Les sept roses de Haakon Hald

Les sept roses d'Haakon Hald publié en 1947 par Harald Thaulow nous transporte en Norvège dans une époque révolue, celle où les prémisses de la société de consommation se dessinent et permettent aux privilégiés de goûter aux joies du progrès en jouissant de nouvelles libertés.

Le narrateur, un self made man  qui a mal tourné et retrouvé les plaisirs simples de la vie, livre ses confessions au Préfet de Police sous la forme d'un journal, non pas le journal d'un fou (quoique) mais le journal d'un homme qui arrivé au bout de sa course, ressent le besoin d'éclaircir et mettre à plat certains moments de sa vie afin de faire éclater la vérité.
« Ce manuscrit sera déposé, sous enveloppe cachetée à la caisse d'Epargne de Risör et ne vous sera envoyé qu'après ma mort. »

Pourquoi après sa mort ? Je vous le dit de suite car la cause en est révélée dans l'incipit : il avoue avoir tué deux hommes et précipité celle d'un troisième ! Et cela entre 1924 et 1927.

Un journal qui s'écoule sur une période d'un an (débutant le 12 septembre 1939 pour s'achever le 12 septembre 1940) alors qu'il s'est retiré à Cap Gris sur la côte entre barques et filets en compagnie de deux personnes qui l'entourent dans cet havre de paix : « ses gens » comme il dit, Reinert et Nora.
Son manuscrit relate quant à lui une période partant de 1901, le début de son ascension sociale jusqu'à sa faillite et sa chute  dans les années 30.
Un journal constitué de flash-backs, de souvenirs et de réflexion du moment.
Après avoir vaillamment trimé, monté sa propre Agence de pompes funèbres, connu l'amour, la paternité, la gloire, notre héros va être victime d'un complot monté par des concurrents l'acculant à se retrouver sur la paille, et subir une grande fracture familiale et sentimentale l'entraînant dans une profonde dépression.
Il perdra pied et tout contrôle sur sa vie : dépressif, il inaugurera le Section des affections mentales, nouveau service de l'hôpital d'Ulleval où après un traitement à l'opium il ressortira requinqué.

Harald Thaulow dans ce roman s'inspire et se nourrit de sa vie professionnelle pour témoigner d'une époque charnière où l'économie s'ouvrait à de nouveaux horizons grâce à la toute récente indépendance politique de la Norvège. Ainsi il se sert de son héros pour symboliser cet esprit d'initiative et d'entreprise et s' il le nomme Haakon c'est sûrement pour faire un petit clin d'oeil à Haakon VII ( nouveau roi plébiscité en 1905) symbolisant l'accession à la pleine indépendance du pays .
Quant à la compagne de Haakon Hald, Barbro, elle porte déjà en elle les germes du féminisme et donc les caractéristiques des premières féministes.

J'ai apprécié dans ce roman l'authenticité et la sincérité qui en émanent et être plongée dans une période de l'histoire où tout peut se tenter, où la nouveauté procure beaucoup de joies en cette époque riche de découvertes et d'ouverture.

Il semble que le lecteur assiste à un petit règlement de compte personnel de l'auteur. En effet, esprit novateur, après un séjour en Amérique dans les années 1910 et de retour an Norvège, il se lança dans la publicité avec succès mais fût mal accueilli par ses colégionnaires qui lui mirent des bâtons dans les roses ...Oups dans les roues!
Dans le récit la réussite de Haakan Hald sera mal vu et qualifié d'arrivisme.

Un sacré bonhomme à découvrir !
Harald Thaulow est aussi connu pour ses livres d'horticulture et de gastronomie.
Les sept roses d'Haakon Hald une petit bijou déniché chez un bouquiniste.