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EAN : 9781117698625
114 pages
BiblioBazaar (15/12/2009)
4.25/5   4 notes
Résumé :
Laurent Tailhade (1854-1919). Né à Tarbes dans une famille de magistrats, il fréquente, dès son arrivée à Paris, les milieux littéraires symbolistes, se lie avec Verlaine, devient dreyfusard et, libertarien haut en couleur, se fait chantre de l'anarchisme dont la vogue alors fait fureur... Le jour où il est grièvement blessé par une bombe, l'imprécateur refuse de porter plainte. Moins beau joueur avec les éditeurs, Tailhade se fait mal voir.Il s'attaque donc de plus... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Un recueil de textes bâtards que j'ai du mal à nommer poésie tant le fond polémique prend le pas sur la forme. Laurent Tailhade a une écriture originale, très stylée, aux nombreuses inspirations. D'abord il y a des références ouvertement revendiquées, celles de François Villon dont il partage le goût d'un argot un peu obscur (et qui lui permet aussi d'utiliser des archaïsmes insolites) et de Jules Laforgue avec sa manière d'introduire une trivialité frivole dans ses écrits les plus potaches. Ensuite il y a peut-être aussi d'autres inspirations moins avouables pour Tailhade, celle de Huysmans et son côté maniéré ou de Bloy pour la véhémence des propos anti-bourgeois. Moins avouables, car ce sont deux écrivains à l'opposer de lui sur l'échiquier politique ; on remarquera quand même qu'il épargne relativement ces deux-là. Par contre François Coppée, Pierre Loti, Péladan, Barrès ou Drumont s'en prennent plein la tête, dans des attaques qui restent souvent à un niveau section maternelle, du genre Péladan pu des pieds, Barrès n'a plus de dents... Au pays du Mufle, Tailhade est le roi !
Aussi bizarre que pourrait paraître cette appellation, Laurent Tailhade a écrit une « poésie dreyfusarde », beaucoup plus politique qu'esthétique. Ses ennemis sont clairement identifiés, ce sont les royalistes, les catholiques, les nationalistes, etc. Et cela pose à mon avis un véritable problème de compréhension qui s'ajoute à un style qui n'est déjà pas aisé à aborder et demande beaucoup d'attention. A trop sacrifier à la nouvelle idole de l'actualité politique, il s'est rendu illisible. Car si tous les noms que j'ai évoqués un peu plus haut restent connus - je ne suis pas bien sûr qu'ils soient beaucoup lu, mais ils gardent une certaine aura - d'autres, des dizaines d'autres noms cités par Tailhade (puisque les attaques ad personam sont une spécialité de ce livre) sont tombés dans un complet oubli, bien mérité sans doute. On peut goûter les rimes originales construites avec ces noms propres et devenus proprement insignifiants, rire des formulations incisives, s'émerveiller des trouvailles langagières, mais elles ont perdues toute leur force et on ne comprend en vérité plus rien, pas même la rage dreyfusarde de Tailhade qui parait à demi aveugle et puérile.
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Quoi ? Vous ne connaissez pas Laurent Thaillade !!! Vous passez à côté d'une des plumes les plus élégantes de la langue française. Il n'est jamais trop tard pour bien lire...
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Ballade de la génération artificielle

      Méphistophélès. — Un homme ! Et quel couple
amoureux avez-vous donc enfermé dans la cheminée ?
      Wagner. — Dieu me garde ! L’ancienne mode
d’engendrer, nous l’avons reconnue pour une véritable
plaisanterie.    —   …   Nous tentons d’expérimenter
judicieusement ce qu’on appelait les forces de la Nature ;
et ce qu’elle produisait jadis organisé, nous autres, nous
le faisons cristalliser.
Gœthe. — Le second Faust.


Wagner, chimiste qu’exténue
Le grimoire du nécromant,
Distille, au fond de sa cornue,
La salamandre et l’excrément,
Et le crapaud que, doctement,
Assaisonne la verte oseille.
Pour que soit clos, en un moment,
L’homuncule dans la bouteille.

Catarrheux, il étreint la Nue.
Fi de la Belle-au-Bois-Dormant !
Fi de la galloyse charnue,
Du mignon et de la jument !
Gaûtama ! le renoncement
Absolu que Ton Doigt conseille
Préside à cet accouchement :
L’homuncule dans la bouteille.

