Citations sur Un temps fou (77)
Avec certains êtres, très rares, il faudrait ne pas parler. Il faudrait tout de suite être dans les bras, caresser le visage, les paupières, les joues, les lèvres, les effleurer d'un doigt, lentement d'abord, puis dans un baiser, passionnément. S'embrasser. S'étreindre. Les mots sont inutiles. Les mots viendraient plus tard confirmer ce que les corps ont su dès les premiers instants.
L'écriture, comme l'amour, permet de tout oublier.
L'écriture, comme l'amour, permet de renaître.
J'aimerais ne rien avoir oublié, pouvoir tout saisir entre mes mains. Oui, même les vides, j'aimerais les embrasser. Même les vides. On aimerait tant, parfois, être certain d'avoir été en vie.
Depuis une dizaine d’années a passé. Ma vie n’est plus la même. Je vis aux côtés d’un homme qui m’aime. Ma fille est devenue une jeune femme. J’éprouve pourtant toujours au fond de moi, comme un sanglot que je cache à tous, le même besoin de consolation. Mais je crois avoir compris que personne, jamais, ne pourra me consoler. On devrait peut-être apprendre aux enfants qu’on reste à jamais inconsolable. Que ça ne sert à rien de chercher ça. Que ça n’existe pas. Que c’est un rêve qui n’existe pas.
A force de repasser ces images en boucle, comme on aime en secret revoir les images d'un film aimé, à force de les repasser en boucle et de n'en rien recevoir, que du silence, votre silence, à force, j'avais cessé de me souvenir. J'avais cessé de vous attendre. J'avais voulu vous oublier.
Ce qui se passe entre nous ,n'a pas besoin de mots pour se dire. Ce qui se passe entre nous dévore tout les mots.
Chacun poursuit son chemin, personne ne peut jamais vous aimer assez pour vous prendre inlassablement dans les bras. Vous le savez. La vie n’est pas ce conte de fées que vous lisiez autrefois. Parfois, un enfant vient. La lumière se fait plus intense. Vous êtes brûlé au-dedans de vous par quelque chose que vous ne connaissiez pas, qui vous déborde. Il y a cette joie, miraculée, surgie d’on ne sait où, et la solitude, profonde, infinie, qui par moments vous étreint. La vie se passe
J'ai simplement pensé, un jour, que sans doute ma façon d'éprouver la vie et ses pulsations ne s'accordait pas parfaitement à ce monde-ci et que, peut-être, se trouvait là une des raisons qui, depuis si longtemps, me poussaient à écrire : tenter de combler le sillon, la légère dépression qui depuis toujours existait entre moi et le réel.
J'ai peur de vous revoir, mais comme j'en suis heureuse.
Je n'ai jamais eu peur de la page blanche. J'ai toujours pensé qu'on avait besoin de pages blanches pour écrire, de longs moments de silence qui n'en sont pas, qui ressemblent à ce qu'est le corps lorsque tout gronde à l'intérieur mais qu'on ne peut émettre le moindre son, il y a trop de confusion, trop de chaos, il faut attendre, attendre, un peu de clarté peut-être, un peu de paix dans tout ce fracas, pour qu'enfin les phrases soient à nouveau possibles.