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EAN : 9782845450158
372 pages
Editions des Syrtes (23/06/2000)
3.71/5   17 notes
Résumé :
Que faire ? Les hommes nouveaux, est publié en 1863 alors que son auteur est emprisonné à Saint-Pétersbourg. Le roman se veut une réponse à Pères et Fils d'Ivan Tourgueniev, paru l'année précédente. Son héros, Rakhmetov, devient rapidement un emblème du matérialisme et du radicalisme russe.
Rakhmetov mène une vie d´ascète lui permettant de s'améliorer physiquement, intellectuellement et moralement, avant de se tourner vers la politique au bénéfice du peuple.... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Un bijou ! Nicolaï Tchernichevski possède une plume unique.
Lien : Https://www.livia-meinzolt.com
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Je ne conçois pas le repos hors de la solitude. Pour moi, être avec les autres, c'est déjà forcément m'occuper, travailler ou prendre du plaisir. Je ne me sens parfaitement à l'aise que lorsque je suis seul. Comment appeler cela? D'où cela vient-il? Chez certains, c'est dû à la dissimulation, chez d'autres à la timidité, d'autres encore, enclins à la mélancolie, s'isolent pour se plonger dans leurs réflexions, certaines personnes enfin éprouvent trop peu de sympathie pour leurs semblables pour souhaiter se joindre à eux. Rien de tout cela ne me paraît s'appliquer à moi. Je suis ouvert et franc, volontiers enjoué, et point du tout mélancolique. J'apprécie la compagnie des autres, mais leur présence est liée pour moi au travail ou au plaisir, deux choses qui doivent être suivies de repos, c'est-à-dire, pour moi, de solitude. Pour autant que je puisse le comprendre, cette particularité de mon caractère est due à mon amour de l'indépendance et de la liberté.
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La première période qui suivit sa transformation, il la passa presque entièrement à lire, mais cela ne dura guère qu'un peu plus de six mois. Quand il vit qu'il s'était constitué un système de pensée cohérent selon les principes qui lui semblaient justes, il se dit: "A présent la lecture devient secondaire, ce que j'ai lu me suffit pour la vie." il n'accorda plus désormais à la lecture que son temps libre, et il lui en restait peu. Mais il réussissait cependant à parfaire ses connaissances avec une rapidité étonnante: à vingt-deux ans, c'était déjà un homme d'une érudition remarquable. C'est qu'il s'était, là aussi, posé le principe suivant: rien de superflu, rien d'accessoire, de l'utile uniquement. Et qu'est ce qui était utile? " Sur chaque sujet, disait-il, on trouve fort peu d’œuvres capitales, tous les autres ouvrages ne font que répéter, délayer, gâter ce que ces œuvres, elles, présentent d'une manière infiniment plus complète et plus claire. Ce sont elles qu'il faut lire, toute autre lecture n'est qu'une perte de temps. Prenons, par exemple, la littérature russe. Je dis qu'il convient de lire, avant tout, Gogol. Si je prends de milliers d'autres romans, je constate aisément, en lisant cinq lignes prises sur cinq pages au hasard, que je n'y trouverai que du mauvais Gogol, pourquoi donc irai-je les lire? Il en va de même pour les sciences, où cette frontière est même plus nette. Si j'ai lu Adam Smith; Malthus, Ricardo et Mill, je connais l'alpha et l'oméga de cette branche de la science et il m'est inutile de m’intéresser à n'importe lequel des centaines d'économistes existants, le plus connu soi-t-il. En lisant cinq lignes prises sur cinq pages au hasard, je vois que je ne trouverai chez eux aucune idée neuve leur appartenant en propre, mais la répétition et la déformation des idées des autres. Je ne lis que des œuvres originales,jute autant qu'il m'est nécessaire de connaître cette originalité."
