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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Voici une nouvelle traduction de ce grand classique de la littérature japonaise. L'ancienne traduction de René Sieffert est très bien mais celle-ci vient apporter des nuances supplémentaires qui m'avaient échappées à la première lecture de ce livre. En fait les deux traductions sont très bien et on peut dire qu'elles se complètent sans que l'une soit supérieure à l'autre. D'ailleurs comme je ne lis pas le japonais, je vois mal comment je pourrais juger de leur mérite respectif. Tout ce que je peux dire c'est que Louange à l'ombre et Éloge de l'ombre ne sont pas tout à fait le même texte. le mieux est encore de lire les deux !

Tanizaki tente de mettre en lumière dans ce court essai ce qui est spécifique à l'esthétique japonaise. Pour cela il fait preuve d'une grande érudition en matière d'art et d'architecture. Ses descriptions de l'art de vivre "à la japonaise" son magnifiques. Ses investigations l'amènent à considérer que c'est le goût de l'ombre qui définit l'essence de l'esthétique japonaise. Selon lui, le goût de l'ombre définit la façon dont les japonais construisent leur maison, leur façon de peindre, de confectionner des vêtements... le passage sur les toilettes japonaises me restera longtemps en mémoire. Il est emblématique de la façon dont Tanizaki raisonne. En mêlant le trivial, l'érudition et le futile, avec une plume précise et imagée, il nous donne à voir un aperçu de la singularité culturelle du japon.

Il est aussi intéressant de relire ce texte 85 ans après sa parution car on peut voir là où Tanizaki s'est trompé avec le recul. Il oppose fréquemment dans le livre l'occident qui éprouverait un gout immodéré pour la lumière, avec l'orient qui préférerait l'ombre. En fait il serait plus judicieux d'opposer les sociétés traditionnelles à la modernité. L'occident comme le Japon ont été profondément chamboulés par l'apparition de l'électricité. Même si l'auteur défend l'éclairage avec des anciennes lanternes pour la qualité de leur clair-obscur, en fait il n'y a pas de retour en arrière possible. En fait l'occident entretient lui aussi une longue tradition avec l'ombre et l'obscurité. Il a juste été confronté avant le Japon au phénomène électrique, mais toutes les sociétés sont fascinées par la lumière. Il n'y a qu'à voir la débauche de lumière dans les villes japonaises actuelles.

Avec le recul, on peut donc dire que le goût pour l'ombre n'est pas plus spécifique aux japonais qu'autre chose. Mais il reste le Talent indiscutable de Tanizaki pour nous le faire croire, et c'est un plaisir de lecture dont il ne faut surtout pas se passer !
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Écrit en 1933 (presque un siècle), traduit en français en 1977, ce classique de la littérature japonaise fait l'objet d'une nouvelle traduction. Ce livre reste toujours d'actualité quand il interroge sur la place de la vieillesse et du progrès constamment conçu en direction de la jeunesse, quand il propose la sobriété énergétique notamment pour pouvoir apprécier la beauté de la nature.
Il parle de l'esthétique du clair-obscur, qui oppose l'Orient à l'Occident. C'est fait parfois avec beaucoup d'humour quand il nous parle des toilettes, avec érudition quand il nous présente les différences entre le théâtre No et le théâtre tabuki, avec sensibilité et délicatesse quand il parle de la contemplation de la lune sur un lac ou des temples si sombre en contraste avec les jardins. J'ai beaucoup apprécié la description des intérieurs japonais des maisons traditionnelles qui s'accommodent difficilement des progrès apportant le confort, comme le chauffage ou les ventilateurs, lesquels créent une rupture d'esthétique.
Le livre fait le constat d'une opposition de civilisation entre l'Orient et l'Occident. L'auteur craint l'envahissement de la lumière électrique qui romprait le charme d'un savoir vivre tout en nuances. Les grandes mégalopoles du Japon d'aujourd'hui Japon sont effectivement une débauche de lumières criardes, de technologies envahissantes et il faut sûrement se plonger dans les campagnes profondes pour retrouver la sobriété et l'élégance de la tradition japonaise.
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Louange de l'ombre, ou l'éloge de l'esthétique et du beau. L'ombre qui justement met en lumière les objets et les personnes. Tanizaki Jun'ichirô nous livre à travers la place de l'ombre et de la lumière de très belles descriptions sur l'art, l'architecture, les traditions japonaises, mais aussi l'intérieur et l'habillement, la place de l'ombre régissant largement la vie des japonais. Un livre très poétique et délicat, écrit en 1933, qui nous fait réfléchir sur notre vision de la mise en valeur des objets et des hommes, sur la différence d'approche entre l'occident et l'orient à l'égard du beau. La lumière a certes depuis lors fait une vraie irruption dans les villes japonaises mais tout comme chez nous cette intrusion, n'est-elle pas parfois une agression?!

