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Jean-Christophe Salaün (Traducteur)
EAN : 9791094936153
104 pages
Les Éditions Bleu & Jaune (06/05/2021)
3.5/5   30 notes
Résumé :
Dans son petit appartement au centre de Reykjavík, une veuve de 78 ans contemple le monde à travers le double vitrage. Isolée et vulnérable, elle n'a pas d'autres perspectives que la solitude et la mort. Mais un miracle se produit : un homme lui déclare sa flamme. Son existence se remplit de joie et d'espoir, tout comme de doutes et de craintes. Ont-ils le droit de s'aimer dans un monde qui tourne en dérision les dernières amours ? Trouveront-ils le courage d'aller ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (17) Voir plus Ajouter une critique
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Trois automnes et un printemps pour s'immerger dans l'univers de l'héroïne de Double vitrage et de son auteure Halldora Thoroddsen .
Des automnes successifs pour appréhender la vie, l'histoire et le monde d'une septuagénaire au crépuscule de sa vie.
Des saisons oubliées mais d'autres récurrentes à l'image des souvenirs de sa mémoire sélective qui permettent de se glisser avec subtilité dans son quotidien rythmé par de nombreux rituels.


Une narration qui se déroule dans un triptyque automnal où le lecteur apprend à côtoyer à travers ses confidences cette belle dame, une esthète et amoureuse de la littérature islandaise, une érudite d'une autre époque, qui essaie malgré les années qui s'égrènent, les altérations inéluctables et les écueils de la vieillesse, de contrôler son parcours de vie et qui prudemment ouvre sa porte et son coeur pour une dernière fugue amoureuse.


Double vitrage, une femme à sa fenêtre qui ne se retrouve plus dans le monde d'aujourd'hui, qui observe d'un oeil acéré ses contemporains à travers les ravages de la crise islandaise et les mutations de la société: le consumérisme, la surexploitation des images, la vitesse de l'information ...
Une femme à sa fenêtre que ni le temps, ni la vie n'a apprivoisé.
Une femme libre, libérée qui revendique son identité et ses choix comme les jeunes mères célibataires solidaires qu'elle observe avec bienveillance dans les rues de Reykjavik.


Double vitrage un texte empreint de poésie qui traite de l'isolement, de la solitude des personnes âgées, de leur besoin de partage, de comment se libérer d'une vie en différé sans pour autant faire voler son monde en éclat afin de construire une vie commune avec celui ou celle que l'on a choisi comme un dernier printemps à l'orée du grand voyage.

Un très beau portrait de femme, une histoire d'amour dans le grande cycle de la vie juste et émouvant.

Merci à Halldora Thoroddsen qui par le biais de son héroïne évoque tout en sensibilité et délicatesse les affres et les difficultés de la vieillesse et qui grâce à la trame et la construction narratives nous fait toucher au plus près sa sphère intime.

Une auteure à découvrir qui laisse, j'ai l'impression avec Double vitrage, un testament littéraire auto-fictif.
Halldora Thoroddsen, écrivaine et poétesse, est décédée le 21 juillet 2020.
Double vitrage (Tvöfalt gler) publié en 2015 a remporté le prix de littérature féminine islandais Fjöruverðlaunin en 2016 et le Prix de littérature de l'Union européenne en 2017.
Un grand merci à Jean-Christophe Salaün pour la traduction.
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« Double vitrage » de l'islandaise Halldora Thoroddsen me fait penser à « Nos âmes la nuit » de l'américain Kent Haruf. Plus triste et inéluctable, c'est vrai, mais tout aussi élégant et poétique. Il traite en effet du thème délicat de la vieillesse, de l'isolement et de la solitude mais aussi de l'amour qu'éprouvent les personnes âgées.

Dans une société, il me semble que la façon de considérer les animaux, les enfants et nos ainés en disent long sur qui nous sommes et sur notre devenir. Sur notre humanité. Ce genre de livre est pour moi nécessaire car il permet d'appréhender la vieillesse comme il se doit, avec beauté et dignité, en appréhendant chaque personne dans son unicité et sa singularité, et non dans un grand tout souvent dénommé avec condescendance « les vieux ».

