L'esprit de l'excellente collection Pygmalion est de proposer non pas des biographies pharaoniques, ce qui impliquerait une part de reconstitution romanesque, mais des enquêtes, des essais tous fondés sur la plus minutieuse enquête épigraphique et archéologique. le résultat, s'il ne se lit pas comme un roman, et pour cause, est toujours passionnant, mais procure une sorte de plaisir sévère, de joie austère de la connaissance et de la réflexion. le sujet s'y prête admirablement, car un pharaon (d'autant qu'à la fin de la XII° dynastie on n'utilisait pas ce mot pour désigner le roi), c'est avant tout une fonction, politique et religieuse, pas une personne privée. Que l'on s'attende à des descriptions de monuments, à des comparaisons d'hypothèses, à des collations de preuves tirées des fouilles, mais non à une histoire personnelle. C'est de l'Histoire.
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... l'essor du culte d'Osiris. Des allusions à ce dieu peuvent peut-être être trouvées dans le choix de la brique crue comme matériau de référence dans l'édification de ces dernières pyramides, qui ne serait pas seulement une mesure d'économie des commanditaires de ces pyramides. L'argile de la brique peut, en effet, évoquer le tertre ou la butte qui matérialise traditionnellement la tombe divine. De même, le choix d'implanter la chambre funéraire royale à un niveau très proche de la nappe phréatique, manifeste dans le cas des deux pyramides d'Amenemhat III, est-il peut-être précisément dicté par la recherche de la proximité de cette eau d'infiltration, émanation de cette divinité liée au cycle végétal. Enfin l'organisation même des appartements funéraires, qui tendent à prendre une forme circulaire, pourrait avoir pour objectif d'isoler une "île" symbolique sous la pyramide. Or l'existence de cette île, monticule sur lequel repose le cercueil du dieu, semble précisément être un des traits caractéristiques des tombeaux osiriens, d'après les exemples plus tardifs qui nous sont parvenus.
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