ce n'est pas seulement cette disposition particulière qu'il faut éviter mais le fait qu'elle s'étende et s'accélère, tel un mouvement destructeur commencé voici 20 ans. Pour l'auteur nous sommes en deçà des exigences de l'inquisition (sic). Rappelant Simone Weil, il conclut par « L'esclavage avilit l'homme jusqu'à s'en faire aimer ; … la liberté n'est précieuse qu'aux yeux de ceux qui la possèdent effectivement. »
La deuxième audience concerne les libertés du citoyen et citant Léon Blum il rappelle l'hypocrisie équivoque qu'on a volontairement introduite dans les lois. On y confond l'intention et l'exécution. L'habeas corpus est renié. On n'est pas coupable avant d'avoir commis un délit et l'intention, qui doit d'abord être démontrée, n'est pas l'action. Nous retrouvons ici la première plaidoirie pour laquelle une consultation n'est pas la participation active à un endoctrinement terroriste. On mesure ici l'engagement de l'auteur auprès de la « Ligue des droits de l'homme ».
Enfin la dernière plaidoirie défendra la liberté d'aller et venir. Il s'agissait «d'interdire le séjour dans tout ou partie du département à toute personne cherchant à entraver, de quelque manière que ce soit, l'action des pouvoirs publics ». On mesure, rien que dans la formulation, tout l'arbitraire de cette dernière mesure.
Pour l'instant ces trois dispositions ont été déclarées inconstitutionnelles. Mais rien ne nous permet de penser qu'elles ne sont pas telle une épée de Damoclès, suspendues au-dessus de nos têtes. Ce texte ne concerne pas que « l'honnête homme » soucieux de s'informer. À travers son intérêt juridique il ouvre nos yeux sur l'historique des textes de loi. L'auteur s'emploie avec brio à nous les rappeler et nous démontre avec conviction que la liberté, comme la démocratie, reste un combat quotidien et qu'à aucun prix il ne faut lâcher la bride, car la bête immonde est toujours prête à renaître de ses cendres.
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un remarquable livre qui regroupe trois plaidoiries exemplaires qui rappelle les fondamentaux de notre démocratie. Il montre qu'une démocratie qui répond au terrorisme par des lois liberticides réalise le projet même de la terreur qui vise à limiter la liberté.
La souveraineté du peuple est constitué par des droits imprescriptibles qu'il ne faut pas brader sur l'autel de la sécurité.
Ces trois plaidoiries ont permis que le conseil constitutionnel retoque plusieurs aspects des différentes loi anti-terroriste de 2015 et 2016.
A lire pour comprendre pourquoi un droit équilibré protège mieux que tous les arsenaux juridico-policiers.
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critiques presse (1)
LaCroix
27 octobre 2017
Une ambitieuse mise en perspective juridique et anthropologique du recul des libertés en ces temps de menace terroriste.
Lire la critique sur le site : LaCroix
Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Après chaque attentat, des ministres bien intentionnés recommandent de continuer à se distraire comme s'il s'agissait là d'un acte de résistance, alors que de l'autre main ils nous introduisent dans l'univers, si commode pour eux, si dégradant pour nous, de la servitude administrative. Je ne sais rien de plus triste ni de plus humiliant que cet abaissement et cette hypocrisie.

A ce point, un soupçon nous saisit. Si le législateur, et avec lui ceux qui l'approuvent, est si prompt à suspendre nos libertés, c'est que peut-être il ne s'en fait pas une idée très haute. En effet, si par liberté on entend simplement le fait d'aller au concert ou de boire des bocks en terrasse, alors il ne s'agit guère que de licence et l'on peut s'en passer puisque les circonstances l'exigent. Seulement voilà : la liberté est indivisible. Elle s'étend des formes les plus banales aux formes les plus exceptionnelles, et ce ne sont pas nécessairement les plus héroïques qui sont les plus utiles, ou plus exactement il est impossible de les distinguer entre elles. En atteindre une, c'est ruiner les autres.
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Le système des droits n'a pas été fait seulement pour les temps calmes, mais pour tous les temps. Rien ne justifie de suspendre de manière permanente les droits du citoyen. Cela n'apporte rien à la lutte contre le terrorisme. Cela lui procure au contraire une victoire sans combat, en montrant à quel point nos principes étaient fragiles. François Sureau.
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Mais si les temps sont difficiles, ce que personne ne conteste, les principes dont je parle ne sont pas réductibles à de grands mots. Il y va de ce que nous sommes, si nous ne voulons pas finir, une loi après l'autre, par ressembler à cette Russie dont parlait Custine en disant : "J"ai senti au fond de cet exercice une volonté de fer employée à faux, et qui opprime les hommes pour se venger de ne pouvoir vaincre les choses." Et le soupçon peut, en effet, nous traverser l'esprit qu'il est plus facile de plaire à tout le monde en passant des lois excessives qu'en réformant la police pour la rendre mieux adaptée aux nécessités de l'heure.
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Videos de François Sureau (26) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de François Sureau
Cette semaine, Augustin Trapenard reçoit François Sureau pour "S'en aller", édité chez Gallimard. "Je connais peu d'images aussi frappantes que celle par laquelle Nabokov décrit le départ d'un train : ce sont les wagons qui reculent le long du quai. Quant à la destination, elle n'est jamais celle qu'on a entrevue, en esprit, au moment de s'en aller".
François Sureau, écrivain reconnu, explore dans son dernier ouvrage la quête commune de ceux qui cherchent à s'évader des contraintes du quotidien. Avec une plume élégante et introspective, il évoque la fascination pour l'ailleurs, partageant des anecdotes de voyages et des rencontres marquantes. de Victor Hugo à Philby père et fils, en passant par Patrick Leigh Fermor, l'auteur tisse ici un récit captivant autour de ces âmes en quête d'une liberté insaisissable.
À travers les récits de ses propres voyages – de la Hongrie post-Mur de Berlin à l'Inde et l'Himalaya, en passant par les horreurs de la guerre en Yougoslavie – il nous transporte dans un monde où l'aventure devient le fil conducteur de l'existence. Son écriture, empreinte de poésie et de réflexion, célèbre la beauté des découvertes et la richesse des expériences vécues.
En revisitant ces moments clés de sa vie, François Sureau nous invite à contempler la grandeur de l'inconnu et à embrasser la diversité du monde qui nous entoure. À travers cette méditation sur l'aventure, il nous rappelle que la recherche de la compagnie de ceux qui partagent notre soif d'évasion est un voyage en soi, une quête perpétuelle de sens et de beauté
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