Ce roman est l'irrémédiable, l'irréductible et l'irréversible dérive d'un "écrivaillon" (C'est ainsi que se présente Saul
Karoo, l'anti-héros du livre).
Que d'ire ! de cette colère envers soi, qui meuble son quotidien, naît un délire perpétuel semblant l'entraîner dans une inexorable montée vers un suicide à petit feu. Je me détruis, donc je suis, telle est la marque de fabrique de ce Saul
Karoo, "retoucheur", pour un producteur d'Hollywood, de scénarios ratés, de films mal montés, d'histoires déglinguées. Jusqu'au jour où son commanditaire veut lui faire tripatouiller l'oeuvre ultime et magnifique d'un des derniers grands réalisateurs du cinéma américain...
Que dire de plus de ce roman prodigieux ? Sinon que
Karoo, l'artiste en raccommodage de fictions, se découvre soudainement une vocation pour réécrire le réel, pour réorienter ainsi l'existence d'un fils trop longtemps ignoré, pour relancer la carrière balbutiante d'une actrice trop souvent coupée au montage, pour s'inventer un destin tout neuf après quelques décennies de naufrage.
On ne révélera pas ici pourquoi son fils lui semble soudain digne d'intérêt, ni pourquoi il veut jouer un rôle de Pygmalion envers l'actrice...
Que dire de mieux que : lisez sans plus attendre le roman de
Steve Tesich. Vous serez surpris, bouleversé, amusé, ému, par cette anti-épopée qui dit beaucoup sur la difficulté de conduire sa vie à sa guise.