Tout au long de leur histoire, les États-Unis ont mené des guerres d'agression partout dans le monde. La conjoncture internationale actuelle pousse certains à l'oublier. C'est pourquoi ce livre d'Éric Taladoire, parue en 2021, est une lecture salutaire, de nature à nous rappeler qui sont nos "amis" américains.
L'ouvrage concerne spécifiquement la guerre américano-mexicaine de 1846-1848, qui ne fut ni la première ni la seule. Dès 1812, les USA cherchaient à s'emparer du Canada (voir citation, dont il résulte qu'ils n'ont pas attendu le vingtième siècle pour inventer la "guerre humanitaire"). Mais le Canada était une possession britannique, ils trouvèrent à qui parler et la flotte anglaise incendia Washington. Certains historiens US n'hésitent cependant pas à présenter ce peu glorieux épisode comme la deuxième guerre d'indépendance..
Avec le Mexique ils trouvèrent une proie plus facile. Ils avaient déjà réussi à annexer la Floride en la faisant d'abord occuper par une bande d'aventuriers dans lesquels un mauvais esprit pourrait voir des précurseurs du groupe Wagner. L'opération fut réitérée au Texas où elle aboutit à l'indépendance de ce territoire, annexé par la suite. Elle bénéficia d'un contexte favorables en raison d'une quasi-guerre civile au Mexique, si bien que les "colons" états -uniens bénéficiairent du concours de beaucoup de Mexicains du Texas, les Tejanos". Ils constituaient la moitié de la garnison d'Alamo, dont l'histoire n'est pas tout à fait celle qu'on nous raconte habituellement. Les Tejanos furent très mal récompense dans le Texas indépendant : les colons "anglos " leur volèrent leurs terres grâce à divers artifices juridiques, avec d'autant moins de scrupules qu'ils les considéraient comme" non-blancs" (deux siècles après c'est toujours le cas) et que, circonstance aggravante, ils étaient catholiques, religion haïe et méprisée par les Anglos protestants '( dans le contexte, Anglos ne signifie pas Anglais mais Américains, la population américaine étant alors de souche très majoritairement anglo-saxonne).
Puis vint la guerre de 1846. Elle fut émaillée de nombreux crimes de guerre : massacre de civils pratiqués au hasard, souvent pratiqués dans les églises pour mieux choquer les populations catholiques..)
Elle se termina par le traité de Guadalupe -Hidalgo en 1848, aux termes duquel le Mexique perdit près de la moitié de son territoire, qui a donné naissance aux états actuels du Colorado, de l'Utah, du Nevada, du Nouveau Mexique, de l'Arizona et de Californie. le traité prévoyait que les Mexicains qui souhaiteraient rester dans les territoires annexés recevraient la citoyenneté américaine et conserveraient leur terre. Aucun de ces engagements ne fut respecté. Ils n'obtinrent la citoyenneté US qu'en 1912.
Par la suite,les États-Unis tentèrent d'employer la "méthode texane avec ou sans participation de l'armée dans les états Mexicains du Yucatan et du Chihuahua, et aussi dans certains états d'Amérique centrale. Ils terminèrent le siècle avec la mise sous protectorat de Cuba
Le livre ne traite que du continent américain mais pas de l'ancien monde, au sujet duquel il y aurait beaucoup à dire
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C'est un livre d'histoire mais passionnant : après l'indépendance, fin du XVIIIème siècle, la constitution des Etats-Unis dans la première moitié du XIXème siècle par achat de territoires (aux français, aux Mexicains ...) et par conquêtes rarement idylliques ...Pour les américains, essentiellement protestants, il n'était pas bon d'être noir, d'être indien, d'être mexicain ni d'être catholiques.
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Dans Sale guerre, titre ironique car on sait bien qu’il n’y a pas de guerre propre, Éric Taladoire nous remémore la façon dont les vainqueurs, en l’occurrence les États-Unis, se sont longtemps raconté l’histoire d’un conflit qui a duré deux ans, de son déclenchement le 13 mai 1846 jusqu’au traité de Guadeloupe-Hidalgo, signé en février 1848, qui voit le jeune État mexicain, indépendant de l’Espagne depuis 1821, perdre près de la moitié de son territoire, soit 2.600.000 km2
Lire la critique sur le site : LeFigaro
En juin 1812, le secrétaire d’État James Monroe aurait déclaré : « Il peut devenir nécessaire d’envahir le Canada, non comme un objectif de guerre, mais comme le moyen d’arriver à une conclusion satisfaisante7. » De là à souhaiter l’expulsion des Anglais du Canada, il n’y a qu’un pas que beaucoup ont franchi. C’est l’une des principales raisons du déclenchement de la guerre de 1812
La guerre de 1812 (juin 1812-février 1815)
Beaucoup d’Américains étaient persuadés que de nombreux Canadiens se soulèveraient pour accueillir les Américains en libérateurs. Thomas Jefferson lui-même pensait que « l’acquisition du Canada dans l’année, du moins jusqu’aux environs de Québec, est une simple question d’avancée8 ». Ils ont oublié que la majeure partie des Canadiens et un nombre notable d’Américains, à commencer par des milliers d’Indiens, les Mohawks par exemple9, ont délibérément choisi de rester fidèles à la couronne britannique. Dès les premiers combats en territoire canadien, l’accueil réservé aux envahisseurs, qui peinent à se ravitailler, n’est guère chaleureux.
Certains rapprochements avec des évènements récents sont tentants.
Quand les indiens d'Amérique découvraient l'Ancien Monde.