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EAN : 9782878580471
Viviane Hamy (13/10/1993)
4.14/5   7 notes
Résumé :
Toute l’intelligence, toute la tolérance d’Antal Novák, le professeur émérite, ne parviendront pas à résoudre le conflit qui l’oppose à sa fille, pas plus qu’ils ne vaincront le mutisme obstiné dans lequel s’est réfugié Vili Liszner.

Les certitudes se brisent, l’univers bascule…
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Une relecture attentive d'un roman d'un écrivain hongrois, parmi mes préférés, avec Magda Szabo...
Texte présent dans mes rayonnages depuis 1996, acquis au 16e Salon du Livre, Porte de Versailles !!..
Un roman complexe , mêlant des univers contradictoires, l'insolite et
l'Ordinaire: celui de la Science et de l'enseignement des mathématiques, de la chimie, de la Raison, de l'affectif , des émotions, mais aussi du surnaturel... avec , en prime, ...des séances de spiritisme et de tables tournantes...des dialogues entre les vivants et les morts !


" Lui, le cerf-volant l'excitait. Avant tout le nom, qui évoquait en lui l'idée
d'une bête à cornes, monstre volant,être mystérieux au souffle vénéneux,
porteur de mort. Des lambeaux de mythologie lui tourbillonnaient
dans la tête. (....)
Ajoutons à cela qu'avant la découverte du ballon, c'est avec un cerf-volant que l'on mesurait la vitesse du vent, la température de la couche supérieure de l'atmosphère...Le cerf-volant est un divertissement fort instructif. (...)
-Vous voyez ? conclut Novak. le jeu, c'est sérieux. Il symbolise toujours la vie." (p. 22-23)

Ce cerf-volant d'or, élément symboliquement fort de ce roman met en scène un professeur de mathématiques et de physique, passionné par la pédagogie et ses élèves, a par contre, fort à faire avec sa fille, Hilda, qu'il élève seul, sa jeune épouse étant décédée !
Hilda est rebelle, insaisissable, solitaire, tour à tour sauvage et enjôleuse...leurs rapports sont complexes, et en dents de scie...permanents

Un roman qui entrecroise de nombreuses thématiques dont la complexité des rapports humains, et d'autant, ceux , entre les adultes et les adolescents...la transmission, les éternels malentendus et cruautés entre les individus...jeunes ou vieux !
Un style foisonnant... avec un large éventail de tons et de couleurs, dont beaucoup de poésie, ombres et lumières , dont celle de l'amour pour la nature, qui apaise parfois les chagrins humains!
"Les buissons parlaient un langage humain, les arbres réfléchissaient avec des cerveaux humains, des coeurs humains battaient jusque dans les pierres. En tous lieux palpitait l'être humain portant ses désirs jusque dans la nature. "(p. 15)

Comme dans beaucoup de textes de cet écrivain... les existences paraissent banales, ordinaires, et le drame , la tragédie apparaissent, augmentent sournoisement, explosent...Il en est de même dans ce roman, où ce professeur de mathématiques, Antal, passionné par la matière qu'il enseigne, a quelques soucis avec un de ses élèves, Vili, complètement réfractaire, et hermétique, tant aux mathématiques qu'à la chimie... le professeur s'exaspère, insiste pour transmettre "son savoir", mais l'effet est contraire. Vili se bloque, prend en grippe son professeur... et la tension, l'hostilité vont aller crescendo... bien après l'épreuve du bachot, et de la fin
de sa scolarité... Ils vivent dans le même village et se croisent
quotidiennement !!
Un premier drame surviendra...un début d'apaisement... mais l'événement grave évoqué continuera à miner les deux parties: la victime et le
bourreau !!-- Je n'en dévoilerai pas plus !!

