Cette bande dessinée composée de "Tueurs de cafards" et de trois histoires courtes n'est pas à proprement parler une déclaration d'amour à la ville de New-York.
Loin du glamour, du chic Upper East Side, ce sont plutôt les bas-fonds et les quartiers peu reluisants qui sont mis à l'honneur.
La première – et plus longue – histoire de ce recueil est "Tueurs de cafards", scénarisée par
Benjamin Legrand et dessinée par
Jacques Tardi.
Le lecteur y retrouve incontestablement la touche de
Jacques Tardi, avec des dessins en noir et blanc uniquement colorisés de rouge pour l'uniforme de Walter et le sang.
Walter est loin d'être un héros, ce personnage m'a même laissé de marbre, il ne brille ni par sa beauté extérieure et/ou intérieure ni par son intelligence, il traîne sa carcasse durant toute l'histoire et tente de sauver sa peau après avoir appuyé par curiosité malsaine sur le bouton 13 d'un ascenseur : "Quand j'y repense ... jamais je n'aurais dû appuyer sur le bouton du 13ème. Il n'y a pas de 13ème étage à New York !".
J'ai trouvé cette histoire moyennement intéressante, même si elle est présentée sous forme d'enquête policière. Tout son intérêt réside à mon avis dans l'ambiance qui s'en dégage : un New-York glauque, malsain, l'envers total du décor habituellement mis à l'honneur dans la littérature.
Les trois autres histoires courtes ponctuant ce recueil ont toutes pour cadre New-York.
Ainsi, avec "It's so hard", scénarisée par
Dominique Grange la compagne de
Jacques Tardi c'est un sosie bossu de
John Lennon qui est à l'honneur.
J'ai aimé l'ironie de l'histoire et du personnage, particulièrement la fin.
Si comme Walter ce personnage traîne avec lui son mal être, il apparaît presque comme plus sympathique au lecteur.
"Manhattan" est une histoire signée 100% par
Jacques Tardi et est de loin la plus tragique et la plus noire.
Ici point d'enquête ou de vengeance, il y a juste un homme au bout du rouleau et décidé à en finir avec la vie, à New-York.
Cette histoire prend aux tripes, la noirceur du personnage est au moins égale à celle de New-York si ce n'est plus.
La ville apparaîtrait même comme plus belle que dans les autres, du fait que le personnage ne se cache pas qu'il y est venu pour en finir, même si c'est dans les quartiers peu reluisants qu'il trouve sa solution : "Cet endroit m'avait fasciné, allez savoir pourquoi ? Un block entier de voitures dans Manhattan, y avait vraiment rien de plus ordinaire et dénué d'intérêt au monde ...".
Le recueil se conclue sur courte historie scénarisée une nouvelle fois par
Dominique Grange : "Le meurtrier de Hung".
Ici, il est question de la vengeance d'une rescapée de la guerre du Vietnam qui cherche le soldat américain l'ayant violée et ayant assassiné son enfant.
Cette histoire m'a le plus émue, elle est très belle et la fin est une magnifique illustration que la vengeance ne résout rien, d'ailleurs la plupart du temps la vie s'en charge : "Tu n'as plus besoin de te venger, la vie s'en est chargée pour toi. Viens, on n'a plus rien à foutre ici ...".
Ce n'est pas une histoire drôle, ni gaie, mais c'est à mes yeux la plus humaine et celle qui m'a interpellée tandis que j'ai lu les autres en simple lectrice, sans éprouver d'empathie pour les personnages.
L'autre aspect intéressant de ce recueil est que chaque histoire est ponctuée de textes de
Benjamin Legrand et
Dominique Grange, "Tueurs de cafards" propose même un beau montage de photographies/dessins qui prolonge cette histoire grinçante et l'ambiance très New-Yorkaise qui se dégage du récit.
"
New York Mi Amor" m'a plus ou moins touchée selon les histoires mais ce recueil vaut à mon avis d'être lu pour l'ambiance très particulière de New-York qui s'en dégage et qui y est mise à l'honneur, avec en prime un petit clin d'oeil fait à
Art Spiegelman au travers des dessins de
Jacques Tardi.
Lien :
http://lemondedemissg.blogsp..