Plus de vérole saugrenue !
Plus d’argent-vif ou d’orpiment !
Hélène, avec sa beauté nue,
Intoxique le jeune Amant.
… vous donc tout simplement,
Au coin du feu, sous une treille ;
Puis décantez modestement
L’homuncule dans la bouteille

Envoi

Fleur des gitons, Prince Charmant,
Nonpareille est cette merveille
Offerte à votre étonnement :
L’homuncule dans la bouteille.

p.56
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BALLADE
SUR LA FÉROCITÉ D’ANDOUILLE
Le Serpens qui tenta Eve estait andouillicque, ce non obstant est de luy inscript qu’il estait fin et cauteleux sus tous aultres animans. Aussi sont Andouilles.
Pantagruel, livre IV, chap. xxxviii.

Loups-garous, stryges et harpie,
D’aucuns ont un mufle camard ;
Chez d’autres le groin copie
Estramaçon ou braquemard.
Empouse, lion de Saint-Marc,
Amphiptère jamais bredouille,
Crocute aux pinces de homard,
Qui plus est maupiteux ? L’Andouille.

Ogresse léchant sa roupie,
Babeau vêtu de poulemart,
Fane aux yeux clairs et malepie,
Caciques de Gustave Aymard,
Les Cauchemars goûtent comme art
Extasié la bonne « douille ».
Mais, du brucolaque au jumart,
Qui plus est maupiteux ? L’Andouille.

Chimère aux sables accroupie,
Nains cagneux supputant le marc
Du teston ou de la roupie ;
Voici, malgré Pline et Lamarck,
Entre Suresnes et Clamart,
Voici l’étrange niguedouille
Frémine avec son galimard.
Qui plus est maupiteux ? L’Andouille.

ENVOI
Prince, banneret, jacquemart,
Ferlampier et coquefredouille,
Rifflandouillez sur le trimard.
Qui plus est maupiteux ? L’Andouille.
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Ballade
touchant l’ignominie de la classe moyenne

Il faut compisser les bourgeois.
Georges Fourest.


Croutelevés et marmiteux
De Nevers, de Chartre ou de Tulle,
Spatalocinèdes piteux
Couverts de gale et de pustule,
Ce bourgeois qui récapitule,
— Étant ladre mais folichon, —
Le quantum de votre sportule,
C’est de la viande de cochon.

Philistins gâteux, ce sont eux,
Les miteux, que chacun gratule,
Malgré leurs gestes comateux,
Leur ventre et leurs doigts en spatule !
Gazons ceci de quelque tulle :
Ô Pétrone ! faut un bouchon
Quotidien dans leur fistule.
C’est de la viande de cochon.

Tous, notaires galipoteux,
Monteurs de coups et de pendule,
Dentistes, avoués quinteux,
Tous, le jobard et l’incrédule,
Violent, moyennant cédule
Et tous, pour ne payer Fanchon,
Citent les Devoirs de Marc-Tulle :
C’est de la viande de cochon.

Envoi

Roimez, le singe de Catulle,
Paul Gébor et madame Chon,
Nana-Saïb et sa mentule,
C’est de la viande de cochon.

p.58
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Ballade des ballades

Tous les almanachs portent
les marques de sa muse.
Rivarol.


Tel Macrobe, ce doux gaga
Déjà trop mûr pour Proserpine,
Tel Nana-Saïb qu’élagua
La béate chauve et rupine,
Tancrède, Marseillais, opine
Et propage ce rythme qu’on
Engrosse comme une lapine :
Tancrède Machin est un sot.

La Ballade ! Ô cieux ! Quel zinc a
Celui qui plante cette épine !
Point n’est besoin de seringa,
De violette cisalpine.
Tancrède a la face poupine,
Il estime l’amer Picon.
La mouche fuit quand il jaspine :
Tancrède Machin est un sot.

Du fleuve Amazone au Volga,
D’Asnière à l’Île Philippine,
Quel primate se distingua
Plus que Tancrède en la rapine
Oraculaire et turlupine ?
Que gardé soit-il du boucon,
De l’arsenic, de l’atropine !
Tancrède Machin est un sot.

Envoi

Prince, dont l’engeance vulpine
Craint les dogues et le faucon,
Besogne dru, mange et popine :
Tancrède Machin est un sot.

p.64
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Dîner champêtre


Entre les sièges où des garçons volontaires
Entassent leurs chalands parmi les boulingrins,
La famille Feyssard, avec des airs sereins,
Discute longuement les tables solitaires.

La demoiselle a mis un chapeau rouge vif
Dont s’honore le bon faiseur de sa commune
Et madame Feyssard — un peu hommasse et brune,
Porte une robe loutre avec des reflets d’if.

Enfin ils sont assis ! Et le père commande
Des écrevisses, du potage au lait d’amande,
Toutes choses dont il rêvait depuis longtemps.

Et, dans le ciel, couleur de turquoises fanées,
Il voit les songes bleus qu’en ses esprits flottants
A fait naître l’ampleur des truites saumonées.

p.65
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