L'enfant roman

À travers ce livre, « Prix Handi-livres 2015 du meilleur roman », Fabienne THOMAS nous renvoie à notre regard sur la différence. de sa plume riche et magique elle nous fait entrer de plain-pied dans la tourmente d'un jeune couple confronté à celle-ci. « Quand l'enfant paraît » c'est toujours un bouleversement mais dans la vie de violette et Baptiste, jeune couple à peine sorti de l'adolescent, c'est un raz-de-marée car l'enfant désiré, espéré n'est pas parfait. le handicap s'est invité au sein de cette toute nouvelle famille et va tout envahir et dévaster jusqu'au plus profond de ces jeunes parents. Nous découvrons un quotidien qui ne l'est pas et dont on peine à se représenter les aptitudes presque surhumaines qu'il demande, et puis, surtout, on suit passionnément les bouleversements et l'évolution du regard de Violette tout en effleurant ceux de Baptiste.
Le roman se ferme mais les vies continuent, pas des vies ordinaires, des vies où l'intelligence du coeur s'est dévoilée et épanouie.

Violette la discrète, la timide embrasse Cachou, sa poupée qu'elle range dans un tiroir.

Désormais, Violette rêve d'un bébé parfait aux grands yeux rieurs, copie conforme de la jolie poupée de son enfance.
Violette et Baptiste, Baptiste et violette, réunis dans l'attente de cet enfant à naître qu'ils ont tant désiré.

Mais une petite fille va bousculer l'ordre des choses. Et pour cause. Ce bébé ne ressemble pas à celui des magazines, ni des publicités, ni ceux rencontrés lors de promenades dans le jardin public dans la chaleur feutrée d'un berceau, celui qu'ils ont imaginé comme étant le plus beau bébé du monde.

Clara abimée, cassée, ne correspond en rien à cette image. Aussi Violette ne supporte pas la vue de son enfant qui n'entre pas dans les normes, ni les pleurs incessants de sa fille qui la rendent folle. Quelque chose ne va pas, elle le pressentait même depuis les premiers temps de sa grossesse.
Les spécialistes sont unanimes, la sentence tombe comme un couperet. Tragédie, mauvais d'un coup du sort : Clara ne marchera pas, ne parlera pas, ne sera jamais autonome. le mot Handicap terrifie Violette. Elle ne veut pas de cet être minuscule qui ne sourit pas, ne sait pas se tenir et pleure à n'en plus finir.

Mais le malheur et le chagrin, nourris de colère et de douleur peuvent parfois réveiller le champ des possibles après une longue averse de larmes. Et c'est à ce moment que la magie opère à tel point que l'on ne sait plus qui de Clara ou Violette fera grandir L'autre.

L'enfant roman de Fabienne Thomas est terriblement bouleversant, mais emprunt d'une telle grâce qu'il ne tombe pas dans le pathos. L'auteure a su choisir les mots justes et aborde avec délicatesse et réalisme le douloureux sujet du handicap, de la différence, de ce que peut endurer une mère, les regards, la peur du jugement et parfois même des propos chuchotés qui vous transpercent comme un coup de poignard dans le coeur.

Un magnifique message d'amour et d'espoir puisé aux tréfonds des entrailles d'une mère à bout de souffle tantôt défaillante, tantôt guerrière pour son enfant différent.
Magnifique !

Fabienne Thomas nous propose une histoire sur la différence. L'enfant roman raconte Violette et Baptiste, jeune couple amoureux, qui accueille son premier enfant, l'enfant désiré, l'enfant rêvé, les projets d'une famille, d'un foyer aimant, ordinaire. Ce sont les souhaits, les espoirs, les rêves qu'a faits Violette lorsqu'elle était enfant.

Mais lorsque l'enfant naît, la réalité bouscule les rêves et les projets des jeunes parents : la petite Clara arrive au monde différente des autres bébés, elle est handicapée.

