Virginie Talmont
EAN : 9782290343647
190 pages
J'ai lu
(07/09/2005)
4.15/5
20 notes
Inceste
Résumé :
" Une petite fille nichée dans mon cœur s'est mise à me parler, à me pleurer sa douleur, à me narrer sa terreur. A me dire des choses terribles. Je l'entendais parler à travers ma bouche mais les mots qui en sortaient étaient trop lourds, trop graves, trop impensables. "
Lorsqu'elle accouche de son premier enfant, Virginie découvre qu'elle ne peut supporter de voir ce père aimé et redouté s'approcher du nourrisson, et qu'elle-même se refuse à certains gestes...
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Ce livre est poignant, il décrit la souffrance intérieure, et comment avec l'aide de sa psy, les mots vont la libérer. L'auteur témoigne parfaitement ce qui se produit dans une vie dont l'enfance a été salie par un adulte...
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Une histoire malheureuse, une lecture difficile mais un témoignage à lire. Soyez juste sûr d'avoir le coeur accroché et n'hésitez pas. Ces livres ont été écrits pour s'en sortir, ils méritent d'être lus.
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Dur, dur sur le plan humain !
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Témoignage poignant sur l'enfance brisée à cause de relations incestueuses que le père a imposé à sa fille. Révoltant.
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C'est fatiguant mais je m'accroche. Les combats m'épuisent, jai besoin de dormir énormément pour récupérer, j'ai l'impression de mener une lutte continuelle mais je m'accroche. Parce que je le sais intuitivement que je marche vers la vie. Mon chemin qui mène à la vie est parfois abrupt, dur à gravir, pénible parce que rempli de batailles. Plus pénible même que le chemin qui mène à la mort. C'est facile, la mort. Je décide de ne plus aller chez Angélique, je décide que mes souvenirs sont des fantasmes, que je suis une grande malade, je redeviens chimique, je me bourre de cachets pour alleger les symptômes, je fais semblant d'être en vie mais au fond de moi je suis morte. C'est un chemin tentant parfois de redevenir chimique, abandonner la lutte, me laisser enfermer dans le personnage de la grande malade, comme Jeff serait content, commemes frères et soeur seraient soulagés, me laisser aller à la dépression chronique mais ne plus embêter personne avec mes mots qui dérangent, devenir une machine à bouffer des médocs, être tellement gavée de médocs que ma langue n'aurait plus de place pour parler, comme mon silence arrangerait les affaires de ma chère famille... Mais je m'accroche, je choisis de combattre...
Un an que j'ai rompu avec mon père. Un an déjà que j'ai eu la force de lui écrire, de lui signifier la rupture. En tremblant, j'ai posté ma lettre en tremblant. Je n'ai pas eu le courage de le lui dire par téléphone. Plus grave encore je n'ai donné aucun motif, je romps, c'est tout.
Depuis il ne cesse de m'envoyer des petits mots, de chercher des contacts, de signer par des "ton papa". Je suis la vilaine fille qui ne veut plus parler à "son papa" , qui le coupe de sa petite-fille. Qui ne répond pas à ses envois. Lui, il fait celui qui ne comprend pas. Il ne veut pas m'importuner, non, non, surtout pas, il voudrait juste comprendre. Comprendre pourquoi je l'ai flanqué dehors, pourquoi je refuse tout contact. Juré, craché, promis, il ne comprend pas, il n'y comprend rien, pourquoi ce silence de ma part?
Ben voyons. Chacune de ses lettres s'annoncent pour moi comme un coup de couteau? J'ai peur tout à coup, je tremble tout à coup, je me sens laide tout à coup, je doute tout à coup. A nouveau je me mets à douter. Et si c'était moi? Si c'était moi qui faisait des fausses allegations, comme on dit. Et si je me trompais? Et s'il n'avait rien fait ? Et si tout ça était de ma faute ?
Je me demande si j'ai raison de vouloir à tout prix trouver un sens à ma souffrance. Pendant six mois, après notre retour à Paris, je me balade de médecin en médecin, d'analyses de sang en arrêt maladie, mal ici, mal là c'est peut-être l'oreille interne. Madame, c'est du surmenage tout simplement, reposez vous plus, madame, oh la jolie spasmophilie! Un peu de magnesium peut-être? Je ressors chaque fois avec des valises de traitement qui ne me font aucun effet. Une nuit, je me suis enfilé une boite entière de trucs aux plantes pour calmer mon angoisse, rien. Vaste blague les trucs aux plantes. Au bord du gouffre je suis.
Prostrée dans mon lit, à téléphoner à ma maman toutes le deux secondes et demie, en larmes. Avec mon boss, alias le petit moustachu, sur l'autre ligne, menaçant de me virer, ras-le-bol de mes arrêts maladie soi-disant.
La petite fille m'innonde de ses cauchemars, les mots se transforment en images et deviennent vivants, je suis assaillie par tous ces mots qui se muent en couteaux et me courent après... J'essaie malgré tout de mener une vie normale. Lorsque je sors de chez Angélique, lorsque le cauchemar s'apaise, je retrouve mon corps de femme et ma vie de femme. Je laisse la petite fille de côté. Je ne peux pas passer mes journées à l'écouter, c'est trop lourd. J'ai une semaine devant moi pour reprendre pied.
Tous les lundis, la petite fille est en éruption chez Angélique, elle crie ses mots, les images folles la fouettent, le reste du temps mon corps de femme tente de reprendre le dessus. Mais c'est dur, j'ai mal, j'ai si mal.
Je m'enfonce, profond, profond de plus en plus profond. Mes veines se vident peu à peu du désir de vivre. Mon sang vire du rouge au blanc. Ma température baisse, je deviens de glace médusée par l'horreur, scidérée par le mal-être. Je me vide de moi-même, de la substance de vie qui me fait avancer. Je lutte pourtant, je ne me reconnais pas quand je sombre. J'essaie de me rattraper au mat, au bastingage, aux cordes, à tout ce que je peux. Et pourtant je sombre. Le mal me dépasse, il est plus fort que moi. Je décide ne pas croire la petite fille. Et j'ai encore plus mal. Mon corps ne fonctionne plus.
Et j'explose de mal-être. J'ai tellement mal que je ne pleure jamais. Verser des larmes, s'autoriser le chagrin, c'est déjà un premier pas vers la remontée. Moi je suis en bas, tout en bas. J'ai enfilé une carapace qui pèse trois tonnes. L'une des deux moi sourit, obtient de bonnes notes à l'école, débarrasse la table.
L'autre ne pense qu'à mourir. Ouf personne ne le voit, personne, personne, c'est très important ça, c'est un secret que je vais mal. Pourquoi c'est un secret? Je ne le sais pas, d'ailleurs même moi j'ai tendance à ne pas me croire, à refuser de prendre conscience que j'implose. Je pense à la mort toujours, tous les jours, j'ai peur de la mort mais en même temps elle me fascine, je crois, ah si seulement j'avais le courage de me suicider... Qu'est ce que j'ai dit? Ca ne vas pas non?
>Culture et normes de comportement>Mariage et famille>Relations Parents/Enfants (119)
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