Par une impulsion chauvine, grâce aux prouesses tennistiques de
Justine Henin et Kim Clijsters, je me suis intéressé au tennis féminin, un peu après la fin de la carrière de la championne française Catherine "Cathy" Tanvier, née à Toulouse le 28 mai 1965.
Malgré mon intérêt pour ce sport et mon adhésion comme jeune homme à un club de tennis de ma région, j'étais loin de me douter des misères de la face cachée de cette discipline sportive. Il est vrai que mon inscription à ce club a été relativement brève et que mon initiative était plutôt motivée par des belles rencontres que par des ambitions sportives.
Le remarquable témoignage de la joueuse toulousaine m'a ouvert les yeux sur les dessous du monde de compétition sur les courts de tennis. Je croyais que les champions gagnaient des fortunes, mais ignorait royalement le coût des intermédiaires et managers ainsi que les exigences du fisc français.
Catherine Tanvier explique par exemple que les managers prélèvent 15 % sur les prix des tournois et un quart, 25 %, sur les contrats publicitaires et exhibitions, auxquels il convient d'ajouter entre 18 et 33 % de taxes nationales de l'endroit d'une compétition. Sans parler des frais de voyages souvent en avion et des séjours en hôtel souvent dans des capitales où les tarifs sont élevés.
"Il faut tellement d'argent pour faire ce métier" note l'auteure dans son livre et, en plus, on ne peut être gagnant ou bien placé à tous les coups et un imprévu physique ou accident est vite arrivé.
Dans le cas de
Catherine Tanvier cependant le problème majeur a été qu'à partir de ses 17 ans elle a dû subventionner toute une famille : son père, sa mère une soeur et 2 frères, dont un souffrait d'hémophilie et est mort jeune. le pire a été son père, un homme volage et violent qui battait femme et enfants. et à qui elle a donné son chèque de
Roland-Garros pour lui éviter la prison.
Finalement, ces arriérés fiscaux l'ont laissé dans le besoin et forcé à vivre comme "Rmiste" dans un appartement modeste avec sa vieille mère.
Pour les non- Français, le RMI du titre signifie revenu minimum d'insertion, remplacé en 2009 par le revenu de solidarité active (RSA).
C'est triste comme tout d'en arriver là si l'on considère les efforts et courage qu'il aura fallu pour devenir à 17 ans la meilleure joueuse de tennis de France et à 21 ans, en décembre 1986, la vingtième du monde. On peut comprendre sa profonde déception, ou comme elle le formule : "son voyage au bout de la nuit".
Au-dessus des problèmes financiers se greffent des problèmes de santé, tels de multiples ruptures musculaires, des entorses à la cheville droite, 3 opérations au genou gauche et un double ulcère au colon.
Si
Catherine Tanvier n'a que peu de respect pour les responsables de la FFT (Fédération française de tennis) de l'époque, elle en a beaucoup pour la classe de la joueuse tchèque
Martina Navratilova et se lie d'amitié avec l'Australienne Louise Field.
Elle ne s'en prend pas seulement aux autres pour son calvaire, mais aussi à ses propres lacunes. Sans se ménager, elle affirme : " J'ai vingt ans et la cervelle d'une gamine de treize ans" et un peu plus loin : " Je suis une cargaison de déficits".
En ce qui concerne la cervelle ce n'est nullement l'impression que j'ai eu d'elle en lisant son autobiographie et ses nombreuses références littéraires et admiration pour
Sylvia Plath,
George Sand,
Marguerite Yourcenar... et l'intensité de l'oeuvre de
Frida Kahlo.
L'ouvrage de
Catherine Tanvier constitue incontestablement un document humain dur, peut-être pas très agréable à lire, mais foncièrement honnête et particulièrement instructif d'un monde dont nous ne connaissons que le côté spectacle, réussite et succès.