Merci à Babelio et aux éditions Philippe Picquier pour cette lecture.
Lien : https://accrochelivres.wordp..
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Louange de l'ombre permet une approche de l'esthétique et de la mentalité japonaise. Junichirô Tanizaki y aborde des questions d'aménagement intérieur de façon très concrète. C'est la modernité avec ses apports d'éléments de confort de vie qui se trouve confrontée à des valeurs constitutives de l'art de vivre japonais.

L'exemple des toilettes est éloquent. L'auteur présente le lieu d'aisance comme voué à la méditation, traditionnellement séparé de l'habitation, pour privilégier le silence, et avec vue sur le jardin. La propreté doit y être irréprochable et la lumière tamisée. Non sans humour, Junichirô Tanizaki avance que là pourrait résider le secret de l'inspiration des poètes de haïkus.

On comprend mieux comment est mis en oeuvre l'aspect zen de l'art de vivre japonais. Les matières et la lumière contribuent à adoucir l'atmosphère. Des cloisons de papier à la vaisselle de laque, tout est pensé pour favoriser le silence et imprimer à l'ambiance un aspect ouaté.

Ecrit dans les années 30, le texte de Junichirô Tanizaki souligne l'impact du développement de l'écriture au stylographe, par exemple, peu adapté à la calligraphie. de même, les constructions à l'occidentale avec larges fenêtres vitrées modifient complètement la diffusion de la lumière. La vaisselle en céramique qui se substitue aux laques nuit au silence et même à la dégustation des mets.

L'auteur met en avant quelques éléments de base de l'art de vivre japonais : la préférence de la patine au brillant, l'éclairage au chandelier, la texture du papier qui absorbe la lumière et se manipule sans bruit.

La louange de l'ombre fait l'éloge du mystère, de l'intimité que l'économie de l'éclairage entretient. Les femmes très effacées sont à peine visibles dans le décor, certaines se noircissent les dents pour mieux disparaître.

L'ouvrage montre bien comment se traduit la philosophie de vie japonaise dans le quotidien, dans le choix des matières, dans la cuisine et dans l'architecture.

L'écriture de Junichirô Tanizaki est sensible et claire. Un lexique serait toutefois utile pour préciser la définition de quelques mots japonais présents dans le texte. On peut aussi déplorer l'absence d'illustrations. En revanche, l'auteur n'hésite pas à livrer sa recette de sushi, qui ne manque pas de mettre l'eau à la bouche...
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Ce livre est autant une opposition entre l'orient et l'occident qu'entre l'ombre et la lumière.

L'auteur utilise un langage simple au début en donnant son avis, et cela me décevait un peu car je m'attendais à quelque chose de plus littéraire, mais par la suite le langage devient plus soutenu.

Il développe les notions d'ombre et de lumière dans différents éléments de la vie quotidienne (les toilettes, l'architecture, l'éclairage...) et dans d'autres éléments propres à la culture japonaise (spectacles anciens de théâtre).

Les réflexions sont pertinentes et m'ont permis de mieux comprendre certains fondements de la culture japonaise. J'aurais presque aimé en lire plus mais ce petit ouvrage se suffit à lui-même car on comprend les principes de réflexion de l'auteur.

Une bonne lecture, mais il faut quand même déjà avoir des notions de culture japonaise pour bien appréhender ce livre, car il n'y a pas de renvois de bas de pages pour expliquer les termes spécifiques.

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