C'est alors l'écroulement des fondations du jeune foyer, de la famille en construction. Chacun vit l'épreuve à sa façon, avec ses forces et ses faiblesses. Baptiste est un papa courage, il se bat et il apporte beaucoup de soutien, il rétablit le calme lorsque la tempête fait rage.Violette est plongée dans la détresse, elle va beaucoup souffrir tout au long du chemin qui l'emmène vers le deuil de l'enfant idéal, parfait. Leur chemin, on le suit avec compassion, empathie, l'on voudrait les soutenir, leur envoyer des forces pour affronter cette difficile épreuve.

Il faudra du temps, le temps nécessaire à la reconstruction pour que doucement, la jeune maman aille puiser tout au fond d'elle les ressources qui lui permettront d'apprivoiser la différence, d'aller à la rencontre de sa petite Clara, enfant extra-ordinaire, petite fée capable de comprendre tellement… sans les mots. Les parents et l'enfant construisent peu à peu un autre langage, né de l'amour immense, ils surmontent et se relèvent ensemble. Et la vie reprend ses droits.

Le texte se déroule, raconté par une plume infiniment délicate et sensible. C'est l'histoire d'une rencontre difficile puis la découverte que l'épreuve peut aussi apporter sa récompense. La différence est belle, mais par définition, en dehors de nos normes, elle nous fait peur d'abord.

Ce texte est un hymne à l'amour, il résonne, vibre comme une invitation à partager, à réfléchir sur les valeurs qui sont les nôtres.

Le titre du livre est particulièrement beau : l'enfant qui ne parle presque pas, qui ne saura pas écrire, inspire les mots, les phrases, le texte, tisse tout un roman et tellement plus encore…

Un immense merci à Babelio et aux Editions Passiflore.

Récit d'une mère, Violette, dont la fille Clara souffre d'une retard cérébral important. Dès sa naissance, Violette savait, sentait que Clara était différente : pleurs, cris, violence, manque de tonicité, tout était différent de ce que l'on peut imaginer d'un enfant.
La narratrice (roman autobiographique ??) retrace le parcours de cette mère, de ce couple, de cette enfant : sentiments, incompréhension, isolement, différence, ressenti et sensibilité de chacun, etc.... de la naissance de Clara jusqu'à son adolescence et au début de sa vie d'adulte, de l'arrivée de sa soeur Louise.
Roman d'une rare sensibilité, les mots sont dits, posés, les sentiments expliqués aux différentes étapes du développement de cette enfant, sans fards, parfois violents comme le sont parfois les jours, les nuits. Mais aussi les moments (rares) de tendresse, de perception de cette fillette qui ressent instinctivement parfois certaines situations.
Beau témoignage (je pense que je le qualifierais ainsi) d'un parcours d'une vie quand le handicap arrive, qu'on se trouve démunie et parfois incomprise, sur le présent, l'avenir, sur les liens et la vie qui est là, malgré tout.
Poignant.

Fabienne Thomas, L'enfant roman - 2013 - ⭐️⭐️⭐️⭐️

Paru chez Folio en 2018, cette écriture elliptique donne place aux lecteurs comme le voulait Fabienne Thomas. le silence qu'on y rencontre rencontre le nôtre et toute notre émotion devant les attentes de jeunes parents vis à vis leur enfant, l'espoir brisé aussi et l'espoir qui, de ses cendres, renaît. Qui sait, ce que les autres, dans leur particularité, peuvent nous apprendre. C'est le chemin de Violette, de Baptiste et de leur petite Clara, si différente et pourtant si belle. C'est un livre où l'émotion affleure pour peu qu'on soit sensible à la détresse d'une naissance qui ne réalise pas ses promesses de départ mais nous amène à découvrir d'autres choses, d'autres façons de voir. le ton est juste, l'émotion palpable. On est, comme jamais, complice des doutes et des angoisses d'une mère que je ne pensais pas vivre de si près un jour ! Un livre à découvrir !