Nous suivons ainsi les pensées d'une veuve de 78 ans qui vit seule dans son appartement de Rekjavik. Elle observe la vie citadine derrière les fenêtres de son appartement. Nous partageons avec elle ses observations, ses souvenirs, tout en découvrant sa personnalité dans son unicité et ses caractéristiques particulières, par exemple sa façon à elle d'être toujours au seuil, très sensible, toujours à vouloir vivre à la fois dehors et dedans, d'être une et multiple à la fois. Nous découvrons peu à peu une esthète, une amoureuse des lettres islandaises, une femme empathique, qui tente, malgré les écueils de la vieillesse, de toujours bien s'apprêter, de bien se nourrir, et de mettre de la rigueur dans sa vie en tenant un carnet dans lequel elle « inscrit les jours du bain, les repas, les rendez-vous, répertorie les incidents, les morts ».
La trame narrative est intéressante car nous sommes au plus près de l'intimité de cette dame, nous percevons avec pudeur et douceur les affres et les angoisses de la vieillesse. J'ai aimé ces pensées en italique qu'on devine glanées ça et là qui viennent ainsi, sans prévenir, dans le livre … « Que lui veulent-ils, ces rayons gris qui strient le ciel ? ».

Les pensées de cette dame n'en restent pas moins riches, elle fait preuve d'une curiosité d'esprit et d'un désir de comprendre qui forcent l'admiration, témoin de l'évolution du monde actuel avec lequel elle se sent néanmoins en décalage : elle nous raconte son étonnement face à la surconsommation, la surinformation, face aux dégâts provoqués par un capitalisme débridé, et surtout face à la crise de 2008 qui a provoqué la ruine de l'Islande. Elle, elle a besoin de paix, de calme, de temps pour se concentrer et atteindre le coeur des choses.

Elle ouvre la porte de son appartement cependant pour rencontrer certains membres d'un club pour personnes âgées, devenus pour certains des ami.e.s, et elle ose ouvrir son coeur à Sverrir. Pour une dernière passion amoureuse. Bien sûr, elle hésite tout d'abord, partagée entre la peur de faire voler son monde en éclats et sa peur de la léthargie. Envahie de questions aussi : « Qu'est-ce que Sverrir peut bien voir en elle ? Que cherche-t-il ? Son corps est un nid abandonné. À son âge, ni le rang ni la dot ne suffisent à cacher les défauts du produit. Supportera-t-il ses proches ? Lui laissera-t-il suffisamment d'espace ? Osera-t-il affronter le dragon ? Les trois épreuves ».

L'amour finit par vaincre. Si ingouvernable. « La seule chose qui ne se soucie guère de l'âge est l'amour, il colore l'existence tout entière, même si les couleurs changent au fil du temps ». Je les imagine en teintes pastel, ces couleurs pour ce joli couple là, des couleurs tendres et délicates. En couple, si naturellement, de nouveau, les gestes de complicité viennent avec évidence et aisance, caresses légères formant une enveloppe autour d'eux. le port d'attache de tous les amoureux du monde. Et peu importe les jugements des autres, proches, amis, société.

Ce livre, assez sombre car sans concession, m'a laissée l'âme en peine, mais quelques rayons horizontaux de soleil ont eu le pouvoir d'illuminer certains grains de poussière, devenus alors éclats de diamant éphémères.