De l'insouciance de ce beau cerf-volant qui inaugure ce roman...les doutes, les déceptions, tensions s'accumulent dans la vie privée comme professionnelle de notre professeur, Antal, pourtant habité des meilleures intentions, d'une solide conscience morale, ainsi que d'une belle idée positive de l'enseignement... l'insouciance de la jeunesse fait place à sa cruauté, soit par indifférence , incompréhension...ou bêtise !

Roman complexe aux multiples facettes, questionnant les comportements humains dignes du meilleur comme du pire... tout cela dans des univers des plus ordinaires ! ... tout est abordé par Kosztolanyi: l'idéal de certains, leur bienveillance naturelle, comme la bêtise et le manque d'élévation intellectuelle d'autres..Cette banalité du mal, universelle, appartenant à tous les temps !!
j'achève ce billet avec difficulté, car il n'est pas aisé de rendre compte de ce texte polymorphe !...

Je le termine donc, par d'autres mots que les miens..ceux de la post-face de Eva Vingiano de Pina Martins, plus "parlants" :" Comme il est beau ce cerf-volant du premier mai, annonce du printemps, porte-parole de l'insouciance des lycéens, avec sa longue queue tressée scintillant
au soleil de toute sa dorure !... Mais il n'est pas porteur du même message pour tous : pour le professeur de sciences naturelles, par exemple, il illustre la vérité de la science, ce cerf-volant qui a révélé le principe de l'électricité. Et puis, il est inquiétant, avec le mystère étymologique du mot : monstre volant, en français "cerf qui vole" comme par enchantement, carrément dragon en hongrois mû par une force mythique, inconnu...
Emblème et titre de ce livre, il est présent à chaque page comme une enluminure dans la marge d'un livre médiéval. " (p. 371)

Lecture de qualité avec ce texte très fort , bouleversant...à découvrir, mais de préférence, en période de solide moral !!...

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https://www.babelio.com/livres/Kosztolnyi-Drame-au-vestiaire/1139024/critiques/1885983

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Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
Le coup de feu claqua.
Posté derrière le coureur au bout d'une ligne tracée à la chaux, un lycéen tenait dressé le canon du pistolet et fixait les petits nuages de fumée qui tardaient à se disperser dans le ciel matinal.
Dès l'apparition de la flamme, un deuxième garçon avait mis en route le chronomètre. Il n'avait pu toutefois s'empêcher de crier :
– Vas-y !
Vili courait déjà.
Le départ avait été impeccable. D'un bond de panthère, net et sans à-coups, il s'était élevé au-dessus du sol, et quelques secondes plus tard il était déjà lancé à toute vitesse vers la ligne d'arrivée.
(Incipit)
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Novak resta au salon, debout, en proie à une sensation désagréable. Le fait de s'être ainsi emporté, d'avoir même eu recours au châtiment corporel, le remplissait d'une honte inexprimable. Lui, qui méprisait par-dessus tout le ton de la caserne, les manières de caporal des pédagogues de l'ancienne école...jusqu'alors il n'avait jamais puni sa fille par la colère, et même s'il avait été sévère avec elle, il avait gardé sa dignité. (p. 124)
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Ajoutons à cela qu'avant la découverte du ballon, c'est avec un cerf-volant que l'on mesurait la vitesse du vent, la température de la couche supérieure de l'atmosphère...Le cerf-volant est un divertissement fort instructif. (...)
-Vous voyez ? conclut Novak. Le jeu, c'est sérieux. Il symbolise toujours la vie. (p. 23)
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Il devait le croire son ennemi, parce qu'il était ami de la science...Quelle méprise ! Mais il fallait l'assumer : la vie n'est faite que de méprises empilées les unes sur les autres...(p. 205)
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Les buissons parlaient un langage humain, les arbres réfléchissaient avec des cerveaux humains, des coeurs humains battaient jusque dans les pierres. En tous lieux palpitait l'être humain portant ses désirs jusque dans la nature. (p. 15)
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Dezso Kosztolanyi. Anna la douce.
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