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Dans le travail comme dans le plaisir, les être humains sont entraînés ensemble par une force commune et irrésistible, plus puissante que toutes les particularités: dans le travail, c'est le calcul et le profit; dans le plaisir, les besoins de l'organisme, qui sont les mêmes pour tous. Il en va autrement pour le repos. Là, point de force commune effaçant toute particularité: le loisir est une chose beaucoup plus personnelle, la nature veut s'y exprimer pleinement, l'homme s'y individualise beaucoup plus et son caractère apparaît plus nettement qu'ailleurs dans le choix du délassement le plus doux et le plus agréable.
A cette occasion, les hommes se divisent en deux catégories principales: ceux qui appartiennent à la première préfèrent se reposer ou se distraire en la compagnie des autres. Tout le monde a besoin de solitude. Mais pour ces gens-là, elle doit être l'exception, la règle étant la vie en société. Ce groupe est numériquement beaucoup plus important que le second, dont les goûts sont opposés: ceux qui en font partie se sentent plus à l'aise dans la solitude qu'en société. Cette différence est même entérinée par l'opinion publique, qui la consacre par les expressions suivantes: "être sociable" ou "être renfermé". J'appartiens à la seconde catégorie, et elle à la première.
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A ces mots, le plus tranquillement du monde, il entra dans le bureau, tira de sa poche une belle tranche de jambon et un morceau de pain noir (le tout pesait environ quatre livres), s'assit, mangea ses provisions en s'efforçant de bien mastiquer, but la moitié d'une carafe d'eau, puis s'approcha des étagères et se mit à considérer s'il pouvait trouver une livre à lire. "Trop connu", "banal", "banal", "banal", "banal"... Ce "banal" s'appliquait à des ouvrages de Macaulay, Guizot, Thiers, Ranke, Gervinus. "Ah, ça, c'est bien", fit-il en lisant sur une tranche de plusieurs gros volumes Œuvres complètes de Newton. Il se mit à feuilleter rapidement les différents tomes, trouva enfin ce qu'il cherchait et prononça dans un sourire attendri: "Voilà, voilà. Observations on the Prophecies of Daniel and the Apocalypse of St. John. Oui, je n'avais pas jusqu'à présent de renseignements conséquents concernat cet aspect de la science. Newton a écrit ce commentaire sur son vieil âge, alors qu'il était moitié sain d'esprit, moitié dérangé. Un classique de l'action conjointe de la folie et de la raison. C'est une question d'un intérêt historique universel: on trouve le même mélange dans tous les événements sans exception, dans presque tous les livres, dans presque toutes les têtes. Mais nous en avons là, bien certainement, un exemple idéal: d'une part l'esprit le plus génial et le plus sain de tous ceux qui nous soient connus, de l'autre la folie qui l'atteint, une folie reconnue, indiscutable. C'est donc un livre capital dans sa partie. Les traits les plus infimes du phénomène général doivent s'y dessiner avec plus de netteté que nulle part ailleurs, et il ne fait aucun doute qu'il s'agit précisément du phénomène auquel appartient ce mélange de raison et de folie. Oui, ce livre mérite qu'on s'y arrête. Il se plongea avec une délectation studieuse dans la lecture de cet ouvrage que personne sans doute, sinon ses correcteurs, n'avait lu depuis cent ans: pour tout autre que Rakhmetov, lire ce livre ou manger du sable ou de la sciure, c'eût été pareil. Lui, il trouvait ça bon.
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Les personnes insuffisamment évoluées respectent fort peu l'inviolabilité du monde intérieur de leur prochain...Votre âme est une rue dans laquelle tout le monde regarde de sa fenêtre, non parce qu'on doit y voir quelque chose, non, on ne s'attend même pas à y voir quoi que ce soit d'utile ou de curieux, mais on a rien d'autre à faire. ça ne gène personne, pourquoi ne pas regarder? La rue, certes, cela ne la gène pas, mais l'homme n'éprouve pas grand plaisir à se faire ainsi importuner.
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