Une belle couverture photographique, une quatrième de couverture attirante. La démarche d'une auteure que j'ai envie d'encourager, une histoire, celle de la Hongrie de ces deux derniers siècles, qui suscite ma curiosité, des écrivains hongrois qu'on lit avec tant de plaisir.
Dans une première partie, malgré quelques maladresses, la lecture est plaisante. Titre, couverture, présentation, les promesses sont tenues.
Une grand-mère "courage", née, vivant sur un territoire culturellement très défini, mais tant bouleversé, transbahuté, plusieurs fois au gré des conquêtes, des empires, des enjeux. Tout cela parce qu'il faut appliquer des idéologies, qu'il faut répondre à coups de crayons, quand les canons se sont tus, et que sur les cartes, les hommes et les femmes, ne parlent pas.
Pendant cette partie, j'ai bien ri avec "petite moustache" alias
Georges Clemenceau, que les Hongrois gardent du mauvais côté de leur mémoire. le traité de Trianon défendu par petite moustache a détruit, anéanti, démantibulé, séparé les familles, confisqué les terres, chassé des milliers de personnes.
Anne Svitel, avec l'histoire de sa grand-mère, fait un devoir de mémoire et davantage. Emouvant, sensible.
Puis, l'auteure nous emmène sur deux destinées, parallèles, les deux petites filles. L'une choisit de rester en Hongrie, l'autre émigre et vivra à Paris dans le luxe, le milieu de la mode. Puis elle effectue un voyage en Inde, avant de retrouver sa soeur pour vivre l'ouverture de 1989 (chute du rideau de fer). Toute cette partie parisienne et indienne m'a profondément ennuyée. D'autant que l'on passe du superficiel (Paris, la mode, le luxe), au spirituel. Mais j'ai perdu le lien avec la Hongrie.
Sauf, y avait-t-il un lien entre la culture millénaire de la Hongrie et la superficialité et l'artificialité des milieux parisiens ?
Je n'ai retrouvé le sens que dans les derniers chapitres, lorsque l'émigrée retrouve sa grande soeur qui est restée en Hongrie.
Un roman, parfois émouvant, lorsqu'il reste centré sur cette grand-mère et son peuple, les Sicules, massacré par les Roumains et les transferts de territoires.
Parfois agaçant parce qu'il m'a semblé que l'auteure montrait de la sympathie avec l'amiral Horthy.