Pas facile de suivre la prose de l'auteur, tant son écriture est complexe. Cependant, dans cet essai qui est aussi un témoignage, il dénonce les attitudes arrogantes et les plaidoiries tiers-mondistes des avocats de Klaus Barbie : « La présence sur les bancs de la défense de
J. Vergès, Nabil Bouïta (algérien) et Jean-Martin M'Bemba (congolais), disait à elle seule que l'extermination des juifs était un crime d'intérêt local, une goutte de sang européen dans l'océan de la souffrance humaine et n'offensait par conséquent que la conscience des blancs ». Les avocats de Barbie se seraient posés en accusateurs, car les européens sont d'anciens colonisateurs : « Votre mémoire n'est pas la nôtre, c'est vous qui refusez de partager la terre avec d'autres peuples ; c'est vous qui, vous prenant pour le centre de l'univers, cherchez à remplir de votre seule existence, de votre seule race, le concept d'humanité et les archives de l'histoire... » Par exemple, M'bemba a souligné l'utilisation du travail forcé par la France pendant la construction du chemin de fer Congo-Océan dans son propre pays, ainsi que la répression violente par la France de la révolte de 1947 contre le régime colonial à Madagascar. Tout cela pour minimiser la responsabilité de Barbie et ses crimes pendant l'occupation allemande en France, et ainsi qu'ils apparaîtraient moins répréhensibles en comparaison.
Il est nécessaire de dissocier crimes contre l'humanité et crimes de guerre. Car les crimes de guerre sont prescrits en 1989, mais pas les crimes contre l'humanité. Par exemple, comment définir les crimes dont furent victimes
Jean Moulin, les autres acteurs de la résistance, et les juifs persécutés par les nazis ?
Il est impossible de mettre sur le même plan certains massacres : ceux des Khmers du régime de Pol Pot et ceux la Shoah. Ce que les avocats ont tenté de faire.
Bref,
Finkielkraut est partisan, c'est clair. Cependant, n'ayant aucun souvenir des débats que ce procès a suscités, je suis naïve quant à l'approche qu'en fait l'auteur. Néanmoins, le poids des témoignages des rescapés d'Izieu ou d'Auschwitz ont contrebalancé les plaidoiries à décharge pour Barbie et il fut condamné à perpète ! Heureusement. Sinon QUOI ?
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