Toi qui pâlis au nom de Vancouver
I
Toi qui pâlis au nom de Vancouver,
Tu n'as pourtant fait qu'un banal voyage;
Tu n'as pas vu les grands perroquets verts,
Les fleuves indigo ni les sauvages.
Tu t'embarquas à bord de maints steamers
Dont par malheur pas un ne fit naufrage
Sans grand éclat tu servis sous Stürmer,
Pour déserter tu fus toujours trop sage.
Mais il suffit à ton orgueil chagrin
D'avoir été ce soldat pérégrin
Sur le trottoir des villes inconnues,
Et, seul, un soir, dans un bar de Broadway,
D'avoir aimé les grâces Greenaway
D'une Allemande aux mains savamment nues.
DOUANE I
À partir du trente septembre de la vie,
Les routes du sommeil en mer sont contrôlées.
Une douane d'ombre a son lougre en vigie
Sur le parcours douteux qui va d'une heure à l'aube.
Dès l'avant-zone à partir du premier octobre,
Les barges du sommeil seront arraisonnées.
Le cœur, ce léger choc d'arrêt ? Non ; c'est dehors
Qu'un sourd canon de semonce et d'ombre a tiré.
Le fond-plat du sommeil a talonné l'atoll,
Peut-être, les polypiers des extrasystoles ?
Non. C'est le stop de la quarantaine. On est entré
Dans les eaux terriblement territoriales.