Un grand merci à @mesrives à qui je dois cette lecture !
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Derrière les fenêtres de son appartement du centre de Reykjavik, une femme âgée contemple le monde dont les échos lui parviennent comme assourdis. Si son cocon la protège de toute la violence dont elle entend parler, il la soustrait aussi à cette vie du dehors qu'elle contemple comme on regarderait un film ou un tableau. Un chat qui passe, la vie des gens dans les immeubles autour, un homme qui court, des enfants qui jouent. Elle ne fait plus vraiment partie de ce monde et pourtant, elle sort encore un peu pour voir les quelques amis qui lui restent, ceux qui ne sont pas encore morts, se rend au club pour discuter avec Magga, Stefan, va certains soirs au pub boire un verre de gin… Et puis, son frère, ses enfants sont là, ils lui rendent visite, elle n'est pas seule.
Et pourtant...
Dans le fond, se dit-elle, elle a toujours vécu « à la lisière », « au seuil ». Elle est bien chez elle, dans cet appartement où tout lui est cher. Elle écoute les informations, serait prête à descendre dans la rue manifester s'il le fallait… Dans le silence qui est le sien, elle écoute le flux de ses pensées, se laisse porter là où sa conscience l'entraîne, souvent dans le passé…
Mais qui est-il celui qui la regarde et qui semble vouloir se rapprocher d'elle ?
« - Quel âge avez-vous ? demande-t-elle.
- Soixante-quinze ans. Si vous voulez le bilan complet : mon audition n'est pas mauvaise, sauf lorsqu'il y a beaucoup de monde, mes yeux me sont encore utiles et mes genoux sont en piteux état, je marche avec une canne, comme vous avez pu le constater.
- Et l'odorat ?
- Acceptable, merci. Et vous, qu'est-ce qu'il vous reste ?
- L'odorat est devenu plus subjectif avec l'âge, il m'envoie constamment des parfums de ma jeunesse. J'ai probablement cessé de sentir le présent. Je ne suis pas apte à juger le toucher et le goût, je n'en ai pas suffisamment fait l'expérience. »
Elle rencontre Sverrir. Un amour est-il encore possible ? À 78 ans ?
« La seule chose qui ne se soucie guère de l'âge est l'amour, il colore l'existence tout entière, même si les couleurs changent au fil du temps. »
Et si cette relation allait transformer la narratrice ? Si, de celle qui voit, elle devenait celle qui est, par ce monde et dans ce monde qu'elle a tant contemplé sans jamais oser en être vraiment ?
Un texte poétique, intime et délicat qui ne cherche pas à idéaliser la vieillesse ni à masquer les souffrances du corps et les errances de l'âme. Avec beaucoup de pudeur, les mots nous permettent de suivre les pensées d'une femme sensible et perméable au monde. Ces mots nous disent aussi que tout est possible, à tout âge, aussi bien la vie que l'amour. Et c'est tellement beau...
Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
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Un très court roman ou une longue nouvelle, il ne fait pas grand-chose pour faire une très belle histoire.

L'auteure aborde avec merveille la vieillesse et le temps qui passe mais surtout l'amour. Quand sommes-nous trop vieux pour tomber amoureux ? Voilà la question que pose Halldóra Thoroddsen avec Double vitrage.

Notre héroïne, une veuve de 78 ans va vivre un amour inattendu qui lui donne la légèreté des plus belles années. Mais l'amour chez les seniors reste un sujet tabou et mal vu et pas seulement en Iceland.

C'est un bel hommage à la vie, même si elle n'est pas parfaite et à l'amour de toute une vie. Jamais triste mais plutôt mélancolique, cette vieille dame regarde passer le temps par les fenêtres de son appartement avec en bruit de fond la radio allumée, le cliquetis des aiguilles à tricoter mais surtout son esprit clair regardant toujours vers l'avenir.

Lien : https://missmolko1.blogspot...
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Double Vitrage de l'Islandaise Halldora Thoroddsen est un roman court, surprenant et banal à la fois. le personnage principal du livre, une veuve de 78 ans observe le monde derrière sa fenêtre et voit défiler les saisons et les gens.

Ce sont ses observations, ses pensées souvent aiguisées, ses souvenirs, ses dialogues imaginaires avec son mari décédé et ses quelques rencontres avec des amis qui se raréfient que nous raconte la vieille dame. Soudain, se profile la perspective d'un nouveau compagnonnage qui jette un rayon de lumière sur un horizon jusque-là un peu étroit.

J'ai beaucoup aimé ce roman sensible, au style direct et élégant, et où sont disséminées en italiques entre les paragraphes une ligne d'observations d'un spectateur extérieur, comme des notes jetées sur un carnet. Ces observations ravivent le texte, lui donnent de petits éclats de vie à droite et à gauche, par exemple : ‘Démontrant une totale désinvolture, elle enfile sa robe rouge' ou ‘Eclate de rire ne se souvient plus pourquoi' ou encore ‘Cruelles ténèbres hivernales, c'est tout juste si ça vaut la peine de se réveiller'. On a alors une nouvelle perspective sur le personnage, c'est habile.

Un joli roman, délicat, sur la vieillesse, l'espoir, l'amour encore possible et la solitude à laquelle d'ailleurs elle ne pensait plus comme à une ennemie « La solitude finit toutefois par lui donner un rôle aussi précieux qu'unique. Celui de voir. » C'est là tout le sel de ce roman.