Mon résumé :
Violette et Baptiste sont jeunes et amoureux. Alors, quoi de plus naturel que de vivre ensemble et d'avoir un bébé ?
Mais voilà, la petite Clara qui pointe le bout de son nez n'est pas un bébé comme les autres. Elle ne s'intéresse pas à ce qui se passe autour d'elle. Elle semble en perpétuelle colère, comme si elle débattait dans un univers hostile. Dès le début, Violette l'a senti dans son coeur de mère. Au quotidien, elle l'a vu. Pourtant le diagnostic fait mal. Assené avec la violence d'un coup de poing, il laisse Violette, Baptiste, le couple et la petite famille exsangue ? Violette se sent coupable d'avoir mis au monde une enfant « inachevée ». Baptiste ne sait comment faire pour gérer sa douleur, ses questions et son couple.
Même différente, sans langage, Clara est avant tout un être d'amour. Et c'est sa force ! Et elle va embellir la vie de la famille…

Mon avis :
Devenir mère change la vie, c'est un poncif. Cela amène à se poser des questions… ça aussi c'est connu.
Que dire lorsque le nourrisson qui pointe son nez, l'enfant sur lequel on avait fantasmé, pour lequel on a fait les rêves les plus fous est « différent » ?
Je ne peux pas vous mentir : lire ce livre ne laisse pas indemne. C'est un tourbillon de questions qui va naitre sous votre crâne, dans votre coeur.
Il interroge sur l'accompagnement des mères, des pères, des couples qui accueillent ces enfants pas comme les autres. Il interroge sur les « pronostiques » qui sont fait par les médecins ou par certains professionnels ( en moi résonnent les mots émus d'une mère qui, à l'issue de la réunion de synthèse où on a parlé stage en ESAT, a dit « et dire que quand le diagnostic d'autisme avec déficience a été posé le médecin m'a dit « qu'elle resterait un poids pour sa famille jusqu'à ses 40 ans » »( la mistinguette en question a maintenant un projet professionnel en ESAT, est de plus en plus autonome et progresse ( pas que scolairement) chaque jour depuis que je la connais))
Il interroge donc sur le poids des mots que l'on utilise pour parler de ces enfants « différents ».
Mais différent de quoi ? de la norme qui veut que l'on parle à tel âge, que l'on connaisse le théorème de Pythagore à tel autre, qu'on se comporte de telle ou telle façon dans la société ?
Différent dans sa façon d'appréhender le monde ? de vivre sa relation à l'autre, au monde ?
Le problème de la déficience intellectuelle, de ces handicaps non visibles réside justement dans leur « invisibilité ». Pas possible pour le quidam de se préparer à la rencontre de cet autre (enfant ou adulte) qui ne communique pas par le langage oral, qui ne vous regarde pas quand vous lui parlez, qui ne connait pas et donc ne respectent pas vos codes.
Mais pour le vivre chaque jour, quel bonheur. Tout n'est pas rose, facile mais quelle richesse dans ces échanges sans faux-semblants, sans calcul social, ou vous ne pouvez pas faire autrement que de déposer les armes et de vous ouvrir à l'autre.
On se sent plus fragile pendant l'échange, mais on en ressort plus fort, enrichi (et avec de multiples questions).
Car c'est aussi une rencontre (et un livre), qui vous interroge : quelle place fait-on à l'autre dans la relation ?
De façon plus générale, quelle place la société fait-elle à ces enfants, à ces adultes ? Leur laisse-t-on vraiment le droit, la possibilité de nous montrer de quoi ils sont capables ? Pourquoi se sentir menacé par la différence au point de vouloir modeler l'autre pour qu'il nous ressemble ? Pourquoi ne pas les laisser simplement être eux-mêmes et les accueillir tels qu'ils sont, en nous adaptant, nous ?
Et pourquoi priver les enfants « ordinaires » de ces rencontres si enrichissantes ?
Oui ce livre remue, les questions de Violette sur son rôle auprès de Clara sont douloureuses, lancinantes. Mais quelle belle déclaration d'amour !!!
Et puis ce livre évoque (mais pas assez à mon goût) aussi de la suite, de ce qui se passe quand le petit bébé différent grandit, devient un ado et un adulte. Il aborde juste en quelques mots, la difficulté, pour les parents, de voir cet enfant que l'on a porté, accompagné plus et plus longtemps que les autres, prendre son envol, avoir une vie à lui hors cette famille cocon…
Un livre à lire par chacun, à prêter. Un point de vue important pour les personnes ( de la famille ou non) qui travaillent, côtoient chaque jour des enfants, des ados, des adultes différents et leurs familles.
Lien : https://lireetrelire.blogspo..

