Egalité pour les exclus

Dans ce court essai, l'ancienne ministre de la Justice prend la plume, pour défendre la loi qui porte son nom, celle de du 21 mai 2001, reconnaissant la traite négrière et l'esclavage comme des crimes contre l'humanité. Se faisant elle répond à des critiques plus récentes s'étant élevées contre ce qu'on appelle parfois les "lois mémorielles", amalgamant en fait plusieurs lois assez distinctes et fustigeant l'ingérence politique et étatique dans des sujets qui devraient selon certains rester la chasse gardée des historiens.
C'est aussi l'occasion pour Christiane Taubira de revenir plus largement le rôle et les limitations du législateur sur ces sujets parfois épineux, de récuser les arguments élevés, mais également de développer un certain nombre de réflexions sur l'histoire coloniale française et la manière dont elle est encore traitée et pèse sur les héritiers de cette traite, de cette colonisation, les fameux exclus du roman national auxquels fait référence le titre.

Ses propos sont soutenus par une plume aussi élégante que parfois acérée, qui n'hésite pas à moucher les complaisances de ses contradicteurs. Et si on ne peut guère reprocher à Christiane Taubira sa considérable culture et l'appel à cette dernière pour étayer ses propos, j'ai parfois regreté que la densité du style et une certaine tendance au lyrisme obscurcissent parfois un peu la clareté de la démonstration... Mais c'est aussi dans ce style que j'ai par exemple trouvé cette image fulgurante, qui, face aux reproches de moralisation retrospective, rappelle que face à la partition ô combien entendue de "l'esclavage depuis l'Antiquité, ce prétendu "fil rouge de l'histoire de l'humanité" (..) qui absout tout", on trouvait aussi "les révoltes, fil vert de l'histoire de l'humanité, (...) proclamation au prix de tous les périls d'une humanité, qui de Spartacus à Zumbi de Palmaraes, refuse d'être vaincue, niée, anéantie."
Que dire de plus ?

Une lecture intéressante, que je recommande à quiconque s'intéresse un peu au sujet.

L'ancienne ministre de la justice présente et défend, dans cet essai, la première loi portant son nom (loi n°2001-434) relative à la reconnaissance de la traite et de l'esclavage en tant que crime contre l'humanité datant du 21 mai 2001, lorsqu'elle était députée. Avec son ton, sa culture et les qualités littéraires qu'on lui connaît, Christine Taubira répond aux diverses critiques qu'elle a dû essuyer lors de la proposition de cette loi. Cet ouvrage, au-delà de présenter le parcours d'une loi portée par une femme téméraire et déterminée, met également en exergue les difficultés de certains élus face au passé coloniale de la France, cherchant ça et là des arguments souvent bancals pour ne pas reconnaître la traite négrière comme crime contre l'humanité...

Assez difficile pour moi de donner mon avis car ce n'est pas du tout mon genre habituel ..mais pourtant ce livre ne laisse pas indifferent, extremement bien ecrit et tres interressant alors que l'on y aborde un sujet delicat.