Quelle apothéose grotesque: la tuberculose, maladie archaïque et qui néanmoins tue; ces pauvres vieux noms, sonores et «respectables», qui se vendent au poids... Tout cela est-il possible, n'est-ce pas un roman? Non, ce n'est pas un roman: c'est notre vie quotidienne - chemise en soie qui cache la saleté sous les aisselles -, ma vie rampante, enjolivée demain par une voiture neuve, ma vie telle que je la veux, ma vie heureuse, la superbe existence que je mérite, moi, queue basse et regard fourbe, à plat ventre devant l'étranger - qui nous baise, se moque de nous et, par-dessus le marché, nous inflige encore des leçons de morale. Nous seuls pourrions nous sauver - et décidément nous ne le voulons pas
Ceux qui nous dirigent, à force de prononcer avec emphase des phrases qui n'ont pas de sens, finissent par se les répéter à eux-mêmes, tous seuls; ils ne savent plus penser ni parler d'une autre façon, deviennent les prêtres du lieu commun, les robots du discours grandiloquent et inutile, de la morale vide.
Soudain, j'ai eu envie de pleurer. Mais les larmes sont une manière trop commode d'apaiser notre conscience, grâce à elles on se sent meilleur qu'on ne l'est... Si je devais consoler quelqu'un, ce ne serait pas moi. Je suis parti, les yeux secs, les lèvres serrées
N'y a-t-il que les idées qui comptent pour ces femmes?... Oublient-elles pas que les hommes, de chair et d'os, comme celui-là, sont la matière vivante, sanglante de l'histoire, laquelle n'est pas qu'un jeu d'interprétations, de déchiffrages, de prévisions?
Mais les idées dérangeantes ne s'en vont pas comme ça, simplement parce que nous nous essuyons au soleil et que nous tentons d'oublier, couchés sur la plage, que nous avons une conscience à la maison...