Efficacement servie par des dessins simples, cette saga comics fait intervenir un grand nombre de personnages DC dans un combat épique entre deux ligues de justiciers. Au delà du plaisir enfantin à se voir affronter les super héros les plus connus, ce comics interroge intelligemment la question du pouvoir absolu et de son usage, ainsi que le rapport à la criminalité. Un comics qui a déjà atteins le statut d'oeuvre culte, ce qui à mon sens est justifié.
Un mot sur la genèse des bouquins, car ils en disent long sur l'évolution de l'industrie culturelle. A la base il y a un jeu vidéo de combat qui fait s'affronter plusieurs super-héros DC. Pour cela on imagine un univers alternatif où tous subissent le joug d'un Superman devenu dictateur. Pour assurer la promo, un comic book en plusieurs épisodes est publié (initialement appelé Injustice : Les dieux sont parmi nous) qui raconte comment Superman, manipulé par le Joker, tue sa femme Loïs. Fou de chagrin, il estime qu'il est temps d'imposer par la force un régime de paix… quitte à écraser sur son chemin tous ceux qui voient dans cette "dictature pleine de bonnes intentions" les prototypes d'un gouvernement fasciste mondial.
Le rythme est rapide, les personnages s'enchaînent, les rebondissements aussi mais l'histoire reste dense et cohérente. Personnellement je me suis régalé à la lecture de cette "Année Un" qui voit s'affronter les équipes de Batman et Superman, et leurs visions du monde respectives. Il y a plein de très bonnes trouvailles comme cette scène où Superman et Flash jouent aux échecs tout en débattant sur la nature du régime qu'ils sont en train d'instaurer, avec le nombre d'échecs et mat qui varie en fonction de qui prend l'ascendant dans les échanges verbaux.
Au delà des affrontements de héros, il y a cette réflexion sur la nature du job de justicier, les tendances fascistes qu'il y a à vouloir protéger les gens d'eux mêmes et le risque de dictature quand quelques hommes et femmes concentrent autant de pouvoir. Batman et les échanges avec son équipe illustrent aussi la complexité à mener la résistance sans reproduire à petite échelle les mêmes travers de concentration de pouvoir. On trouvera aussi, dans des réflexions sur les évolutions intimes des personnages, des exemples montrant comment un mec bien peut devenir un parfait salopard tout en croyant bien faire, parce qu'il est fou de chagrin.
Quelques scènes ratées néanmoins comme cette attaque géante de Kalibak qui tourne rapidement court. D'autres arcs auraient mérité d'être traités plus longuement, plus finement. Dans l'ensemble, disons que ça va parfois un peu trop vite.
Mais malgré ces quelques défauts, j'ai été happé par ce premier tome (qui réunit en vérité plusieurs parutions de plus petits comics books). Merci à
Urban Comics de publier ainsi des grands classiques à seulement 4,90 euros : ça permet de découvrir ou de redécouvrir des chouettes bébés sans se ruiner !