Les Héritières d'Emma Harte

En outre, il avait toujours estimé qu’une bâtisse palladienne, située dans un parc verdoyant, conçu à l’anglaise, offrait une vue magnifique. Il y voyait l’union parfaite entre le matériau et la nature. Il aimait la pureté des lignes, parce qu’il appréciait tout ce qui était classique ou issu de la Renaissance. William Kent, un disciple d’Inigo Jones, le maître du XVIIe siècle, avait conçu et fait bâtir Willow Hall environ deux cent soixante-quinze ans auparavant. Dusty en était tombé amoureux au premier regard, bien qu’il se fût énormément inquiété lorsqu’il avait constaté à quel point la maison avait été négligée. Les architectes qu’il avait consultés lui avaient certifié que les dégâts étaient superficiels, et que l’ensemble pourrait être restauré et retrouver son état originel, si l’on confiait le travail à des artisans d’art.

“Tout le monde a un prix et il ne s’agit pas toujours d’argent”. C’était exact. Il y avait en chaque être humain une sorte de faille, quelque chose qu’il voulait absolument préserver, à n’importe quel prix. Souvent, l’argent n’entrait d’ailleurs pas en ligne de compte.

Elle ne supportait pas les gens moroses, qui prédisaient des catastrophes imminentes d’un ton sinistre. Il était toujours en forme, chaleureux, optimiste, enthousiaste et prêt à saisir sa chance - sauf lorsqu’il s’agissait du mariage, bien entendu. C’était un sujet tabou, qu’il n’était pas question d’aborder.

Les gens qui éclatent de rire sans raison finissent avec la camisole de force. Surtout s’ils font du tintamarre au beau milieu d’un établissement très chic et très réputé, et attirent l’attention des clients.

Tant de fils à démêler, tant de révélations à accepter, tant de gens à connaître... Le chemin lui semblait sans fin et difficile. Elle s’inquiétait, ressassait tout cela pendant des heures.