Je compte bien poursuivre ma découverte de la collection Fiction Europe des éditions Jaune et Bleu qui permettent à des auteurs de pays de l'union européenne d'être traduits et publiés en français. En France l'anglais représente 64% des titres traduits, puis viennent le japonais, l'allemand, l'italien et l'espagnol. Cela laisse peu de place aux auteurs provenant d'autres pays européens. J'aime aussi beaucoup la présentation de leurs livres, le visuel, le papier, le marque-page intégré, un objet de qualité. A tout hasard, je précise que je n'ai pas d'actions ou autres intérêts financiers chez cet éditeur.
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Ses joues s’empourprent et une sorte d’impatience exaltée s’empare d’elle, difficile à localiser, mais qui semble souvent se manifester dans sa cage thoracique. Ils sont inséparables. S’ennuient, balaient une poussière imaginaire l’un de l’autre. Leurs caresses légères à toute heure de la journée et de la nuit forment une enveloppe autour d’eux, et c’est à l’intérieur de cette enveloppe que se situe leur port d’attache. Poreuse, elle les protège des caprices de la météo en leur laissant toujours une issue.
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Les amours des vieux ne sont pas les amours saines du mariage dont l’objectif est de peupler la Terre. Elles ne répondent pas non plus aux critères esthétiques, ni à la célébration des plaisirs de la chair dans l’esprit des gens, elles sont au contraire repoussantes lorsque la vieillesse transparente est impliquée. Même l’imagination devient timide à l’idée des corps secs et froissés de vieilles personnes se sautant l’une sur l’autre avec l’aide de lubrifiant. Le sexe est la seule chose qui leur vient à l’esprit, possédés comme ils le sont par cette unique vision des rapports humains. Les héritiers tremblent de nervosité. Les vieux amoureux ont parfois tendance à dépenser leur argent dans des délices futiles et à oublier leur rôle suprême dans la bataille pour la survie de leurs gènes.
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« Toujours la même histoire, un garçon rencontre une fille. Est-ce là tout ce que nous savons faire ? Le dénommé troisième âge ne propose-t-il pas une autre forme de participation ? Une autre forme d’amour ? On n’attend tout de même pas de nous qu’on façonne un petit nid douillet si près de la fin. Tomber amoureux maintenant, c’est un soin palliatif de misère. Prétendre que la vie bat son plein, qu’on est au sommet de son existence. Ce sommet que tout le monde est censé avoir envie d’atteindre. De son côté, elle n’aimerait pas rajeunir. Elle en a vu, des vieux qui voulaient revenir à leurs grands jours. Qui faisaient semblant, même au prix d’un effort surhumain. Les éclats de rire pour tromper la mort… et la mort, dans toute sa stupidité, est censée penser : attendez une seconde, je me suis trompée d’adresse… tout le monde est en train de s’amuser, ici. »
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Elle se sent soudain suivie. Elle accélère le pas, lorsque quelqu’un s’empare brusquement d’elle. Elle lui tend son sac, il n’en a rien à faire. C’est donc le fameux violeur qu’elle avait toujours craint. Le prédateur dont les jeunes filles doivent se méfier dans cette jungle stylisée. La menace invisible qui avait si longtemps restreint sa liberté de mouvement. Il la pousse brutalement contre un mur, pose les yeux sur son visage parcheminé et se fige. Il ne s’était pas attendu à cela. Il lui assène un coup de poing à la mâchoire et prend la fuite. Malgré le choc et la douleur, elle sent poindre en elle un sentiment de liberté. Elle est hors jeu. N’est plus de la partie. Décide de s’acheter une canne.
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Elle s’appliquait à faire fructifier chaque instant. À remplir chaque jour de sens et de chant. À éloigner le désespoir et la torpeur. Ce n’était pas rien pour une petite femme. Pendant un moment, elle s’était mise à respirer pour tout son entourage, estimait que c’était son devoir. Jusqu’à perdre le souffle, et alors elle mourut quelque temps, sans en souffler mot à qui que ce soit. Arrêta tout, mais – surprise, surprise – personne ne remarqua son décès. La vie avait poursuivi son cours habituel.
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