Il existe des oeuvres pour lesquelles écrire une critique est plus difficile que pour les autres.
Puisque rien ne dure, rédigé par
Laurence Tardieu, y appartient. Permettez au critique d'utiliser, pour un instant, l'usage de la 1ère personne : J'ai été bouleversée! Bouleversée comme rarement je l'ai été à la lecture d'un livre. Littéralement transportée, comme envoutée par la prose de Mme Tardieu. le sujet est simple, même s'il n'est ô non jamais banal, car la mort d'un enfant ne l'est jamais. Je parle simplement de la trame, n'étant pas caractérisée par de multiples péripéties ou autres situations abracadabrantes. Non, rien n'est "ampoulé" si j'ose dire, dans le style de
Laurence Tardieu et avec une délicatesse infinie, elle parvient à nous transporter dans une univers où seule la littérature est belle. Car le sujet ne serait l'être. On ne plaisante pas du décès d'un enfant, et Dieu, comme écrire la mort d'un enfant doit être difficile (je pense particulièrement à
Anne Dauphine Julliand, et ses
Deux petits pas sur le sable mouillé lorsque je dis cela, dans un style tout autre). Je n'ai pas cherché si
Laurence Tardieu avait personnellement vécu la mort d'un enfant. Tout laisse à le penser en lisant ces quelques lignes riches en subtilité émotionnelle. Et je ne chercherai pas à savoir, je ne demeure pas sur ma faim tant le roman
Puisque rien ne dure, m'a comblé. C'est idiot sans doute, mais il m'a comblée de joie, de vie, de rires et de larmes… d'humanité enfin. Tout simplement parce qu'il écrit la vie, aussi pénible pusse-t-elle être. le sujet est donc épuré, le corps du livre aussi, mais quelle écriture! Quelle finesse! Si je puis me permettre une confidence : c'est pour cela que je lis, et même dévore les romans tous les jours : pour y lire quelque chose qui transfigure l'humanité dans toute son horreur, qui sublime par les mots ce que les situations ont de plus ardu. Ma critique st naïve, est je vous prie de m'en excuser. Il est des situations où les mots deviennent rares. Et c'est à ce moment là que le plus excellent des écrivains parvient à retranscrire avec magnificence l'horreur.
Laurence Tardieu est de ceux-là. Je reconnais être trop dithyrambique. Bien évidemment,
Puisque rien ne dure, n'arrive pas à la hauteur d'un
Balzac ou d'un Racine. Je pense simplement qu'en écriture contemporaine, c'est un petit bijou, une perle cachée, qui ne fait pas de bruit et pourtant brille de mille feux.