Je crois que je reconnaîtrais cette écriture à l'aveugle, une poésie, une musique des mots qui magnifient cette plongée au coeur du malheur.
Tout cet espace enfin possible pour dire le sensible, l'essentiel et l'intime de la vie de quelqu'un. Des vies que l'on résume en trois mots et dont jamais personne ne saura ce qu'ils représentent.
Un livre pour le dire, pour le donner à vivre, à éprouver, pour partager ce que chacun a pris l'habitude de garder pour soi et qui demeure caché. Dans une société où il n'y a pas d'espaces d'expression du sensible, de transmission de l'essentiel, de célébration des vertus de l'échange et du dialogue. C'est là, la force de ce texte, donner à entendre la douleur, l'épreuve et la difficulté ; à force de beauté. Des phrases joyaux, épure et ciselure à la fois.
Merci

Christine

Roman très touchant ! Emotion garantie à chaque page ! le sujet est délicat : il s'agit de raconter la découverte du handicap d'un enfant et le choc que cela représente pour les parents, principalement pour la mère : les doutes, les interrogations avant le diagnostic, l'ambivalence des sentiments envers ce bébé « extra-ordinaire », l'évolution des émotions.
Ce livre est à la fois poignant et tout en délicatesse, percutant et doux. J'ai trouvé l'écriture remarquable et assez originale ! Gros coup de coeur en ce qui me concerne !

Baptiste et Violette s'aiment et s'installent, à l'aube de leur vie d'adulte, en couple. Assez vite, sans être tout à fait programmé, le premier bébé s'annonce. Son arrivée va tout chambouler et le jeune couple va devoir affronter à la fois le bouleversement de l'arrivée d'un bébé et le tsunami de l'annonce du handicap moteur et cérébral de cet enfant. Leur petite Clara est une énigme et va leur demander beaucoup, mais aussi leur en apprendre encore plus sur l'humanité.

Cette histoire, elle me paraissait tellement réelle que j'avais l'impression que l'auteure avait vécu ça. Je vais même laisser planer un mystère sur ce que raconte l'histoire car j'ai été un peu prise au dépourvu en lisant le synopsis, et puis, en lisant réellement le livre. Je ne m'attendais pas à ça.



J'ai remarqué la biographie de l'auteure et j'ai lu qu'elle était sensible à cette question. Cela se ressent au fil des pages, j'ai pu ressentir chaque question que se pose Violette. Il y a une question qui me chiffonne, j'ai toujours l'impression que tout tourne autour de Violette mais l'auteur met Baptiste dans le rôle de l'Homme, le mec que ça touche mais qui raisonne mieux qu'une mère, j'aurais aimé avoir un Baptiste un peu plus sensible, peut être pas un homme fleur bleu mais j'ai aussi l'impression que l'auteur n'a pas fait ça intentionnellement.



Il n'y a pas non plus le "suivi" des autres personnes: les grands-parents, la petite soeur (quand elle grandit).



J'aurais aimé un peu plus de développement mais j'ai quand même peur que si il y avait eu un plus grand développement, on serait tombé dans du pathos.
Lien : http://sayyadina.over-blog.c..

Je ne savais pas que ce livre avait eu le prix "handi-livres" lorsque je l'ai commencé, je n'avais donc que peu d'infos sur le contenu. Je venais juste moi-même d'accoucher et c'est la raison pour laquelle je l'avais choisi.
L'enfant-roman est une lecture bouleversante autant dans la description de cette période unique de la grossesse et de la maternité mais aussi une évocation hors pair de la naissance du lien et de l'attachement, de ce renversement où l'on passe de la peur à la fierté.
Dans un style simple et précis, l'autrice nous embarque avec Violette dans la plus touchante des relations.